par Philippe Desmond

Bordeaux, vendredi 7 février 2020.

Séance de travail

Le jazz puise nombre de standards dans la comédie musicale américaine, ce sont même pour les puristes les seuls à pouvoir être appelés ainsi. Mais au fil du temps, la notion s’est étendue bien au delà. La comédie musicale a aussi des thèmes inexploités en jazz. Et quand l’Auditorium a proposé à Jean-Marc Montaut de monter un spectacle, lui le fou de cinéma et de ses musiques devant délaisser ce thème abordé plus tard dans la programmation du lieu, a assez vite proposé celui très proche de la comédie musicale, au sens large.

Autour d’une formation en quartet habituelle pour lui, piano, guitare, contrebasse batterie il a pu proposer des invités et non des moindres pour étoffer son projet. Faisons les présentations. Jean-Marc Montaut lui-même au piano, Marie-Hélène Gastinel à la batterie,  Nolwenn Leizour à la contrebasse et Yann Pénichou à la guitare, des musiciens qu’Action Jazz connaît bien et retrouve toujours avec plaisir.

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Quant aux invités ils sont prestigieux. Lucienne Renaudin Vary, toute jeune trompettiste, lauréate d’une Victoire de de la musique classique en 2016 et qui depuis le début de sa déjà riche carrière a aussi un pied dans le jazz. Quel bonheur cet éclectisme.

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Le deuxième est lui disons plus exotique surtout de par son instrument, un cymbalum ; il s’agit du Roumain Marius Preda, un touche-à-tout de génie, des collaborations avec Vladimir Cosma au jazz avec Mike Stern, Dennis Chambers en passant par le classique, la variété, tout en somme. Une des références actuelles pour ce drôle d’instrument : pour faire simple un genre de cadre de piano, sans touche ni marteau, qui se joue avec de petites mailloches et au son « de l’Est » si caractéristique.

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Quant à Thibault Cauvin il est devenu un des plus grands guitaristes classiques au monde, tout en gardant son ouverture d’esprit vers d’autres styles musicaux, atavisme paternel oblige. N’était-il pas récemment sur la scène de l’Arena de Bordeaux avec M !

La chance pour moi évidemment, mais aussi pour vous et pouvoir vous le raconter, c’est d’avoir pu assister à la préparation de cette soirée lors de la répétition, la veille du concert. Ayant retrouvé pour le café une partie de la bande au restaurant, j’ai vite compris que l’ambiance était excellente. L’après-midi n’a fait que me le confirmer. Et pourtant c’est un gros, que dis-je, un énorme travail pour atteindre ce qui est proche de la perfection, les musiciens étant toujours critiques sur leur propre production.

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Le quartet et Marius ont déjà travaillé le matin, pour la première fois ensemble d’ailleurs. Mais cet après-midi voilà Lucienne qui arrive, elle jouait la veille au soir à Lucerne, concert classique puis jazz dans un club voisin ! Après une nuit très courte, la voilà à Bordeaux avec des musiciens… qu’elle ne connaît pas. Le temps de se chauffer les lèvres avec l’embouchure de sa trompette et elle s’intègre au groupe, au début toute timide, mais surtout fatiguée, improvisant même des chorus. Magique.

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Certes elle a travaillé avant avec les partitions et des vidéos envoyées par Jean-Marc et même si ces partitions nécessitent quelques annotations, le résultat est manifeste ! 21 ans et déjà un très gros métier. Elle sera en plus très vite mise à l’aise par ce pitre de Marius.

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Mais quand il prend les mailloches attention ça décolle ! La couleur ajoutée à la musique et sa virtuosité apparemment si facile sont exceptionnelles. Et la musique change de couleur.

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Mais rien n’est simple, les trois arrangeurs du groupe, Jean-Marc, Nolwenn et Yann soignent les détails, essayent des choses, améliorent sans cesse avec méthode et en concertation. Ils se félicitent mutuellement ou se demandent de légers changements, le tout dans une bonne humeur qui pourrait paraître déconcertante à ceux qui n’avancent que par le conflit… On rit beaucoup certes mais on travaille dur.

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Voilà Thibault Cauvin – et son inamovible sourire – qui arrive en fin d’après-midi et à qui de suite est confié… un tambourin brésilien avec lequel il fait ses débuts pour une batucada. Je pourrai dire que je l’ai vu démarrer à cet instrument. Insolite.

Je les laisse, il y a encore des choses à caler notamment avec Thibault et cette fois sa guitare, mais avec une telle répétition, le concert, annoncé complet, promet d’être magnifique… J’y serai et on en parle demain.

Discographie :

 

Carte AJ