par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat

FIP en région c’est fini !

Ca y est, cette fois c’est terminé, le couperet est tombé vendredi lors d’une réunion au siège de Radio France à Paris où tous les personnels de FIP et donc nos amies bordelaises étaient conviés. Les antennes des trois locales rescapées des différents tours de vis passés – il y a eu jusqu’à douze – c’est à dire Bordeaux/Arcachon, Nantes et Strasbourg ferment le 30 juin 2020 au soir. Tout se fera depuis Paris. Pour ceux qui écoutent d’une oreille distraite peu de changement apparent, la bande musicale restant identique et espérons le de qualité, même si ces derniers temps elle a évolué et se révèle parfois surprenante, les chanteurs à auto tune y faisant leur entrée…

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Des changements il va pourtant y en avoir. Déjà les infos à « moins 10 » c’est terminé, dehors la rédaction ! Mais le pire c’est que toutes les informations culturelles locales, celles qui nous réveillent pour aller prendre notre billet ou cocher notre calendrier, disparaissent elles aussi. Le tissu culturel local, là-bas en haut on s’en moque, on vise le monde avec la web radio, on en a plein la bouche, on ne s’adresse pas au pékin moyen de province. Mépris de classe, mépris tout court pour les organisateurs de terrain, souvent des associations de bénévoles comme Action Jazz par exemple, mépris pour les artistes, mépris pour le public, mépris pour l’humain. On gère en comptable, on fait des économies, on est sérieux, on a des comptes à rendre braves gens. Et ne parlons même pas des jeux et des places ou CD à gagner…

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Quant au personnel, on lui dit d’aller voir ailleurs dès le 1er juillet prochain. A Bordeaux elles sont sept : Françoise la coordinatrice, les animatrices d’antenne titulaires, Isabelle, Muriel, Sophie et Suzanne et deux intermittentes « permanentes » Elodie et Stéphanie ainsi donc dans une situation pas si légale que ça depuis des années… Pour ces deux dernières ce sera facile de se débarrasser d’elles, pour les autres la direction compte sur des départs volontaires, les survivantes étant expédiées à France Bleue comme déléguées musicales. Elles même ne savent pas ce que cela signifie et d’ailleurs aucune n’est volontaire pour partir. Quant à leur adaptation à France Bleue elles devront oublier leur belle culture musicale fipienne pour s’adapter à la bande musicale bien différente imposée par Paris depuis des années à ceux qu’ils prennent un peu pour des ploucs de province.

Nos amies Fipettes vont donc souffrir jusqu’au 30 juin 2020, essayant de garder leur voix douce et sensuelle à l’antenne, ces voix mystérieuses qui donnent envie de les rencontrer, étrangement et heureusement épargnées d’un procès en sexisme. Elles vont nous manquer elles si actives, si proches et tellement attachées à la vie culturelle locale. Alors puisque bientôt comme vous ne les entendrez plus, et avec leur accord, Action Jazz a décidé de vous révéler leur visage, car derrière ces voix il y a des femmes, certaines présentes à la radio avec assiduité et passion depuis des années. Ces femmes on les traite comme quantité négligeable, comme dans beaucoup d’endroits me direz-vous où les DRH les RH sévissent, le mot ressources étant à leur yeux bien plus important que l’adjectif humaines

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de g à d : Stéphanie, Suzanne, Sophie, Isabelle, Muriel, Elodie et Françoise

 

La macdonaldisation de la culture est en marche sous des prétextes d’économie bidon – FIP c’est 1,4 du budget de Radio France –  mais soyons fiers, FIP devient une radio mondiale !

Merci les filles !

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PS : les photos ont été prises il y a quelques mois alors qu’un léger espoir régnait, d’où les sourires encore présents sur les visages…

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