Duo Mel Gaynor (Simple Minds) et Stephan DeReine

De la pop au jazz fusion

par Philippe Desmond

Le Grand Café du Lac, Libourne le 23 mai 2024.

Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de rencontrer un musicien international entré dans la légende de la pop et du rock. Et le jazz alors ? Attendez un peu. Le nom de Mel Gaynor ne vous dit peut-être rien, pourtant vous l’avez forcément entendu, ou mieux écouté, comme batteur du groupe « Simple Minds, ou avec Elton John, Tina Turner (dans « Simply the Best » c’est lui) , Peter Gabriel, The Pretenders, Lou Reed, Robert Palmer… Pas mal comme CV. Et alors, le jazz ? On va y venir.

Ce soir il n’est pas dans un stade devant 10000 personnes, ni dans un salle bondée, il joue en duo dans un restaurant, à Libourne, au bord du lac des Dagueys, le Grand Café du Lac, un établissement magnifique que la météo épouvantable nous empêche d’apprécier à sa juste valeur ; on se gèle sur la terrasse. Mel est donc en duo avec Stephan DeReine, un claviériste certes de la région mais qui a lui aussi une arrière internationale et éclectique. Membre du groupe de soul Imagination, il a joué avec Stevie Wonder, tourne de temps en temps avec Billy Cobham, a joué avec les musiciens de Prince, Jamiroquai, Michael Jackson et a même produit récemment le spectacle « Rocky Story World Tour », une adaptation symphonique et rock des BO des films. Il y joue aussi avec Mel Gaynor. Stephan et Mel sont devenus amis et en 2006 ils ont sorti l’album « The Fusion Project » avec Yves Carbonne à la basse, du jazz fusion – nous y voilà – cette musique qui a révélé le jazz au batteur dans sa jeunesse. Leur deuxième album « Anamorphosis » va d’ailleurs bientôt sortir.

Playlist animation ce soir vu l’endroit, une bonne partie du public étant aussi venue pour voir le batteur de Simple Minds. Un titre de Simple Minds justement pour commencer puis au gré de leurs envies, pas de set list préparée, Police, Otis Redding avec une version du « Dock of the Bay » qui part en impro folle très jazz fusion, « Imagine », deux titres du Fusion Project et pour terminer les grands tubes de Simple Minds « Alive and Kicking » et le légendaire « Don’t You » que tout le monde attendait. Des groupes de reprises il y en a beaucoup mais quand on a la chance d’avoir un membre original c’est autre chose. Très grand batteur que ce Mel Gaynor, typé plus rock que jazz, mais capable aussi de nuances, me rappelant parfois Billy Cobham. Quant à StephanDe Reine il domine son clavier tout en chantant et ambiançant le public, un showman. Beaucoup d’impros dans leurs adaptations, la touche jazz donc.

https://melgaynor.com/

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https://www.grandcafedulaclibourne.com/

Interview de Mel Gaynor

A ‘issue du concert j’ai pu m’entretenir quelques minutes avec Mel Gaynor.

Action Jazz : Mel, you play pop but you love jazz

Mel Gaynor : oui, le jazz fusion a été mon premier amour musical, avec le funk,. J’ai grandi dans un environnement de jazz, avec mon père

AJ : il jouait de la musique ?

MG : oui, il était trompettiste, il adorait Miles Davis et il écoutait aussi bien Buddy Rich que Weather Report. Et donc avec Stephan j’ai une autre facette de mon activité avec The Fusion project.

AJ : j’ai lu que vous adoriez le Mahavishnu Orchestra et j’ai peut-être une idée d’un de vos batteur favori

MG : oui Billy Cobham, c’est un très bon ami maintenant. Il a eu 80 ans la semaine dernière justement.

AJ : un autre projet en jazz, un autre album ?

MG : oui , on a enregistré un nouvel album, « Anamorphosis » , il va sortir chez Marquee Records, peut-être le mois prochain. On va tourner un peu avec ce répertoire cet été.

AJ : qui sont les musiciens ?

MG : Stephan aux claviers , Nicolas Baudino au saxophone, Alvin Mills à la basse et moi. En tournée Stephan et moi auront d’autres musiciens.

AJ : des concerts cet été ?

MG : avec la sortie bientôt on a malheureusement « raté » l’été qui arrive , les temps sont durs aussi. Mais l’année prochaine on aura pas mal de festivals. Cet été on jouera à Londres, à Dubaï.

AJ : est-il difficile de trouver sa place dans le jazz quand on aussi célèbre dans la pop ?

MG : ce sont deux façons différentes de jouer et c’est en effet un peu dur de mettre le jazz en avant

AJ : un des problèmes du jazz c’est le vieillissement du public, c’est dur d’attirer un public plus jeune.

MG : il y en a quand même, avec des groupes de fusion comme Snarky Puppy, avec l’introduction du hip-hop dans le jazz.

AJ : merci Mel !