par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Théâtre des Beaux-Arts, Bordeaux le 15 janvier 2021.
Aujourd’hui nous retournons au théâtre des Beaux-Arts où Fred Dupin développe un nouveau projet imaginé par le trompettiste Mathieu Tarot. Ils en ont des idées, et en plus dans des domaines très larges et ils préparent la reprise tant attendue.
Après l’effeuillage burlesque, le ciné-jazz, la magie, voilà du funk ! Ce funk que l’on entend à New Orleans, loin de l’image traditionnelle du lieu que s’en font beaucoup. Musique festive, chaude, rythmée qui invite à bouger à danser tout en restant acoustique.
Pas une fanfare, mais pas loin, pas un quartet de jazz mais presque, des musiciens qui donnent du plaisir tout simplement. Formation à quatre qui peut aussi bien jouer de façon statique que déambuler tel un second-line. Citons les : Fred Dupin (Sousaphone ou soubassophone ce nom à lui tout seul décrivant les basses profondes qu’il délivre),
Cyril Dubayl-Dubilé (trombone) ,
Mathieu Tarot (trompette et bugle),
Julien Lavie (batterie ou simple caisse claire en déambulation). Le nom du groupe « Cheeky Brass », les Cuivres Insolents, tout un programme.
Ce type de formation permet des choix de répertoires très variés, ici c’est bien sûr le cas. On trouve d’abord des compositions originales dont le « Blue Discord » de Cyril Dubayl-Dubilé, un funk délivré sur un rythme faussement nonchalant avec un groove qui vous oblige à balancer. Nous avons assisté au travail sur ce morceau et que ceux qui croient que les musiciens sont d’agréables dilettantes, viennent assister à de telles répétitions. Quelle minutie de la préparation, toujours un détail à reprendre, souvent qui nous échappe, on refait quatre fois le titre avant qu’il soit – presque – parfait du point de vue du compositeur pointilleux.
Pareil pour le grand standard « You don’t know what love is », la ballade indispensable à tout répertoire. Le reste est très varié, puisant dans les œuvres de Donald Byrd, de Roy Hargrove, notamment de son superbe album « Earfood » et plus insolite d’Alain Caron le bassiste d’Uzeb avec son album « Call me Al ». Et bien d’autres choses à découvrir.
La trompette et le trombone dialoguent, improvisent la rythmique assurant la pulsation. Irrésistible ce contraste entre la sécheresse des frappes de batterie et la rondeur des bââââsses du sousaphone. Autre caractéristique de ce type de formation, les breaks , on les attend, on les sent arriver, on les déguste. Et ça repart !
Des fourmis dans les jambes on commence tous à en avoir, on est en manque, vivement que le Cheeky Brass déboule qu’on puisse enfin se lâcher !
Bonus : impossible de ne pas vous faire profiter du délicieux moment qui a succédé à cette répétition, l’enregistrement d’une vidéo du spectacle évoqué dans l’article du 9 janvier, un duo entre Fred Dupin à la trompette et l’effeuilleuse burlesque Miss Georgette.