March Mallow au festival Jallobourde

par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine.

Festival Jallobourde, Canéjan (33), le 13 janvier 2023.

L’été dernier nous avions découvert le quartet March Mallow qui avait bien tourné en Gironde grâce à son label « Scènes d’Eté » du Conseil départemental, dispositif qui permet aux organisateurs des aides financières pour accueillir les groupes sélectionnés par un genre de concours. Monségur, Andernos, Cabarra, Alriq… avaient ainsi programmé la formation pour le plus grand bonheur du public. Action Jazz s’en était fait l’écho sur ce blog.

Ce groupe a en effet marqué les esprits. Un quartet venu du Mans, assez classique a priori, Eric Doboka à la guitare, Christian d’Asfeld au piano, Thomas Plès à la contrebasse et Astrid Veigne au chant. March Mallow, de la guimauve acidulée de jazz vintage ? Ça aurait en effet pu être le cas mais avec eux et elle il se passe quelque chose de spécial, cette guimauve là, certe sucrée, a aussi des saveurs nouvelles, raffinées, riches et complexes.

Cantonnés jusque-là à des standards américains des années 50 superbement arrangés et interprétés, les voilà qui reviennent avec un répertoire étoffé de leurs propres compositions, la marche (mallow) au dessus. Quatre en Anglais, et surtout deux en Français, enfin oserai-je dire, qui font jouer notre langue avec le jazz, comme quoi c’est possible. Musicalement une personne qui ne connait pas les standards ne fera pas la distinction, les nouvelles compositions sont réussies et s’intègrent parfaitement au répertoire, ce qui n’était pas gagné d’avance quand on doit se confronter à « Summertime » (sublime arrangement d’une lenteur qui vous tient en apnée) « September in the rain » ou au tonique « Hit That Jive, Jack » de Nat King Cole.

Portée parfaitement par le trio qui swingue quand il faut et maîtrise au mieux les ballades, Astrid Veigne peut libérer sa grâce, vocale et corporelle. Sa voix d’une réelle douceur peut aussi se faire énergique, son sourire ne la quittant jamais. Il faut la voir comme flotter sur la scène, se mouvant lentement lors des chorus de ses compères. Sera-t-elle arrivée à temps au micro pour reprendre la chanson, on s’en inquièterait presque, tant elle glisse doucement, sensuellement ? Bien sûr qu’elle sera là pour nous offrir ce grain de voix rappelant parfois Billie.

Quant à moi, pour la quatrième fois que je les vois, je vais encore me faire cueillir par leur sublime version de « Mr Bojangles », une valse lente venue de chez Nina Simone que le quartet reprend avec une élégance folle ; bouleversant. Public envoûté, pas un bruit dans la salle d’où jaillissent à la fin des magnifique ! des bravo !

Deux rappels seront nécessaires pour calmer l’enthousiasme de la salle, un « Nature Boy » intimiste puis un solide « I put a spell on you ».

Un deuxième album en vue…mais seulement pour début 2024, ils ont encore à travailler avouent-ils. Ah bon ?

Au fait, c’est à signaler et ça fait plaisir, une salle comble, 360 personnes et pas mal de monde refusé. Les organisateurs du festival Jallobourde, Louis Gilly en tête, sont récompensés de leur travail. Et pour ce public un jour de chance en ce vendredi 13 !

https://www.march-mallow.com/

Photos :