Sting by Affinity

par Philippe Desmond

Le Thelonious Café Jazz Club, vendredi 12 mai 2023.

Affinity quartet fait partie maintenant de l’histoire du jazz bordelaise. Depuis des années cette formation composée de Francis Fontès (piano), Dominique Bonadéi (basse), Philippe Valentine (batterie) et Hervé Fourticq (sax) nous offre son savoir-faire en cherchant toujours de nouveaux répertoires. Ils avaient eu l’honneur en 2017 d’être le premier groupe à jouer pour le festival Jazz à Caudéran qu’Action Jazz a organisé durant trois ans à la Pergola.

En novembre 2022 leur dernier concert au Thélonious, comme ce soir, avait pour thème Chick Corea (1)

Ce soir changement total de direction avec, pour la première fois pour eux, de la musique pop rock et bien au delà car il s’agit de celle de Sting, musiciens aux multiples facettes. C’est à la sortie du dernier concert de Sting à l’Arena que Dominique Bonadéi a eu l’idée de s’attaquer à ses compositions. Récemment une autre formation bordelaise, le Jazz Vibes Quartet avait joué ce répertoire, ils se connaissent pourtant mais ne s’étaient pas concertés. Intéressant d’ailleurs de voir qu’avec la même musique, les interprétations sont totalement différentes. N’est-ce pas là une des caractéristiques du jazz ?

Le Thélonious est plein à craquer, comme à chaque fois qu’Affinity s’y produit, le public sait qu’il ne sera pas déçu, bien au contraire. En effet « les Vieilles » comme les appelle tendrement Roger Biwandu (et d’autres) présent dans le public, vont nous offrir un très beau concert, se permettant toutes les libertés autour des mélodies célèbres de Sting et d’autres moins connues. Un qui ce soir a du travail et qu’il va exécuter à merveille, c’est Hervé Fourticq. Au sax soprano principalement mais aussi au ténor, il va tenir le devant de la scène quasiment d’un bout à l’autre. Ce son de sax soprano marque l’oeuvre de Sting et Hervé va lui donner encore plus d’importance par de longs chorus inspirés, le thème n’étant jamais si loin même quand on le croit perdu au milieu de ces arabesques musicales.

Francis Fontès le soulagera souvent tout de même, lui aussi transformant les mélodies en développements be bop, latino ou de bossa nova. Quel pianiste nous avons là ! Sting, Police surtout c’était aussi une grosse rythmique sautillante avec souvent des pointes de reggae, Dominique Bonadéi et Philippe Valentine vont se charger de faire revivre tout cela, là aussi avec les variantes et les libertés que le jazz autorise. Les quatre se connaissent par cœur et l’affaire tourne bien rond. On aura droit parmi des titres pleins d’énergie comme cette version magnifique de «Walking on the Moon » à quelques surprises mais aussi à de belles ballades dont la sublime « Fragile ».

La fin du concert est arrivée, j’avais parié que « Englishman in New-York » serait le rappel, pas trop de risque car s’il y a bien un titre où le jazz est présent dès l’origine c’est celui-là et un hommage jazz à Sting sans lui est totalement inenvisageable. Et c’est en effet un sommet de ce concert que le quartet nous propose.

Ils ont du métier ces quatre compères, qu’ils nous régalent ainsi longtemps !

1er set : Heavy cloud but no rain / It’s probably me / Children’s crusade / Fragile / Seven days / Big lie, small world 2ème set : Consider me gone / Shape of my heart / Fields of gold / Walking on the moon / La belle dame sans regrets / If I ever loose my faith in you / Bis : The secret marriage (duo) / Englishman in New-York.

(1) https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/affinity-quartet-la-fiesta-avec-chick/

(2) https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/le-jazz-vibes-quintet-fait-vibrer-sting/