Texte et photos Philippe Desmond
Bordeaux le 6 février 2020.
Bonne nouvelle, on peut se marrer en écoutant du jazz ! Ce n’est pas souvent le cas, le rire n’étant pas l’émotion première que provoque notre chère musique.
Bonne nouvelle, autour du jazz, on peut remplir pendant une demi douzaine de séances un théâtre qui n’a pas vocation à diffuser cette musique, et avec un public de tous âges.
Qui sont donc les coupables de ces deux faits assez inhabituels ? Les musiciens du Jazz Chamber Orchestra ! En musique classique on connaît le Quatuor et dans cette veine les voilà eux en jazz. Leur présence sur une scène de théâtre, celui des Beaux-Arts, n’a donc rien d’incongru, ils font de leur art une comédie.
A la direction musicale à la contrebasse et au chant, Monsieur Frédéric Lasnier, spécialiste du jazz des années 30, c’est comme ça que notre ami Fred est présenté par Jérôme Martin, chargé lui de la batterie, du chant et de la déconnade. Le duo classique clown blanc – Auguste revisité. A la guitare et au banjo Laurent Mastella, au trombone, aux chœurs, au téléphone portable et au papier de bonbon bruyant Cyril Dubilé, à la clarinette, aux chœurs et à la drague Denis Girault. Et oui, que des bons musiciens, condition indispensable pour pouvoir faire les c.. avec la musique.
Sous le prétexte de l’histoire du jazz, brièvement évoquée, les voilà qui vont amuser la galerie de leur facéties musicales. La musique n’y perd rien car bien respectée, elle y gagne au contraire en plaisir d ‘écoute et visuel. Du vieux New Orleans au Swing, avec souvent des paroles originales et très amusantes en Français, le quintet nous embarque dans sa fantaisie pendant près d’une heure trente de joie.
Certes le jazz est né de la dureté de l’esclavage, mais dans les années 30 il a vite été synonyme de gaité et de danse. Jérôme Martin enfilera le costume de Cab Galloway pour nous faire chanter avec lui le légendaire « Minnie the Moocher » ; le rôle lui va très bien, lui ce fantaisiste qui ici ne fait qu’esquisser la pure folie qui le caractérise comme dans son spectacle solo totalement déjanté « Electronik Jâze » sous le pseudo de MartinTouSeul ; à voir absolument. Mais le gugusse peut aussi être tendre et crooner comme dans cette déclaration d’amour à une contrebasse.
Fred, pardon Monsieur Frédéric Lasnier, est lui dans un registre plus souvent pince-sans-rire et ronchon, plus subtil et pas moins réjouissant. Tout ça se fait bien sûr en musique les trois autres n’étant pas les derniers pour faire les idiots, tout en continuant à jouer et, ça reste du jazz, à improviser.
A souligner une engueulade mémorable et hilarante en scat, une évocation érudite et zozotante de Jean-Christophe Averty (les anciens comprendront), un voyage épique avec l’orchestre en bus Chausson bleu et crème…
Les représentations du JCO au théâtre des Beaux Arts sont terminées – ils y reviendront bien un jour – mais la formation, qui existe depuis des lustres sous des formes diverses, peut se produire partout, avis aux amateurs !