Ernest Dawkins : un Américain à Pessac.

par Christine Moreau, photos Jean-Michel Meyre

Sortie 13, Pessac le 4 mai 2023.

Lors d’une tournée girondine qui l’aura notamment amené à jouer au Déjà Vu Café, à la Brasserie du Port ou à la Belle Lurette , Ernest Dawkins a posé ses saxophones, son talent et son énergie à la Sortie 13 le jeudi 4 Mai.

Grand saxophoniste de jazz originaire de Chicago où il réside toujours, et membre de l’AACM (Association for the Advancement of Créative Musicians), Ernest Dawkins a été nourri de Blues, de Gospel, de cultures cubaines et africaines et est aussi à l’aise dans le répertoire classique que dans les morceaux avant-gardistes.

Il a une grande musicalité. Cela lui permet de se remettre sans cesse en question pour élargir son horizon artistique.

Sa musique relie le gospel au bebop, le blues au free jazz, voire au rap.

On peut citer pêle-mêle ses albums comme « The Prairie Prophet », « Cape Town Shuffle » ou « Memory in the Center », opéra hommage à Nelson Mandela.

Ce soir-là, dans une ambiance club de jazz sous des lumières tamisées, Ernest Dawkins, coiffé d’un Kufi, s’était entouré de 3 musiciens de la scène locale.

Tous trois bourrés de talent et au diapason.

A la batterie et à la traduction : Philippe Gaubert qui a joué avec les plus grands et qui accompagne très souvent Ernest Dawkins lors de ses passages dans la région.

Au piano, Thomas Bercy qui sait reprendre avec fougue et talent de grands classiques du répertoire. Il se produit notamment au sein du Thomas Bercy Trio ou du Thomas Bercy Jazz Band.

A la contrebasse François Mary, une référence, qui a également une belle carrière et qui propose dans sa formation François Mary Trio un jazz moderne entre standards et compositions. Il est également le contrebassiste de l’excellent groupe de jazz Docteur Nietzsche.

Un concert avec Ernest Dawkins est un voyage musical, humain et merveilleux où il emmène avec lui le public et ses musiciens.

Nous avons redécouvert et revisité des standards de jazz. La soirée a débuté avec « Blues Walk » de Lou Donaldson, Ernest Dawkins au Saxophone alto. D’autres classiques ont suivi tels « Oriental folk song »de Wayne Shorter ou encore le magnifique « Misty » d’Errol Garner, interprété avec une grande finesse.

Ernest Dawkins, alterne avec brio le jeu aux saxophones alto et soprano, un son toujours somptueux, des sonorités parfois sur-timbrées et orientales. Au milieu d’un morceau, il peut chanter, prendre son sifflet ou battre le rythme avec une cloche !

Show man, au détour d’une improvisation, facétieux, il revient sur des souvenirs d’enfance où il avait préféré, à l’office religieux où il devait se rendre, aller écouter un plateau d’artistes sur une scène qui ressemblait à l’Apollo de New York : Stevie Wonder, Isaac Hayes, The Temptation, Diana Ross, le jeune Mickael Jackson !

A travers toutes ces reprises, on écoute un jazz moderne, métissé, imprégné d’influences mondiales.

Très généreux, le « maestro » sait aussi s’effacer. Tous les musiciens ont ainsi pu s’exprimer en exécutant leur chorus.

On se souviendra de Thomas Bercy donnant l’impression de faire corps avec le piano sur « Softly as in a morning sunrise » ou de la virtuosité de François Mary sur « Béatrice » de Sam Rivers.

Cet excellent quartet nous a souvent emmené dans des improvisations loin du thème initial pour redescendre comme par magie, ensemble, sur une dernière note soufflée, voire murmurée dans un bec de saxophone.

Ernest Dawkins a voulu encourager le public à participer pleinement au show et nous a invité à chanter avec lui un très pacifiste et Coltranien « A love suprême ». Sa déambulation dans la salle sur « Oh when the saints » nous a transporté à la Nouvelle Orléans !

Ci-dessous le site de la Sortie 13 où Philippe Gaubert propose des concerts de jazz tous les derniers jeudis du mois.

https://www.sortie-13.com/

Ci-dessous un lien pour écouter Ernest Dawkins

https://bit.ly/41a5ATZ