Autour du guitariste Quentin Dujardin : trois albums
par Philippe Desmond, photo de couverture Vincent Lajus.
Lors du récent Anglet Jazz festival j’ai eu l’occasion de voir, entendre puis rencontrer le guitariste et compositeur belge Quentin Dujardin ; il y jouait en duo avec l’harmoniciste Olivier Ker Ourio. Aimablement et pour mieux le connaître, Quentin m’a ensuite fait parvenir trois de ses albums parmi une discographie très riche. Celle-ci ainsi que sa biographie figurent sur son site très complet : https://www.quentindujardin.be/fr
Quentin Dujardin a un univers très personnel, en voici quelques facettes pour vous aussi découvrir ce talentueux musicien.
Quentin Dujardin « Impressionniste » (2009)
Quentin Dujardin : guitares nylon, slide, 12 cordes, basse, Rimotsy (technique vocale malgache) & percussions / Toots Thielemans : harmonica sur « En t’attendant »
Un album de guitare à l’état pur, seule l’harmonica de Toots Thielemans venant lui donner la réplique sur le premier titre. Dépouillement mais plein d’une richesse musicale pure et limpide. Ce qu’on peut faire avec des guitares sans autre effet que celui des doigts sur les cordes, le glissement du bottleneck sur le manche ou le tapotement sur la caisse. Ce qu’on peut en tirer comme mélodies ! On y perçoit la culture musicale de Quentin, des influences gitanes parfois, l’héritage de quelques grands maîtres belges comme lui, Django, Philip Catherine… Huit compositions originales de Quentin, une reprise de Manu Katché « Rose » et « Corps et âme » une variation autour de « Body and Soul ». Un album que tout guitariste se doit d’écouter et que tout non guitariste ne peut qu’apprécier.
Quentin Dujardin 4tet « 2020 Live » (2020)
Quentin Dujardin : guitare nylon et baryton, loops / Didier Laloy : accordéon diatonique / Boris Schmidt : contrebasse / Manu Katché : batterie
Un album enregistré en public autour du répertoire de l’album studio « 2020 » toujours avec cette sensibilité mais avec souvent ici une puissance scénique et une énergie remarquables. L’ensemble est lumineux dégageant de la sérénité ; quel plaisir ont dû éprouver les spectateurs de ce concert ! Les thèmes y sont longuement développés, ils nous laissent le temps de nous y plonger, de nous en imprégner. On y retrouve le titre phare »Blues for M&N » dédié à Manu Katché et Nicolas Fiszman, le délicat « Aimé » , le brillant « Madagascar » et son cyclone dévastateur qui approche. Un album envoûtant.
Olivier Ker Ourio – Quentin Dujardin « Serendipity » (2024)
Quentin Dujardin : guitares nylon, baryton, slide / Olivier Ker Ourio : harmonica chromatique / David Linx : chant sur « Shy away »
C’est cet album que Quentin et Olivier sont venus jouer en septembre dernier à Anglet. Un duo guitare/harmonica qui fonctionne à merveille. On est tout de suite pris par cette ambiance musicale inédite ou presque avec « Goodby pork pie hat » ce légendaire titre de Mingus. La guitare est ici le plus souvent rythmique ou en accompagnement, l’harmonica à la si fine texture d’Olivier déclinant les mélodies. On retrouve la reprise de « En t’attendant » joué avec Toots Thielemans en 2009 et évoquée plus haut ; Olivier en est un des plus dignes héritiers. Revoilà aussi « Blues for M&N » réalisé ici en duo avec un rendu exceptionnel.
Encore un album de toute beauté.
Le hasard a donc bien fait les choses (le sens du mot sérendipité) que de rencontrer à Anglet ce guitariste et son univers et cette personne discrète et si modeste.
«