par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Vendredi 12 mars 2021.
Je suis toujours un peu mal à l’aise quand je dois parler d’un spectacle dont vous êtes privés pour le moment réservé uniquement aux professionnels, ce dernier substantif ne correspondant pas du tout à notre statut de bénévoles pour Action Jazz. Disons que nous sommes des amateurs qui essaient de faire les choses le plus professionnellement possible. Et donc nous étions hier au Pôle culturel Ev@sion d’Ambarès avec une réelle émotion et cette étrange impression d’être hors la loi, pour un concert de sortie de résidence de la chanteuse percussionniste Ceïba qui tient son nom d’un genre d’arbres qui prend racine dans les régions tropicales, en Afrique, aux Antilles, aux Caraïbes, exactement là où elle va nous entraîner en musique.
Ne vous inquiétez-pas ce spectacle vous pourrez le voir dans quelques mois, soyons confiants, d’ailleurs il n’est pas tout à fait prêt nous a dit Ceïba à la fin, à notre grand étonnement tant il est déjà bien abouti.
Avec Ceïba on sait qu’on va voyager, c’est ce qu’on a fait hier mais on a aussi voyagé dans sa tête, ses nouvelles chansons en français en disant beaucoup sur elle. « Tambour Battant » est le nom de ce projet, habile façon d’associer sa façon de vivre et ces tambours qu’elle aime tant. Elle nous raconte ainsi son premier tambour/premier amour, son compagnon de route depuis plus de vingt ans quand elle a découvert sa passion pour les percussions et la musique.
Le spectacle est bâti autour de ces tambours, les congas, batas de Cuba, cajons, ka… D’ailleurs ses musiciens ont aussi dû s’y mettre. Yori Moy (guitare), Félix Lacoste (guitare, basse) et Stéphane Desplat (batterie, percus) ont mis la main à la peau pour des passages entièrement de percussions, rendant le spectacle très vivant.
Ceïba est toujours aussi solaire, sa voix chaude, son corps ondulant quand elle danse, ses prouesses aux percussions. Où est le jazz là-dedans vont me dire certains ? Il est dans la sève de ces musiques, y ayant souvent ses racines, il est dans les chorus de Yori, de la vraie fusion, il est dans les rythmes aussi complexes que communicatifs. Cette musique voyageuse ne s’embarrasse pas de frontières, de passeports.
Nous sommes là, une trentaine de spectateurs dans cette salle Didier Lockwood qui pourrait en contenir deux-cent-cinquante, distanciés, masqués, gélifiés et malgré tout emportés l’espace de ce concert, une évasion comme le lieu le revendique. Ce que nous voyons est le fruit d’un très gros travail, pas vraiment essentiel pourtant pour certains, les détails sont soignés, les musiciens sortis de leur confort comme évoqué plus haut, n’est ce pas Yori qui a dû en plus se mettre à la danse.
Les îles, Martinique, Guadeloupe, Cuba, Réunion et même Ré, l’Afrique sont évoqués, chantés, joués. La vie, le monde, ses menaces, ses injustices traversent les textes , mais le soleil souvent évoqué, la lumière nous redonne de l’énergie pour tenir. Les chœurs sont très présents répondant aux percussions, Tiana Razafindramanitra et Coline Guillemin viendront les renforcer et les éclairer à plusieurs reprises, Tiana qui a pourtant beaucoup de métier, m’avouant qu’elle se sentait comme une débutante sur scène après (pendant) tous ces longs mois de disette.
A la fin du spectacle je me rendrai compte que j’ai pris un bon coup de soleil et je n’ai même pas la trace du masque ! Merci Ceïba et cie.
Bravo et merci à la ville d’Ambarès pour avoir permis à ce projet de se réaliser sur scène produit par Kiéki (la PermaCulture Musicale) avec le soutien de l’OARA, de l’IDDAC, du Solima Creuse et du Rocher de Palmer. La Culture souffre mais continue de vivre grâce à certains, essentielle.
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