Par Dom Imonk, photos Dom Imonk et Philippe Desmond (*)

Une longue file d’attente au Rocher de Palmer, l’ambiance des grands jours, même pluvieuse. Du rap dans la 1200, c’est complet ! Et du jazz dans la salle « 650 », quasiment pleine ! C’est Mathieu Tarot qui avait cette année la lourde tâche de conduire le Big Band du Conservatoire Jacques Thibaud de Bordeaux. Trompettiste émérite, dont le jeu magnifique illumine bien des concerts dans la région, et des jam échevelées, où il aime à se produire aux côtés de ses élèves dont la ferveur est contagieuse. Et ceux-ci semblent fort l’apprécier, quand on voit la qualité de leurs interventions, répondant au doigt et à l’œil aux signes et invitations de leur maestro. On saluera au passage le remarquable travail effectué les années passées par Julien Dubois, présent dans la salle, directeur de la classe jazz et des musiques improvisées, pour avoir lui aussi dirigé ce Big Band, sur des projets allant de Frank Zappa à John Hollenbeck, en passant par King Crimson. Ce soir, ce sont deux illustres acteurs du jazz américain, spécialistes des big bands, qui sont à l’honneur : Thad Jones et Mel Lewis. L’occasion de réécouter leurs albums, dont furent joués quelques thèmes. Un premier groupe ouvre le bal et l’on sent d’entrée un niveau de jeu dont la barre est placée bien haut. Thomas Gaucher à la guitare, qui a participé au déchiffrage des thèmes nous dit-on, Robin Magord au piano et aux claviers, Louis Laville à la contrebasse, Jérôme Mascotto Jrm Masco au saxophone ténor, Jonathan Bergeron au saxophone alto, ainsi que Hiroyo Mashida au trombone et Thomas Galvan à la batterie. En invités de marque, Nicolas Folmer (trompette) et Alexandre Aguilera (flûte) complètent à merveille l’équipe, le premier rejoignant même le pupitre des trompettistes du Big Band, pendant toute la durée du concert.

1° groupe : Robin Magord, Nicolas Folmer, Thomas Gaucher, Louis Laville, Alexandre Aguilera, Thomas Galvan, Jérome Mascotto, Jonathan Bergeron et Hiroyo Mashida.

Nicolas Folmer et Thomas Gaucher

Jonathan Bergeron

Jérôme Mascotto

Thomas Galvan

Louis Laville (*) Phillipe Desmond

Thomas Gaucher (*) Philippe Desmond

Première partie joliment menée, d’un langage jazz énergique, frais et élégant, introduisant idéalement le Big Band en lequel le groupe se fond maintenant, Laure Sanchez Cold Sancho passant à la contrebasse et à la basse électrique sur les morceaux plus groove, Valentin Poulet prenant place à la batterie, bientôt suivi de Yoann Dupuy.

Laure Sanchez

Valentin Poulet

Yoann Dupuy

La direction de Mathieu Tarot est précise et incisive, il connait bien son affaire. Il faut cela pour mener à bon port cette équipée de près de 18 musicien(ne)s qui bouillonnent mais savent se tenir. Les « partoches » sont là, comme d’éphémères tables de la Loi du jazz, et on a visiblement très bien assimilé les thèmes, en sachant répondre avec punch, mais mesure, à la moindre des sollicitations du leader. Une dynamique alternance entre parties vitaminées voire musclées et ambiances plus calmes donne le rythme, mais le tempo d’ensemble et plus à la course qu’à la promenade, et c’est ce qui fait la « couleur » de ce Big Band, dont la mécanique bien huilée, trouve plaisir à se voir maintes fois asticotée par de vibrants chorus, dont ceux, lumineux, de Nicolas Folmer et d’Alexandre Aguilera,

Alexandre Aguilera (*) Philippe Desmond

mais les autres n’ont certes pas botté en touche, Hiroyo Machida, Robin Magord,

Hiroyo Mashida

Robin Magord

Jonathan Brgn Bergeron, Jérôme Mascotto, Mathis Polack, Loïc Guenneguez, Louis Gachet, Paolo Chatet, Robin Peret, et quelques autres solistes et non des moindres s’en sont donné à cœur joie, se succédant pour offrir à chaque fois de mini concerts dans le concert d’ensemble.

Louis Gachet

Paolo Chatet

Mathis Polack

Loïc Guenneguez

Robin Peret

Milo Gancille

L’effet « big band » garanti, dans la grande tradition, irrésistible ! Pensez donc, une section de cinq trompettistes, quatre trombonistes, cinq saxophonistes, ajoutons à cela basse, batterie, flûte et piano/claviers, ça commence à faire du monde à gérer sur scène, et il faut au moins l’implacable maîtrise de Mathieu Tarot pour coordonner toutes ces âmes passionnées ! Et il y parvient avec grâce et aplomb, entraînant sa troupe à nous faire (re)découvrir de délicieux standards plus ou moins connus, en versions sacrément pilotées (cf set-list) ! Ce jazz-là vit intensément, il est intemporel, on en a encore eu la preuve ce soir. Pas de barrière d’âges, les générations se croisent, se respectent et s’enrichissent mutuellement. C’est la clé de tout ! Le public l’a bien senti et en a redemandé, se voyant même offrir deux morceaux de plus ! Il nous tarde de recroiser tous ces épatants musiciens, un peu partout dans la région, et peut-être même jusqu’à Paris, puisque désormais, seulement deux heures nous en séparent ! Magnifique et intense soirée ! Chapeau bas et merci à Mathieu Tarot, à ce beau Big Band, ainsi qu’au Rocher de Palmer et à toutes ses équipes !
Chronique et photos : Dom Imonk. (*) Photos Philippe Desmond.

Merci à Jonathan Bergeron pour son aide précieuse concernant la set-list (photo) et les noms de certains musiciens.

Nicolas Folmer, Mathieu Tarot et Laure Sanchez (*) Philippe Desmond

Direction : Mathieu Tarot.
Arrangements : Thad Jones.
Guitare : Thomas Gaucher.
Piano, claviers : Robin Magord.
Contrebasse, basse : Laure Sanchez, Louis Laville.
Batterie : Thomas Galvan, Valentin Poulet, Yoann Dupuy.
Saxophones : Stéphanie Furtan, Jonathan Bergeron, Jérôme Mascotto, Mathis Polack, Milo Gancille.
Trombones : Hiroyo Mashida, Thibault Sanguinet, Didier Lacombe, Victor Dubray.
Trompettes : Nicolas Folmer, Paolo Chatet, Robin Peret, Louis Gachet, Loïc Guenneguez.
Invités spéciaux :
Trompette : Nicolas Folmer.
Flûte : Alexandre Aguilera.

SET LIST :
1 – Big dipper
2 – Kids are pretty people
3 – Don’t git sassy
4 – Tip toe
5 – Once around
6 – To you
7 – It only happens every time
8 – Us
ENCORE
1 – A child is born
2 – Groove merchant

La set-list !