Par Robert Latxague, photos Jean Claude Kitten

Tonnerre de Jazz, l’Atelier du Neez, Jurançon (64110) le 8 novembre 2019

Naïssam Jalal (fl, voc, perc), Leonardo Montana (p), Claude Tchamitchian (b)

Tonnerre de Jazz poursuit son chemin de décryptage du jazz dans tous ses états. Dans l’agglomération et bientôt dans la ville même de Pau après des années d’effort et d’encerclement de la ville de naissance du bon roi Henri de la part d’une association auto déclarée “nomade” par nécessité. À Jurançon, cité d’un vin blanc soyeux, le trio de Naïssam Jalal, bien entourée de Leonardo Montana et Claude Tchamitchian, a offert un concert de bon cru.

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Elle bénéficie bien sûr d’un atout voix, mélodie aux accents d’orient qui se ballade le long de ses cordes vocales à l’image du son de sa flûte entre grave et aiguë en ignorant la limite des intervalles (centi)métrées de l’occident. Pourtant à l’écouter annoncer ses morceaux c’est la nature du discours de Naïssam Jalal que l’on retient. Phrases simples, senties mâtinées tout à la fois de douceur, de grâce mais de fermeté aussi. Mots qui parlent. Mots pour convaincre.

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Ce trio fonctionne bel et bien sur le collectif. Mélopée douce voyageant sur le souffle à peine matérialisé du nay, tube de roseau (Al lei) ou du métal comme chauffé tandis que les cordes de la  basse claquent, avec ce relief particulier de la plus fine apte à « friser » au bout des notes aiguës (Le chant des nuages, L’âme des voyageurs) L’intérêt dans ce trio réside notamment dans la distribution des rôles. Chaque musicien(ne), chacun des instruments choisi dans le moment nourrit, enrichit le propos musical. Accords (piano) facteur de nuances puis de couleurs prononcées) ou séquences très rythmiques (basse) en annonce d’échappées libres en mode de chorus peuvent s’inverser, se mélanger. Avec ou sans l’appel de la flûte, le piano de Leonardo Montana   se fait créateur de nuances puis de couleurs entre rondeurs et accents de fermeté. Les trois instruments utilisés ensemble à but de percussion en mode d’intensité maxi s’imposent alors dans une ample séquence,  les membres du trio se regardent, se sourient comme apaisés sur la voix claire de Naïssam.

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Un voyage entre jazz et musique du monde qui justifie amplement que « Quest of the invisible » ait été récompensé aux Victoires du jazz 2019, comme le « disque inclassable de l’année ».

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