Baptiste Bailly – « La Fascinante »
5 étoiles
Label Ouest / Bayard Musique – sortie le 13 Septembre 2024
Chronique de Martine Omiécinski le 03 Septembre 2024
Baptiste Bailly : Piano, compositions (sf « Atherfield » et « Räv ») / Etienne Renard : Contrebasse, composition (« Räv ») / David Gadea : Percussions / Bodek Janke : Batterie
Invité : Efrén Lopez : Vielle à roue (« Atherfield », guitare fretless (« Vie de grenier »)
Baptiste Bailly est un pianiste français trentenaire ayant commencé le piano à 15 ans en autodidacte puis s’étant perfectionné auprès de grands musiciens (tel Jonathan Avishaï). Il a vécu en Espagne où il s’est enrichi de belles rencontres musicales et revendique des influences plurielles, outre l’Espagne, allant de l’Orient à l’Irlande, traversant le jazz, le classique, les musiques traditionnelles et la pop.
Il s’est entouré de musiciens apportant leurs propres cultures : David Gadea venant d’Espagne aux percussions, Bodek Janke de Pologne à la batterie, du contrebassiste français (déjà remarqué notamment aux côtés de Robinson Khoury ou Fred Nardin) et d’Efrén Lopez espagnol également (spécialiste de la vieille à roue et des instruments à cordes pincées).
L’album « La Fascinante » est un bain de douceur, apaisant autant que chaleureux, « impressionniste », remarquablement joué, que l’on a vite envie d’écouter en boucle pour se faire du bien !
Mes morceaux préférés :
« Ritournelle » : Pour la magie de la rythmique où les sons feutrés des percussions de David Gadea se marient agréablement aux baguettes légères de Bodek Janke et aux cordes veloutées d’Etienne Renard. Baptiste n’a plus qu’à y lover ses accords avec poésie et fougue alternées, en liberté entre jazz et orient.
« La Fascinante » : Titre éponyme de l’album : Baptiste Bailly égrène les notes avec lyrisme évoquant une valse entre jazz et classique. On se laisse emporter par la beauté de la mélodie à la fois gracieuse, sereine et prégnante. Etienne Renard dialogue généreusement avec le piano tout en finesse de Baptiste.
« Cours Toujours » : A nouveau l’orient, un piano percutant puis une harmonieuse osmose entre piano et contrebasse sur des percussions et batterie en échos subtils.
« Atherfield » : Reprise d’une ballade irlandaise de l’accordéoniste Andy Cutting où brille la vielle à roue d’Efrén Lopez, tout à fait à sa place dans cette épopée celtique !
« Agua Donde Vas ? » : Le toucher délicat de Baptiste fait couler les notes comme de l’eau, ses acolytes en parfaite harmonie subliment le propos, la contrebasse est toute en suave rondeur, la sensibilité à fleur de peau puis les boucles douces se mutent en un leitmotiv de plus en plus rapide et fort guidés par une rythmique implacable, tous déboulant en impros soutenues : l’eau devenant cascade ! Super !
« Vie de Grenier » : On se laisse happer par les sons fascinants comme ceux du oud de la guitare fretless (sans les « arrêtoirs » sur le manche) d’Efrén Lopez dans cette mélodie aux accents andalous.
« Räv » : Expressif et inventif que ce solo de contrebasse d’Etienne seul aux manettes !
« Street Games » : Morceau dansant aux pulsations funky, plus charnel : la contrebasse généreuse imprime sa patte, le duo percussions/batterie groove allègrement, le piano sautille et frappe alternativement, puis vient une bouillonnante plage « free » où chacun libère sa verve en cohésion parfaite avec les échappées de Baptiste : très réussi !
Bref un groupe méritant toute notre attention, que l’on souhaite écouter en live !