Very good trip!!
par Annie Robert, photos : Thierry Dubuc
Rocher de palmer / Cenon Bordeaux / 25 avril 2018
Esprits chagrins aux semelles de plomb, bonnets de nuit, faces de carême et autres pisses- vinaigre, passez donc votre chemin, allez faire un tour aux prunes, fuyez cet homme comme la peste… Car Myles Sanko que voici, que voilà avec son élégance toute british ( gilet et barbe bien taillée), son contact facile, son sourire et sa soul à ébouriffer les sages visitandines est un vrai bonheur pour l’âme…
Il redonnerait le moral à un évêque cacochyme, à un chien perdu, à une pierre solitaire ou à un œillet fané. Un remède à la dépression, à la fatigue, au gris des temps modernes, une détente du plexus, une printanisation des pensées, un ascenseur à joie…
Car cet homme là est la générosité même: dans son groove naturel, dans son chant ample et chaud et sa tonicité sans faille, mais aussi dans sa façon d’aborder le monde: né au Ghana, d’un père breton ( il s’exprime assez bien en français ), vivant en Angleterre, il se pense comme citoyen du monde et ne cherche rien de plus que de connecter les gens quels qu’ils soient, à travers sa musique…Venez à moi mes petits amis, non pas pour que je vous croque comme le loup de l’histoire mais que je vous réchauffe comme la bûche dans l’âtre de mère-grand.
« There’ s some love in the house?» sera sa phrase fétiche de la soirée… Et du Love on va en avoir à profusion et on ne s’en plaindra pas… belles ondes, ardentes vibrations, vagues toniques, impossible de refuser ce moment de plaisir et cette allégresse qui vous enveloppe et vous tient chaud.
Remarquer sa proximité avec Grégory Porter est une évidence: Myles Sanko possède un phrasé, une attaque et un placement rythmique très proches de son aîné américain. Mais il n’en est pas une pâle copie. Il a digéré aussi un bout de R&B et une bonne dose de jazz. Et c’est un moment pêchu, rempli de joie à profusion et de bonnes chansons qu’il nous propose. Pas un temps mort, pas d’état d’âme, mais du cœur à l’ouvrage, dans les paroles, dans le son cuivré et la danse qui s’impose.
On se retrouve emportés sans vraiment résister dans une soul dense à la Otis Redding ou Marvin Gaye... de celle qu’on aime: pas lourde, pas grasse, pas appuyée avec un soupçon de gospel, qu’on retrouve sur un titre comme « For You« .
Autour de lui un jazz-band sans faille, avec une mise en place au cordeau: Gareth Lumbers au saxophone et à la flûte et Sam Ewens à la trompette assurent une brillance lustrée et de riches impros, Tom O’Grady aux claviers développe une élégance tonique, Phil Stevenson à la guitare a des traits de rock bien venus et la section rythmique de Jon Mapp à la basse et de Rick Hudson à la batterie relance sans arrêt une pulsation explosive… Myles Sanko sait bien s’entourer.
Les instrumentations riches et les arrangements finement ciselés des compositions de ce nouveau CD ( Just Being Me) transcendent les frontières stylistiques sans délaisser le frémissement, l’explosion sensible que l’on attend d’un album de soul. Même les douces ballades portent un germe de tonicité et un optimisme cautérisant.
Bien sûr cela n’a rien de révolutionnaire, on est en terrain connu, cela n’égratigne pas les oreilles, ne fatigue pas la compréhension.
C’est juste chouette à écouter et incroyablement réconfortant . D’ailleurs il le dit lui même: «Singing with the heart and not with the mind». Il fera sans effort, chanter la salle qui ne se fera pas prier pour danser et frapper des mains happée par la belle voix de velours de ce crooner lyrique et élégant et fera sans rechigner deux morceaux de rappels. Pro et généreux!!
Encore peu connu en France, son talent devrait l’emmener loin. Et le bouche à oreille va faire son chemin n’en doutons pas. S’il revient bientôt par ici, je gage que la salle sera débordante à la fois de spectateurs séduits et de gaîté renouvelée.
Very good trip…. Myles Sanko.