Kevin Reveyrand « Yolo »
Label Continuo Jazz https://www.uvmdistribution.com/111_continuo-jazz
Le dernier opus de Kevin Reveyrand a fait réagir chez Action Jazz ; preuve en est, deux rédacteurs se sont jetés sur la chronique de l’album. Sont-ils d’accord ?
L’avis de Christine Moreau
par Christine Moreau
Yolo est l’acronyme de « You Only Live Once », on ne vit qu’une fois. Le bassiste et compositeur Kevin Reveyrand nous invite à profiter de chaque instant à travers son quatrième opus placé sous le signe de l’optimisme.
Pour former son quartet, il a fait appel aux fidèles amis avec lesquels il avait enregistré son précédent album Todos juntos. A la guitare Olivier-Roman Garcia, à l’accordéon Christophe Lampidecchia, aux percussions/chant Jean-Luc Di Fraya et lui-même à la basse, au ukulélé, chant et percussions additionnelles. Sur certains morceaux, un orchestre de 17 cordes composé de violons et de violoncelles arrangé par Khalil Chahine vient enrichir les compositions. De même, sont invitées sur plusieurs titres Lilou et Soline Reveyrand (choristes), Asa (chant), Isabelle Sajot (violoncelle solo), et Natascha Rogers (percussions/chant).
Entre les patronymes des musiciens et le choix des instruments, le ton est donné : Ce nouveau projet s’inscrit dans une quête musicale singulière, chaleureuse et sans frontières.
Kévin Reveyrand a accompagné de grands noms de la musique aux esthétiques différentes en tant que sideman très demandé : Charles Aznavour, Asa, Thomas Leleu, Eric Séva, Mike Stern, …Il a ainsi énormément voyagé, s’est nourri de musique brésilienne, arabe, du Cap Vert, de pop. Ses expériences humaines et musicales l’ont inspiré en tant que compositeur : les mélodies chatoyantes et raffinées sont le reflet de ces découvertes et rencontres artistiques. En bassiste expressif et moderne, il sait impulser la rythmique et valoriser les qualités mélodiques de son instrument pour créer une musique libre et populaire qui s’affranchit des codes et privilégie le collectif. Il nous rappelle que le jazz est une conversation animée entre musiciens qui savent s’écouter et qui ont du répondant.
Avec des compositions « picturales » et inclassables, Kevin Reveyrand continue à édifier une œuvre lumineuse, d’une grande richesse rythmique et très cohérente.
Yolo nous transporte ainsi dans un monde métissé, inondé de soleil.
Cet album dense et coloré est une invitation au voyage et au partage. Chaque titre regorge de lignes mélodiques travaillées avec finesse, l’ensemble est très soigné. La présence centrale de l’accordéon, instrument baroque, piano à bretelles qui peut remplacer les claviers et les instruments à vent par l’élégance de ses soufflets apporte poésie et modernité en étant puissant et léger à la fois.
Le premier titre « Tener esperenza » nous convoque avec impétuosité dans un folklore imaginaire, en Argentine sans doute. Le rythme tempétueux du tango est incarné par un accordéon au son proche du bandonéon et par l’orchestre de cordes qui étoffe la ligne de basse et meurt naturellement sur une note orientale. De même, le titre éponyme du CD, « Yolo » est très dansant et se propose comme une valse que n’aurait pas renié Gus Viseur. Dans une première partie, l’accordéon mène la danse avant de laisser la place au son épuré de la guitare.
Sa musique est festive mais parfois contemplative comme dans « Nostos algos », belle balade où se répondent en phrases harmoniques inspirées les percussions, la basse, l’accordéon et le phrasé délié de la guitare.
Il faut souligner la finesse de jeu du batteur, exceptionnel sur chaque titre. Jean luc Di Fraya enrichit les compositions de son sens inné du tempo et de son style aérien aux baguettes et aux vocalises.
Avec « September 21st », Kevin Reveyrand rend hommage au grand bassiste américain Jaco Pastorius, disparu tragiquement le 21 Septembre 1987. Sur la ligne de basse, l’accordéon et la guitare s’emploient à créer une mélodie répétitive qui s’achève comme un hymne, mêlant voix et instruments.
« Ba Ba Iwa » est un morceau magnifique où le talent d’écriture du compositeur réconcilie le clacissisme du violoncelle et l’exotisme des percussions. Les voix lumineuses de Lilou et Soline, qui sont pour Kevin Reveyrand les plus beaux des instruments, se posent délicatement sur le thème. Ici le soleil s’offre une place de choix et nous transporte quelque part en Afrique.
Ce disque-monde se conclut sur une note feutrée, « A father’s rest », comme une épure, un dialogue intimiste guitare/basse.
L’ensemble est superbe et inspirant.
Sortie officielle de l’album YOLO le 02/02/2024
Tracklist : Toutes les compositions sont de Kevin Reveyrand.
Tener esperenza / Utarizona / Yolo / Nostos algos / Too many cooks in the kitchen / Renaissance / September 21st / Ba ba iwa / Outside the box / A father’s rest
L’avis de Philippe Desmond
par Philippe Desmond
Sortie le 2/2/2024chez Continuo Jazz : https://www.uvmdistribution.com/111_continuo-jazz
Voilà un album qui va embarrasser les colleurs d’étiquettes et qui va ravir les vrais amateurs de musique. Et que dire de ce soleil musical qui vient illuminer notre hiver si humide. Alors merci Kevin Reveyrand d’avoir réuni ce plateau de musiciens pour nous apporter chaleur et émotion.
Pour son quatrième album deux ans après « Todos Juntos » Kevin nous entraîne dans un univers personnel, genre de folklore réinventé, balançant d’un continent à l’autre, de Brésil au Cap Vert et où parfois la valse musette vient faire virevolter ses trois temps.
YOLO signifie You Only Live One, faites vous plaisir, même si vous prenez des risques ! Alors si en plus du plaisir vous en donnez !
A partir d’un quartet de base, Kevin construit une œuvre sans frontières aux effluves venues d’Orient, d’Espagne andalouse, de Méditerranée, de plus loin encore. Tous ces parfums enivrants vous enveloppent à l’écoute de cet album. Des cordes dirigées par Khalil Chahine dans lesquelles certains noms nous sont familiers, comme Akemi Fillon, Line Kruse au violon ou encore Christophe Cravero à l’alto cette fois et non aux claviers, viennent donner une belle ampleur dès le premier thème « Tener Esperanza ».
L’accordéon de Christophe Lampidecchia mène le bal, car souvent c’en est un, comme sur le chaloupant « Utarizona » qui ne peut que vous faire onduler des hanches. Dans « Yolo » dialogue de guitares, l’acoustique d’Olivier-Roman Garcia et la basse électrique de Kévin qui nous montre une fois de plus que cantonner au seul rôle rythmique cet instrument serait réducteur. Quant à Jean-Luc Di Fraya aux percussions il fait vibrer le timbre de son cajon jouant avec finesse de ses autres éléments.De la dentelle.
Laissez-vous donc bercer par la douce chaleur de « Ba Ba Iwa » avec le chant de la voix d’Asa et celui du violoncelle d’Isabelle Sajot, ; sensualité, délicatesse, comment ne pas se faire prendre ?
Dans « September 21st » Kévin fait référence au jour de la disparition de son illustre prédécesseur Jaco Pastorius, c’était en 1987, il en est un des héritiers dans sa façon parfois de jouer de la basse.
Voilà une musique universelle par un musicien qui ne l’est pas moins, accompagnant régulièrement aussi bien le jazzman Eric Séva que la pop star Christopher Cross. Un vrai rayon de soleil pour nous relancer dans cette nouvelle année.
Olivier-Roman Garcia – guitare
Jean-Luc Di Fraya – percussions – chant
Christophe Lampidecchia – accordéon
Kevin Reveyrand – basse / ukulélé / chant / percussions additionnelles
Invitées :
Asa – chant Lilou & Soline Reveyrand – chant
Isabelle Sajot – violoncelle solo
Natascha Rogers – percussions / chant
Cordes (arrangements Khalil Chahine) :
Line Kruse, Akemi Fillon, Caroline Lasfargues, Anna Woloszyn, Claire Bucelle, Sara Chenal, Pauline Hauswirth, Vanessa Ugarte, Analuna Chahine, Caroline Cervera, Marie Lesnik, Christophe Cravéro, David Vaincot, Cynthia Perrin, Julien Lo Pinto, Isabelle Sajot, Florence Hennequin.