Par Dom Imonk, textes et photos
Hier c’était la dernière soirée au Tapa l’œil. Séquence émotion après tous les beaux moments que nous y avons vécus ! Gilles Rose a toujours su recevoir, avec force gourmandises, tapas et petits plats, délicatement accompagnés de vins délicieux et autres bières artisanales. Ses photos superbes qui décoraient les lieux, et son sourire aimable et accueillant, ont aussi rendu l’endroit très attachant. Mais on le retiendra également (et surtout ?) pour le soutien indéfectible qu’il a toujours apporté aux musiciens de jazz, et en particulier à cette jeune génération, qui l’a très vite passionné, formée au Conservatoire tout proche. Hier soir donc, c’est un trio fort pointu qui en deux sets d’un jazz un soupçon électrifié, a tourné avec ferveur les dernières pages de ce beau livre pas tape à l’œil pour deux sous ! Thomas Gaucher (guitare) et Thomas Galvan (batterie), invitaient pour l’occasion Julian Smith, contrebassiste natif de Chicago, formé au Berklee College of Music, et basé à Brooklyn. L’ami américain, qui nous confiait qu’à New York, ce n’est pas moins de 10 gigs par semaine qu’il assure ! Une vie de fou, mais tel est le flow à la Grosse Pomme, et ça s’est vite senti dans son jeu magnifique et inventif, fait de pleins et de déliés, d’enjambées rythmiques, entrecoupées de tâtonnements savants et irrésistibles.
Thomas Gaucher avait pour l’occasion sorti son imposant rack d’effets, et en particulier un petit boitier « Hog » qui lui donne un son « midifié » du meilleur effet, un peu à la manière d’un Metheny, mais en plus sobre et immédiat, déjà utilisé à la dernière jam du Starfish Pub. Son jeu a impressionné, par la richesse naturelle de son discours, comme si chacune de ses phrases devait être la dernière. Le fait d’avoir débuté le premier set par le bouleversant « Strange Meeting » de Bill Frisell (il fallait aller le dégoter ce thème !) a d’entrée mis les pendules à l’heure du futur. Et troisième larron de l’équipée, un Thomas Galvan particulièrement réfléchi et inspiré, en mode « force tranquille », avec un set de batterie minimal, d’éclairs de cymbales aux scintillements maitrisés en effleurements de balais caressant subtilement les peaux, il nous a lui aussi fait son festival, avec la grâce discrète de l’excellent batteur de jazz qu’il est devenu.
En invité surprise, Ludo Guichard de passage est venu lui aussi taquiner la six cordes. Le trio a ainsi parcouru à sa façon l’histoire du jazz, avec une humeur moderne, développant généreusement des thèmes repris de Bill Evans, d’Horace Silver et autres Dizzy Gillespie, et rendant fier hommage à l’hôte de ces lieux qui le mérite bien.
On aura une pensée émue pour tous les autres musiciens qui se sont souvent succédés ici, en de multiples concerts : Félix Robin, Louis Laville, Paolo Chatet, Jonathan Bergeron, Jérôme Mascotto et Robin Jolivet de Robin & The Wood, Alexis Cadeillan, Martin Arnoux, Nico Girardi, Alexandre Aguilera, Mathieu Calzan, Eddie Dhaini, Laure Sanchez, Gaston Pose et tant d’autres ! Pardon à celles et ceux que j’oublie surement ! Encore un grand merci à tous et à Gilles Rose, des bises & see you next time !
Dom Imonk, avec Irène et Alain Piarou, juste de retour de la Nouvelle Orléans, qui n’auraient voulu louper ça pour rien au monde !
Love & Peace !
Par Dom Imonk, texte et photos.