par Philippe Desmond.
CRAWFISH WALLET
« I’m in NOLA »
Quand on est musicien de jazz, New Orleans en Louisiane, NOLA, fait toujours rêver. Le berceau du jazz, de tous les jazz quasiment, vit pourtant en ce moment un véritable cauchemar avec la pandémie. Plus rien ne s’y passe, les lieux sont fermés et beaucoup ne réouvriront pas. Quant aux musiciens français qui vont de temps en temps y jouer ils ne sont pas près d’y retourner. Gaëtan Martin le tromboniste de Crawfish Wallet fait partie de ceux-là, il va régulièrement là-bas se mêler aux formations locales. Et cette passion pour NO il l’a traduite en musique sur ce nouvel album. Le nom du groupe fait référence à la gourmandise locale, l’écrevisse, transformée ici en portefeuille. Une associatuion de mots faite par hasard at au final équivalente à notre expression « des oursins dans les poches » ! NO c’est la diversité du jazz mais là on reste dans les racines, le blues mêlé de swing sans renier les influences des Caraïbes proches. Ils sont quatre dans ce groupe créé en 2017, au trombone Gaëtan Martin, au banjo Jean-Michel Plassan, à la contrebasse Fred Lasnier, Amandine Cabald Roche apportant une touche féminine bienvenue au chant et au washboard ; la planche à laver le linge et les dés à coudre pour la seule femme c’est un peu cliché messieurs ! Les quatre s’entendent merveilleusement ça ressort immédiatement à l’écoute.
Voici un petit décodage des titres de l’album grâce à Gaëtan et Amandine. La composition originale « I’m in Nola » qui ouvre l’album du même nom traduit les impressions d’Amandine lors de sa découverte de la ville, un enchantement pour elle, bien traduit musicalement. Suis « My Daddy Rocks Me With One Steady Roll » la première fois que les mots rock et roll ont été associé paraît-il, puis « Somebody Stol My Gal » un vrai vieux standard de là-bas. Une jolie surprise avec le « Black Trombone » de la période bleue de Serge Gainsbourg venant d’un magnifique album de 1962. Citons encore la longue litanie de Bessie Smith « Ain’t Gonna Play No Second Fiddle » très complexe à chanter et jouer, le « Make Me A Pallet On Your Floor » de Sidney Bechet et son solo collectif ! « Saint Louis Cemetary Blues » titre très old jazz, qui pourrait être la suite de « St James Infarmery » mais qui ne date que de l’année 2000. La seconde composition originale « Learning » est l’occasion pour le groupe de nous offrir une douce polyfonie vocale sur un blues lent. « I Wish I Could Shimmy Like My Sister Kate » est un des titres préférés d’Amandine et que reprend sa collègue admirée Cécile Mc Lorin-Salvant ; signalons qu’elle n’a rien à lui envier micro à la main ! «Way Down in A Hole » c’est le morceau de bravoure de Fred Lasnier avec un gimmick de contrebasse envoutant ; ce titre de Tom Waits est utilisé dans la série « The Wire ». « Light The Way » repris par Harry Connick Jr est un morceau entraînant de brass band repris ici par le seul trombone de Gaëtan Martin et pourtant ça marche très bien ! Un défi relevé. Pour terminer une biguine « Hé là-bas », les Caraïbes ne sont guère loin et influencent beaucoup la musique de NO depuis longtemps.C’est Jean-Michel Plassan qui la chante avec Amandine, embarquant chaque fois le public avec eux lors des concerts bien sûr.
Car ce groupe, pour l’avoir vu plusieurs fois sur scène, c’est en public qu’il prend tout son sens c’est gai, tonique et les fourmis dans les jambes arrivent très vite. Mais déjà écoutez l’album, c’est une vraie réussite.
Interview à suivre sur ce blog…
Sortie officielle de l’album le 18 septembre 2020 au Rocher de Palmer :