Danse : atelier Afro-Jazz de Tempo Jazz

avec Marie-Hélène Plassan et Ewa Tohinnou

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat et PhD

Tous les lundis soir dans la salle de danse de l’espace Bel-Air du Haillan, résonne le son du djembé, un instrument entre de bonnes mains ici, celles d’Ewa Tohinnou, musicien béninois installé à Bordeaux depuis des années et très reconnu dans sa discipline. Il donne le tempo aux danseuses de Marie-Hélène Plassan qui assure la chorégraphie. Le cours est estampillé Afro-Jazz ce qui a aiguisé notre curiosité. Le jazz est partout on le sait, protéiforme, varié et on a tendance à oublier qu’il est très lié à la danse.

Onze danseuses amatrices suivent ainsi ce cours très physique, le corps y étant très engagé dans des chorégraphies dynamiques. Ewa est assisté de temps en temps, comme ce soir, par Samson Viwanou Kpadonou, musicien et danseur béninois lui aussi.

L’Afrique est donc bien là mais le jazz ? Le voilà dans sa spécificité majeure, l’improvisation musicale. La chorégraphe définit les mouvements, les placements et le tempo ; en observant l’évolution des danseuses, sans jouer, Ewa crée la musique « C’est la danse qui me renvoie la musique » me dira-t-il. Percussions, chant, tout se marie instantanément. Les danseuses aussi chanteront parfois, des vocalises, pas des paroles. Dans ces chorégraphies on ne compte pas, ici pas de 1, 2 3 et 4 mais des cris, des onomatopées reprises par les danseuses qui rythment le tempo.

Mais le jazz est là aussi par la technique de danse. Dans les danses africaines les mouvements sont répétés à l’envi alors qu’ici ils répondent à une esthétique de Modern’ Jazz, la segmentation des bras, les jetés qui accentuent les figures. La gestuelle africaine vient donc s’intégrer à ces fondamentaux, pour employer un terme à la mode, c’est un véritable crossover chorégraphique.

Les corps dansent, virevoltent, Marie-Hélène insiste sur l’ancrage au sol, ce sol d’où tout démarre, d’où l’énergie se libère. La chorégraphie travaillée en ligne glisse ensuite elle aussi vers l’improvisation dans les déplacements, les danseuses se croisent, se décroisent se transmettant l’énergie du regard, des cris. Tout cela est d’une folle gaité, et aussi très physique !

On passe au sol, la musique devient mélopée, Samson fredonne avec douceur, Ewa imite un oiseau, les percussions sont discrètes. Les danseuses improvisent leurs mouvements à partir des idées proposées par la chorégraphe. Là encore c’est le Modern’ Jazz qui commande, en danse africaine il n’y a pas de danse au sol. Marie-Hélène Plassan a ainsi développé sa propre technique pour cet atelier baptisé ainsi Afro Jazz.

Ce soir elles ont particulièrement bien dansé nous dirons Ewa et Marie-Hélène, cette séance aurait pu faire l’objet d’un spectacle. A voir leurs sourires à la fin on comprend de suite le bonheur que doit apporter ce genre d’activité menée, il faut le dire, de main de maître par de grands professionnels.