UNITRIO – PICASSO chez : Freshsound

par : Alain Flèche

Damien Argentieri : Orgue Hammond

Fredéric Borey : Sax Ténor

Alain Tissot : Batterie

On ne présente plus les éléments de ce trio, nous en parlons suffisamment à chaque occasion de leurs venues dans notre région,ce qui n’est pas rare. Merci à eux ! Unis, c’est le mot. Un pour tous, tous pour l’ensemble ! Beau projet que celui-ci. Puisque l’œil écoute (depuis Claudel) et que la musique suggère des images. Après les illustrations sonores de films muets qui inspirent plusieurs projets ces temps-ci, c’est quelques œuvres de Picasso qui sont sur la sellette ici. Avant-gardiste qui n’en fini pas d’être moderne, artiste idéal à torpiller, sampler, évoquer, introspecter, avec le plus grand des respects. Dont acte !

On commence par « Buste de femme ». 3  versions . D’abord : A.Tissot. Pure abstraction. Angles appuyés et courbes légères. Coups de baguettes secs, orgue en rondeur, le sax pour lier. Promenade autour d’une image en mouvement. Au tour de Damien : un cadre large, la femme se laisse deviner, souple, mais ferme. Il faut creuser pour la découvrir, la charmer pour approcher les siens (de charmes). Un trompe l’œil pour régaler les sens, pas interdis. Puis Fred : plus intime, presque ésotérique. Les lignes droites se tordent, les parallèles se rejoignent. Tempo latinisant, harmonies libres. Beau travail de son : il continue à payer son tribut à Joe Henderson pour le phrasé, mais c’est à Stan Getz maintenant, que l’on pense dans la chaleur moite, sombre mais dépouillée des notes.

4ème plage : « la nouvelle ronde de la jeunesse », vue par Tissot. Contine ingénue. Histoire à tiroirs. Des pleins et des déliés. Du rythme et de la nonchalance. Sax moqueur et circonspect. Batterie balladeuse. 3  p’tits tours et s’en vont jouer plus loin…

« l’Acrobate », par Borey. Comment loger dans un cadre fermé, et y vivre. En poussant les limites jusqu’à la tension maximale. S’installer sur le fil du rasoir, la tête dans les étoiles, les pieds s’en balancent

Re-sujet commun : « femmes d’Alger d’après Delacroix ». Pour Damien : visite du jardin de roses, des couleurs, des feuillages, des épines… des parfums qui tournent la tête et les sens, les images se superposent et se confondent. Suite d’impressions capiteuses. Plus sensuel pour Fred. qui se laisse à observer la courbe d’un bas de dos dodu, caresser la rondeur d’un sein généreux, offert, effleurer le grain de la peau d’une gorge tendue… du Getz vous dis-je ; navigant d’un carré de peau à l’autre en plan serré, et en parcours anguleux, c’est du Picasso tout de même ! Voici la version d’Alain : psychédélique-érotique. Titube dans des volutes de fumée de haschisch, enivré de parfums de femmes, avant le bain… ou bien après l’amour… hé ho Alain, ici, au pied, on se calme, il y a encore du boulot !

Ce n’est pas « Gernica » mais « massacre en Corée ». pas mieux ! Entre halluciné et martial. Pas envie d’y croire. Petits soldats d’acier qui n’ont rien demandé, mais exécutent les ordres. Ce sont des objets de fer qui tirent sur des sujets de chair. « se sont des hommes qu’on assassine ! ». effrayant de banalisation. Oui, c’est tous les jours ! Et on est tous responsables !

Envie de voir une expo, ou d’ouvrir un livre, sans doute on y entendra de la musique !