par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Créon, jeudi 19 novembre 2019.
Déjà la 11ème saison des « Jeudis du Jazz » organisés par la dynamique association Larural de Créon. Dates faciles à retenir, toujours le jeudi soir précédant les petites vacances scolaires.
Ce soir les Soul Jazz Rebels, un quartet bien français comme son nom ne l’indique pas avec même des musiciens régionaux. C’est la philosophie des programmateurs ici, Serge Moulinier, lui même musicien et Carlina Cavadore la directrice de Larural, faire venir pour ces « soirées cabaret » plutôt des groupes qui ne sont pas – encore – des têtes d’affiche mais qui pourtant offre des prestations de très grandes qualité. Ceci n’empêchant pas comme l’an dernier avec le duo Peirani-Parisien ou encore Laurent Coulondre et le 16 avril prochain le duo Ceccaldi-Negro, de proposer des gens plus médiatiques lors de concerts plus formels.
Mais d’abord dégustation du château Haut-Peyrat l’occasion de faire un vilain jeu de mots avec les propriétaires et de leur signaler aimablement que ce soir c’est du jazz et qu’un Haut Peyrat n’a rien à faire ici. Calembour pourri, vin excellent, c’est le principal.
Soupe, plat chaud, patisseries, les nourritures musicales ne suffisent pas ici et participent à l’ambiance conviviale qui règne. Et en plus ce soir beaucoup de monde s’est déplacé, c’est quasi complet, alors que cette date proche de Noël est habituellement la moins fréquentée. Encourageant pour les infatigables organisateur8s et nombreux bénévoles. Que serait la culture en France sans eux… ?
Soul Jazz Rebels c’est Jean Vernheres au sax ténor,
Hervé Saint-Guirons à l’orgue,
Cyril Amourette à la guitare
et Christian Ton Ton Salut à la batterie.
Un son délibérément 60’s dans cette veine du jazz bop-soul-blues mais avec des compositions originales, aucune reprise ; l’art de faire vivre cette musique avec du neuf. Evidemment tout le monde, moi le premier, va aller chercher les références dire tiens ça on dirait machin, ça c’est plutôt truc et chose, non non, c’est du SJR, principalement des compositions de Cyril, Jean et Ton Ton.
Bien sûr à l’écoute des contre-chants de l’orgue dans « Mama Lou » on pense à l’univers de l’autre Lou, Donaldson au demeurant saxophoniste, évidemment Kenny Burrell n’est jamais loin de la superbe Guild X180 de Cyril Amourette (tout un programme mesdames !) et son pote Stanley Turrentine copine avec Jean Verhneres dont le Selmer Mk VI de 1965 – et pourtant comme neuf – a connu cette époque.
Les articulations entre les trois fonctionnent à merveille Ton Ton Salut dynamisant le tout de son beat très percussif ; magnifique solo au son très « tambour » en fin de concert.
Les chorus s’enchaînent naturels, Jean Vernheres, le sympathique et souriant Monsieur Loyal du groupe, très lyrique dans son jeu, Cyril Amourette au jeu clair et délié alternant instantanément plectre (je ne dis plus médiator depuis la triste affaire) et doigts, Hervé, alias le révérend, faisant des pieds et des mains pour à la fois faire ronfler la pulsation des basses et feuler ou miauler son clavier et entretenir le groove.
Si vous ne savez pas ce que veut dire jouer en place, allez les écouter, vous comprendrez de suite. Tout tombe juste même après des passages enflammés, chacun est au rendez-vous pile, les fins de titres sont parfaites. Et pourtant entre le Bordelais Hervé, le Toulousain Cyril, le Bayonnais Jean et le Marseillais Ton Ton les rencontres ne sont pas si simples !
Déjà deux albums à leur actif et si j’ai bien compris de nouvelles compositions qui sont prêtes pour un troisième. Ne vous gênez pas messieurs on adore !
Encore une belle soirée avec un vrai spectacle, de vrais artistes bien sonorisés sous une belles lumières et un public heureux.
Prochains « jeudis du jazz »
20 février 2020 : Atlas quartet (formule cabaret)
16 avril 2020 : Théo Ceccaldi & Roberto Negro – Montevago (formule concert)
http://www.souljazzrebels.com/
http://www.larural.fr/