Par Philippe Desmond

RECYCLAGE MUSICAL Projet de vidéos de dessins musicaux, réalisées durant le confinement n°2

L’an dernier ce blog vous avait présenté « Wild jazz » un concert dessiné par Maxime Garcia entouré de musiciens de jazz. Lien : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/wild-jazz-concert-dessine/

Dans cette période de disette pour les musiciens Maxime Garcia nous présente ses recyclages, une série de vidéos, de la musique dessinée ou de dessin musical mais cette fois avec un seul musicien . Son idée, je le cite : Par les temps qui courent, les musiciens se retrouvent enfermés chez eux. Face à la promiscuité, face à la solitude, leur instrument devient presque inutile… Que peuvent-il en faire?

Il dessine ainsi cette fois avec le trompettiste Jules Delaby un musicien classique passionné de Be Bop  puis avec le batteur Julien Faux et avec le corniste Florian Dzierla, série en cours.

Laissons Maxime Garcia nous parler de ce projet :

Je suis illustrateur et la majeure partie de mon métier, je la pratique en situation de live dans des spectacles dessinés, depuis plusieurs années. Par ce biais, j’ai eu la chance de faire la connaissance de nombreux musiciens avec qui je travaille au quotidien.

Durant ce deuxième confinement, la plupart de mes engagements artistiques étant annulés, je me suis lancé le défi de réaliser une vidéo de dessin musical par semaine, et de la sortir sur youtube chaque samedi. Pour faire cette série de vidéos, j’ai proposé à une multitude de musiciens de participer, très variés autant dans leur instrument que dans le style de musique qu’ils interprètent. L’exercice est le même pour chacun : je leur ai demandé de jouer librement (compo, impro, partition, … je n’interviens pas dans leur choix), dans une situation de confinement qu’ils connaissent eux aussi, c’est-à-dire en solo, face à une caméra. Tous ont l’habitude des concerts en public, de jouer en groupe, parfois dans des formations de grande ampleur : l’exercice n’est pas forcément évident pour eux. Le principe de ces vidéos est simple : mettre en valeur un instrument par épisode, lors d’un dessin d’une durée de 3 minutes, filmé d’au-dessus. Plus court, c’est vraiment difficile pour avoir le temps de créer un dessin, plus long, le spectateur peut commencer à s’ennuyer.

Plutôt que de simplement représenter l’instrument qui joue, j’ai décidé de partir de la forme de l’instrument pour dessiner autre chose. Pour cela, l’instrument apparaît sur le papier dès les premières notes, sous forme de tampon gravé dans une plaque de lino. Dans le premier épisode, la trompette imprimée en rouge va se métamorphoser en un autre objet, au fur et à mesure des traits que je trace au rythme de la musique. Comme une boutade face à cette crise qui paralyse la vie culturelle et la fragilise, je propose, par le dessin, de recycler l’instrument qui ne « sert » plus à rien quand les spectacles sont à l’arrêt.

Evidemment, c’est surtout une manière de continuer à diffuser notre savoir-faire, autant visuel que musical, malgré les conditions. Par cette multitude d’instruments et de musiciens qui se succèderont au fur et à mesure des semaines que durera le confinement, j’essaye aussi de faire la lumière sur un paysage musical local, riche, et qui ne baisse pas les bras. Le secret de cette manière de dessiner est de ne pas donner au spectateur tous les éléments trop rapidement. C’est un jeu, une devinette, une enquête. Selon les traits, selon les couleurs, selon le sens de la feuille, on va comprendre quelque chose de différent. Mon but est à la fois de « perdre » le spectateur, de le mener sur des fausses pistes, mais aussi de le « garder », lui donner envie de voir la réalisation jusqu’à la fin de la musique. Le dessin est exécuté rapidement, au pinceau en utilisant plusieurs encres colorées, puis au crayon noir. De cette contrainte qui nous empêche de jouer en live, je fais une force en me permettant un léger montage, qui me permet d’enlever les moments faibles du dessin (attendre que les encres sèchent pour éviter les mélanges de couleur non voulus, retailler un crayon, couvrir une grande surface…) pour gagner toujours plus en fluidité, et en synchronicité avec la musique.

J’ai choisi les musiciens selon les instruments que j’avais envie de représenter. C’est intéressant de mettre la lumière sur des instruments plus rares que ceux que l’on croise habituellement. J’ai aussi choisi les musiciens selon leur capacité à se prêter à l’exercice. J’ai déjà travaillé avec la plupart d’entre eux, ou bien déjà discuté de projets à venir, c’est une manière de maintenir un lien, ou de faire une première création courte qui en appellera peut-être d’autres. Quoiqu’il en soit, tous ceux à qui j’ai demandé jusqu’à maintenant m’ont fait l’honneur d’accepter, et se sont montrés extrêmement généreux dans leur participation ! Les trois premiers participants du mois de novembre sont :

  • Episode n°1 – Jules Delaby (Trompette/ Jazz)
  • Episode n°2 – Julien Faux (Batterie/Funk) 
  • Episode n°3 – Florian Dzierla (Cor/Musique de chambre)

La musicienne suivante est mandoliniste, Annick Robergeau-Bonnet. J’ai déjà un planning bouclé jusqu’à Noël, en espérant continuer ce projet en sortant du confinement, et, pourquoi pas, aboutir sur des possibilités de spectacles, d’expositions, de projections… Le résultat final sera tout à fait regardable même au-delà de la période actuel, diffusable devant tous types de public, mêlant à la fois un aspect culturel (découverte d’instruments et de styles musicaux) et un aspect ludique (mes enfants font la course pour deviner en premier la transformation de l’instrument)