THOMAS LELEU

« OUTSIDER »

Par Cédric Pichot.
Album: OUTSIDER
Sorti chez Tuba French Touch en 2024
Tuba: Thomas Leleu / Piano, arrangements: Laurent Elbaz / Guitare basse: Kevin Reveyrand / Batterie: Francis Arnaud / Guitare: Jérôme Buigues / Saxophone: François Chambert
Voir Thomas Leleu sur scène est déjà un spectacle tellement l’artiste envahit l’espace de son instrument disproportionné, mais découvrir cet album est une immersion dans son espace de vie.
Lauréat d’une victoire de la musique en 2012, toujours attiré par les musiques du monde, aujourd’hui il fonde son propre label, et se produit dans toutes les salles de France et de Navarre.
Thomas Leleu n’est plus à présenter, mais grâce au grand nombre de récompenses qui lui ont été attribuées, son audace, son courage, il a su se faire une place dans le milieu jazz.
Souvent comparé à Ibrahim Maalouf, son répertoire est vaste, et après tant d’années de « «classicisme» », il peut nous livrer une musique plus personnelle et très réjouissante.
Cet album, le troisième sorti chez Tuba French Touch , publié par l’autre distribution, se nomme « Outsider ».
Outsider, comme se définit Thomas, car porter haut et fort le tuba est un exercice périlleux mais tellement riche, La Tuba French Touch, et c’est cette force qui nous touche.
Il nous permet de découvrir cet instrument, le tuba, peu utilisé dans le milieu du jazz. Cet album est une fusion des genres, comme le définit lui-même l’artiste.
Sur cet opus l’instrument est magistral et la qualité d’enregistrement particulièrement soignée. Son phrasé est d’une grande limpidité, et qu’un tel instrument nous délivre de si belles harmonies est surprenant.
L’album démarre par un opus d’une grande clairvoyance, un morceau haut en couleurs, sur un rythme en décalé à la guitare, le tubiste se livrant à un festival de phrasés, le thème étant très chantant, et d’une vivacité intéressante.
Là-dessus le Tuba revient dans les premières notes mais très vite la place est laissée à l’ensemble des musiciens et sur ce deuxième opus, la guitare de Jérôme Buigues est flamboyante.
Puis, place à la grandeur, le troisième morceau est construit comme une symphonie, on pourrait l’imaginer en musique de film. Le morceau force au fur et à mesure, le tuba répond à la batterie, la montée est toute en puissance et maîtrise, et le saxophone de François Chambert vient emmener le morceau sur la planète rock… La mélodie nous transporte et le saxophoniste nous offre une vision onirique.
La suite se poursuit par la voix des airs, la légèreté du thème est très agréable, et les voix des musiciens s’élèvent à l’unisson pour chanter le chorus, joué ici au tuba ; morceau magnifique tout en légèreté. Et puis nous voilà sur la planète brésilienne, une bossa envahit l’espace et nous donne l’envie de bouger.
Laurent Elbaz démarre le morceau suivant, comme une ouverture de Bach, car il se nomme « Back tubach »….et la composition prend de suite une allure rock, presque métal, la guitare n’y étant pas pour rien. Mais le tuba veut ramener un peu de douceur et se laisse lui aussi emporter par l’opulence des sons de heavy-metal.
Sur une composition de Jérôme Buigues, la basse de Kevin Reveyrand nous délivre un son rond et funky, se mêle le son du tuba, bien sûr mais les musiciens sont bien ensemble, sonorités très chaudes et avec un côté presque « Zappayen ».
Bref, un album à écouter et faire écouter, car ce disque vous emporte, très facile à fredonner, les morceaux relativement courts font le job, et s’enchaînent avec facilité. L’artiste a su rendre à cet instrument ses lettres de noblesse.
Mettre le tuba au devant de la scène était un défi, Thomas l’a relevé et l’a réussi.