« Grappelli my love » – D.Abeijon / E.Dhaini / A.Gody

par Philippe Desmond

Médiathèque Jacques-Ellul, Pessac le 7 décembre 2025.

David Abeijon (violon), Eddie Dhaini (guitare) et Aurélien Gody (contrebasse)

Le nom de Stéphane Grappelli a tendance à s’effacer et ce « Grappelli my love » est le bienvenu pour rappeler l’importance qu’a pu avoir le violoniste – et pianiste – depuis le début des années 30 et la création du Quintette du Hot Club de France avec Django Reinhardt, jusqu’aux années 80 et son trio, Marc Fosset à la guitare et Jean-Philippe Viret à la contrebasse. Il a aussi collaboré avec Bill Coleman, Oscar Peterson, Jean-Luc Ponty, Michel Petrucciani, Philip Catherine… et même Pink Floyd !

Né en 1908 il est mort à presque 90 ans le 1er décembre 1997. J’ai eu la chance de le voir en concert avec son trio ; c’était début 1980 à Palaiseau, plus précisément à l’Ecole Polytechnique ; j’ai ainsi été admis à cette grande école, le temps d’un concert…

Dans le cadre des concerts du mois c’est donc cette fois du jazz qui nous est offert en cette fin de matinée ; offert oui car l’entrée est gratuite.

C’est justement la période du trio Grappelli/Fosset/Viret à laquelle le concert fait référence, celle où, totalement émancipé de son passé swing manouche, il a affirmé son propre style fait de fougue virtuose et de tendresse. Depuis, personne n’a vraiment joué à sa manière si ce n’est… David Abeijon.

Car pour une claque c’est une bonne qu’on a prise en cette fin de matinée ! Une telle virtuosité, une telle justesse, un tel swing, tout cela avec une aisance apparente de ce violoniste dont ce n’est pas le métier principal, c’est tout bonnement ahurissant. Porté par la rythmique impeccable de la contrebasse d’Aurelien Gody et celle agrémentée de beaux chorus de la guitare par Eddie Dhaini, David Abeijon nous a réincarné musicalement le grand Stéphane Grappelli.

« Honeysuckle Rose » qui débute de façon câline puis se met à swinguer « , « Flamingo  » avec une pensée à Michel Petrucciani, tout en émotion, un chaleureux »Lady be good », un  » Let’s fall in love » guilleret, le nostalgique « Do you know what it means to miss New Orleans », même le très ancien « Making Whoopee » que Grappelli avait repris avec Oscar Peterson, voilà un aperçu de ce que ce trio souriant – ce n’est pas si courant – nous a offert.

Avec des arrangements mettant chacun en valeur, des fins de morceaux ciselées, le trio a subjugué une salle bondée.

Éternel « Misty » que je traduirais davantage ici par vaporeux plutôt que brumeux, pour conclure cet hommage à Stéphane Grappelli, qui on l’espère va séduire les programmateurs par sa musicalité parfaite et sa logistique légère.

Merci à la Médiathèque de Pessac de nous avoir offert ce concert ; et oui en plus c’était gratuit !

Setlist :
-All God’s Chillun Got Rhythm
-Walkin’ My Baby Back Home
-Honeysuckle Rose
-Flamingo
-Lady Be Good
-Do You Know What It Means To Miss New Orleans
-Let’s fall in love
-Making Whoopee
-You’d Be So Nice To Come Home To
-Misty
bis : Shine