Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Rocher de Palmer, vendredi 2 octobre 2020.

En 2007, quatre copains musiciens s’étaient réunis pour former le Alain Coyral quartet. Les voilà qui reviennent dans la même formation mais avec le nom plus punchy d’Akoy Kartet (Akoy = A Koyral, vous aviez compris)

Leur musique, du « Be Pop », leur propre définition, limpide, résumant certaines de leurs influences. Ce soir, presque comme des imposteurs, bravant les conditions draconiennes, les ondes négatives, ils sont là, heureux, au Rocher de Palmer, ce lieu courageux en ces temps compliqués. Que Patrick Duval et sa formidable équipe soient remerciés de leur ténacité.

Le Salon de Musiques est bien garni des désormais habituels spectateurs masqués et gélifiés, plus personne ne se touche, ne s’embrasse, un manque de chaleur difficile à vivre. Heureusement la musique va nous faire oublier tout cela un moment. Nous sommes là pour la sortie officielle de l’album « Tous les quatre », en CD et vinyle.

Ces musiciens on les connaît bien ici, Alain Coyral aux compositions, sax ténor et soprano,

Serge Moulinier au Rhodes et au synthé,

Christophe Jodet à la contrebasse

et Didier Ottaviani à la batterie (qu’elle est belle cette Gretsch mordorée !). Pourtant ils vont encore nous surprendre.

« Cassandre » le premier titre, va pour une fois nous prédire le bonheur, celui d’un beau concert. Une belle entrée en matière avec un long développement de sax ténor. « Nom de code » lancé à la grosse caisse avec ses unissons de sax et de Rhodes, ce clavier au son cristallin tellement caractéristique d’une certaine époque du jazz et pourtant toujours aussi moderne. La batterie se fait déjà très présente et nerveuse, la contrebasse fixant le tout dans un groove permanent. Voilà une intro de Rhodes Coreanne, époque RTF, complétée par du synthé Hammerien et sa reverb , cette manie que nous avons d’aller chercher des références, cette nécessité de s’accrocher aux branches ! Et pourtant ça rallume des souvenirs tout en offrant des choses nouvelles.

Ce titre qui arrive c’est «Chérie Chérie » un hommage à la compagne d’Alain Coyral, est un blues lumineux bourré de groove, un régal ; vous en avez de la chance Madame ! «Voilà « Daft Mood » et ses influences pop électro, Alain croyait même avoir piqué le thème à Daft Punk ; il a tout vérifié, non c’est bien de lui ! Pour l’occasion il a pris son soprano, il est tout aussi à l’aise qu’avec le sax ténor. Quelle conversation entre Serge Moulinier et Didier Ottaviani, Christophe Jodet, entre les deux, n’agissant pas comme un modérateur, bien au contraire ! Cette musique avec ses influences be-bop, pop, fusion, allez nommons-les, les Brecker Bros, Bob Berg, est vivante, alerte, mélodieuse, elle est abordable à tout public, je pense aux jeunes notamment et ce soir il y en a beaucoup, tant mieux. On a même droit à du funk-rock avec « Tous les Quatre » le titre aussi de l’album. Quel plaisir nous procure ce Kartet !

Voilà pour le dernier titre, ou presque, un autre copain qui arrive, Sébastien Iep Arruti qui va apporter la ronde chaleur de son trombone mais aussi ses fulgurances. Ses unissons et ses dialogues avec le ténor d’Alain Coyral amènent une touche des plus intéressantes.

Il restera pour le rappel « Paulette », une composition de Christophe Jodet figurant sur le premier album du quartet sous le titre de « la fille du facteur ». On finit par reconnaître la Paulette en question par la citation de la descente mélodique de « La Bicyclette ».

Le stand de vente et de récupération de l’album pour les Ululeurs ne va pas désemplir, il faudra la douce pression du personnel toujours efficace du Rocher pour que nous partions. Nous étions tellement bien !

En résumé : OK Koyral !

Site web : www.akoymusic.com

Chronique de l’album : https://wp.me/p9qjQE-5GN