Par Vince, photos Olivier Barau

L’entrepôt du Haillan – 12 octobre 2019

Manu Katché : batterie

Patrick Manouguian : guitare

Jim Henderson : claviers

Jérôme Regard : basse

Si j’ai bien compté, Manu Katché totalise 10 albums « solo » à ce jour (et plus de 300 enregistrements avec ce qui ce fait de mieux sur la planète musique…).

L’album « The Scope », sorti en février dernier est donc une nouvelle étape dans la vie de ce batteur génial que l’on ne présente plus. Dès les premières notes, on remarque qu’il y explore des horizons moins jazzy que dans les opus précédents (Neighbourhood en 2005, Playground en 2007, Third Round en 2010 et plus récemment Unstatic en 2016).

« The Scope » est un vrai kaléidoscope de la musique actuelle, revue et corrigée par ce musicien qui sait tout faire, tout en gardant sa patte, son empreinte, son touché reconnaissable au premier coup de baguette. Prenant des chemins nouveaux où se mêlent Rap, Funk, Electro voire Reggae, Manu s’amuse à aller là où on ne l’attend peut-être pas, à condition que ce soit bon ! Non, que ce soit excellent, a minima, car le Monsieur est ultra perfectionniste.

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Premier concert de la saison 2019-2020 de l’Entrepôt pour ce concert en partenariat avec le Rocher de Palmer – Musiques de Nuit, la venue de Manu Katché n’a pas laissé les spectateurs locaux indifférents, venus très nombreux applaudir le maître du tempo et peut-être aussi un des musiciens les plus « people » de l’hexagone. Son rôle de jury affûté dans la Nouvelle Star, son rendez-vous One Shot Note sur Arte et ses multiples collaborations internationales depuis les années 80, sont certainement pour quelque chose dans cette notoriété qui a largement franchi les limites d’un public averti.

Sans emphase, on pourrait même affirmer qu’il est à ce jour l’instrumentiste français (encore vivant) le plus populaire. Les 2 Michel (Petrucciani et Legrand) nous ayant quitté, j’espère que Jean-Michel Jarre, Daft Punk es DJ David Guetta, Solveig, Garnier… ne m’en voudront pas trop (si seulement ils pouvaient lire les papiers d’Action Jazz !).

Revenons au live.

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Casquette vissée sur la tête, polo Lacoste gris, comme d’habitude Manu file direct derrière les fûts alors que ses 3 sidemen entre les uns après les autres sur une intro assez planante plutôt énigmatique… et pour cause. A la fin du morceau, Manu descend de son podium central pour prendre la parole. D’habitude, dit-il, « je ne prends pas la parole à la fin du morceau », mais là, il y a un problème technique. En effet, l’ordinateur de Jim Henderson semble surchauffer et cela décale le tempo entre les séquences et le jeu live. Inutile de vous dire que cela ne le fait pas pour Manu ! Alors, en attendant le retour à la normale, il comble en parlant au public… du projet musical de « The Scope » d’abord, puis de ses musiciens, impliqués dans l’album et dans la tournée et enfin de l’évolution des réparations.

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Sur un mid tempo, la guitare attaque en solo le second morceau (« Overlooking ») dont la coda permet d’apprécier le jeu pianissimo du quartet.

Sur le titre « Vice », la voix et les mots de Faada Freddy résonnent sur le jeu live des musiciens. Malheureusement les dieux de la technique ne sont pas bien lunés en ce samedi soir et la vidéo du chanteur se trouve décalée du son.

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Cela donne à Manu Katché l’occasion de revenir sur le devant de la scène, parler aux spectateurs et de montrer ses talents d’improvisateur, à l’oral aussi. Agacé par ces incidents à répétition, il ne cesse de s’excuser d’avoir jusque là davantage parlé que joué. On sent à quel point il est navré de ne pas exécuter ce qui est prévu et de ne pas livrer comme il le dit, une prestation « un peu classe ». Perfectionniste, vous disais-je précédemment.

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Les choses semblant être de nouveau en ordre, le cours du concert reprend.

Les titres de l’album « The Scope » s’enchaînent. « Goodbye for now », « Glow » puis « Paris me manque », morceau de rap écrit et interprété par Jazzy Bazz, un jeune rappeur Parisien, dont le talent d’écriture est salué par Monsieur Katché qui souligne au passage, l’importance des connexions et des transmissions entre générations.

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Le fringant sexagénaire (hé oui déjà !) le prouve en donnant l’occasion à de nombreux talents (plus ou moins jeunes) de s’exprimer avec lui, comme sur le titre « Let love rule », écrit et chanté (via enregistrement) par l’américaine Jonatha Brooke, à la fin du show.

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Le chant est d’ailleurs assez présent dans ce dernier projet ; Manu chante en live comme il le fait en studio sur les titres « Don’t you worry for me », « Please do » et « Glow ». Sa voix, modifiée par le vocoder et les effets se cale sur ces tempos différents et à aucun moment on ne se méprend, Manu est un batteur avant tout, mais son talent est total et le résultat harmonieux. Que ce soit sur du jazz rock pur jus ou des compositions plus électro, l’équilibre entre la batterie et les autres instruments est juste impeccable. Tour à tour il permet à ses compères prendre le leadership comme sur le slow « song or her » où il laisse la guitare s’exprimer davantage.

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Manu Katché joue avec un talent extrême et à la fois très simplement, sans trop en faire, sans démo, tout en technique et en sensibilité. Applaudi chaleureusement par le public du Haillan, on ressent que Manu est venu pour lui faire plaisir avant tout et aussi pour se faire plaisir ! C’est ça la classe !

Set list :

  • Keep connection
  • Overlooking
  • Vice
  • Goodbye for now
  • Glow
  • Paris me manque
  • Fooling around
  • Don’t you worry for me
  • Please do
  • Song for her
  • Tricky 98
  • Let love rule
  • No VAT