Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Rocher de palmer, vendredi 30 avril 2021

Après le jazz puis son escapade vers les rythmes cubains de « Qué volà » le tromboniste et compositeur Fidel Fourneyron remonte encore vers les racines africaines, aux toutes premières sources du jazz. Le jazz est le fruit de migrations, d’Europe et surtout d’Afrique, ces dernières  forcées bien sûr, organisées, planifiées, migrations qui continuent, moins forcées mais pourtant souvent vitales, moins organisées quoi que, certains se chargeant d’en faire leur beurre. Fidel a saisi ce thème des migrations pour ce nouveau projet avec des musiciens différents à l’exception du contrebassiste Thibaud Soulas. Avec eux Emma Lamadji au chant, Clément Janinet au violon, Vassilena Serafimova au marimba et aux percussions une surprise, Mélissa et Ophélia Hié du groupe Benkadi bien connu des habitués du Rocher de Palmer.

Mélissa

Ophélia

 

Fidel a composé la musique d’un nouveau répertoire d’une douzaine de titres (un est de Blick Bassy) s’entourant d’auteurs pour les textes (en Français, en « Afro », en Créole) , les morceaux étant presque tous des chansons.

Emma

Le travail a commencé lors d’une résidence à Coutances, la ville de Jazz sous les pommiers dans la Manche, qui aide Fidel Fourneyron et lui a commandé trois créations. Celle-ci est la première.

Les voilà donc pendant quatre jours dans la salle 1200, tellement vide, au Rocher de Palmer ce lieu de création, Patrick Duval et son équipe soutenant inlassablement le spectacle vivant. Comme ce lieu multi-activités est précieux !

Fidel

Assister au travail de création est toujours une expérience enrichissante, voir évoluer un titre comme un enfant à qui on apprend à marcher, les hésitations, les chutes et tout à coup la liberté. Nous n’allons voir grandir que trois titres, tout d’abord une bien belle chanson, émouvante, la voix d’Emma faisant passer une réelle émotion, même au bout de la cinq ou sixième fois de ce travail de déchiffrage, la mélodie nous restant dans la tête. Musicalement le mélange des instruments européens, trombone, violon, contrebasse avec les autres plus exotiques pour nous, marimba, tambours africains, balafons, crée un climat singulier. La contrebasse et les percussions tiennent vraiment la structure de la musique sur laquelle se développe harmonies et mélodies.

Thibaud

Plus tard deux autres titres vont se mettre debout, le premier d’un tempo plus nerveux où le violon se fait kora grâce à quelques effets, où le trombone nous ramène à ce qu’on appelle le jazz, le marimba ajoutant son timbre chaud et coloré.

Vassilena

Sur scène le travail est sérieux, précis, les détails sont soignés, on revient en arrière, on modifie, tout cela ponctué de rires. Quel plaisir de faire un travail qu’on aime !

Voilà Wassilena qui rejoint Ophélia et Mélissa aux percussions, c’est elles qui commandent sur ce titre, aux autres de se faire de la place. Ils y arrivent très bien, les unissons entre la voix d’Emma et le trombone de Fidel étant tout simplement étonnants. Musiques riches, paroles tout autant, voilà une belle création.

Clément

Nous les laissons, ils ont encore du boulot, d’ailleurs demain 1er mai ils travailleront quand même. Pour ceux qui en douteraient encore, musicien c’est un vrai métier.

En principe ce beau projet est prévu sur scène à partir de fin août, notamment au Rocher, et un album est envisagé, on vous tiendra bien sûr au courant.

Bonus : nous ferons un moment une escapade dans la salle 650 voisine pour le filage d’un autre groupe en résidence Opsa Dehëli un groupe de jeunes bordelais qui mêle rythmes des Balkans à la musique latino ou antillaise. Ca barde drôlement sur scène avec ces 12 musiciens, une musique énergique et tellement festive. Ne les ratez pas cet été ils ont quelques dates pour vous faire danser.

Opsa Dehëli