par Philippe Desmond, photos David Bert.

Le Rocher de Palmer, vendredi 18 septembre 2020.

Après la chronique du CD, l’interview, place au concert de Crawfish Wallet, enfin ! Six mois que nous n’étions pas revenus au Rocher, c’était le 12 mars, des rumeurs de fermetures, de confinement, commençaient à poindre, on connaît la suite. Malheureusement on ne connaît pas la fin.

La salle 650 est bien remplie, à la sauce covid entendons nous bien, distanciation oblige, beaucoup ont gardé le masque et il n’y a pas eu d’effusions lors de retrouvailles avec des amis mélomanes pas vus depuis des lustres, quelle frustration. Presque une impression d’être hors la loi en se retrouvant ici ! Mais bravo le Rocher, Patrick Duval et sa troupe, on va être solidaire de votre ténacité !

Nous sommes donc ici pour la sortie du CD de Crawfish Wallet, la Release Party comme on dit quand on est savant. Pas forcément le lieu idéal et la configuration – assis – la meilleure pour venir voir ce groupe plein d’énergie, mais pas le choix. Quelle frustration, que dis-je, quelle torture de ne pas pouvoir danser comme leur musique nous y invite ! Mais le plaisir de les écouter, de les voir, va l’emporter.

Si vous avez lu les deux précédentes chroniques du blog à leur sujet (liens ci-dessous) vous savez qui ils sont, mais petit rappel : Gaëtan Martin (trombone, chœur),

Jean-Michel Plassan (banjo, chant),

Fred Lasnier (contrebasse, chant)

et la pétillante Amandine Cabald-Roche (chant, washboard, tambourin).

Avec en fond de scène leur superbe logo et son écrevisse géante, créé par Jessica « Rouge » Hartley, le décor est planté, nous sommes à New Orleans et ses influences musicales riches et diverses.

C’est parti pour un concert brillant et de pur plaisir. Pourtant drôle d’équipage que ce quartet acoustique avec sa rythmique banjo/contrebasse/washboard et ses deux solistes, voix et trombone. Ca fonctionne à merveille ! J’adore la complémentarité des deux sons six différents, de celui profond et tellement boisé de la contrebasse et de celui aigrelet et métallique du banjo ; le washboard ajoute sa touche roots et amusante. Les slaps de Fred donnent du bonheur quant aux excès de vitesse du banjo ils ne méritent aucune sanction ! Tout est parfaitement arrangé, tout tombe juste, quelle cohésion ! Gaëtan au trombone nous montre l’étendue de cet instrument, jonglant avec les sourdines ou jouant naturel, il en est vraiment un grand expert. Ses duels/duos avec Amandine, elle aussi parfois à travers une sourdine, sont pleins de vie. Les titres assez courts, c’est une volonté, se succèdent, on ne s’ennuie jamais, du blues, du NO, du gospel, de la biguine, du charleston, le vaudou de Marie Laveau, toutes les couleurs de la Louisiane y passent. Le public va lui aussi chanter « Hey là-bas » sous l’impulsion de Jean-Michel Plassan.

Quant à Amandine elle illumine la scène de son talent, de son humour et de son naturel. Quelle heureux hasard pour Gaëtan de l’avoir rencontrée lors d’une jam où elle était venue simplement pour s’amuser, n’étant pas – encore – dans le métier. Avec un registre très étendu de la voix, elle peut aller très bas, son scat, son agilité au washboard, quelle artiste !

Musique populaire, festive mais pas seulement, comme cet émouvant « Strange Fruit » de Billie Holiday, réquisitoire contre le racisme, toujours d’actualité malheureusement.

Le plaisir sur scène est partagé par l’assistance, joie de retrouver du live et d’une telle qualité en plus ! Mais toujours ces fichues fourmis dans les jambes qu’on ne peut pas chasser !

C’était vraiment une éclatante soirée de retrouvailles pour cette sortie du disque « I’m in Nola » que tout le monde s’est arraché à la fin du concert ; mérité.

 

Interview : Crawfish Wallet, des écrevisses à la bordelaise

Crawfish Wallet « I’m in NOLA »

 

https://www.crawfishwallet.com/