par Patrick Beyne, photos Dominique Pelletier

Respire Jazz 2021,  dimanche 27 juin 2021

Une conférence « Coltrane à pas de géant »

Devant 40 spectateurs Franck Bergerot, journaliste et rédac chef bien connu de Jazz Magazine, anime une conférence qui a pour titre « Coltrane à pas de géant ». Nous sommes tout ouï, c’est un vrai bonheur que de l’écouter nous conter le parcourt et les péripéties de John Coltrane.

Il évoque l’absence du père et l’investissement du saxophoniste dans, malheureusement, l’alcool et autres addictions, mais fort heureusement et surtout dans la musique traversée par différents courants musicaux. Ce fut une conférence très pédagogique avec des illustrations musicales déclinants les différentes étapes de sa vie de musicien. Ses allez et retour chez Miles Davis et autres grands leaders du jazz sont illustrés par des extraits musicaux très représentatifs de son parcourt et des influences de l’époque. Des comparatifs entre plusieurs enregistrements du même titre enregistré à différentes époques nous ont permis d’apprécier l’évolution de son art. Grand merci Monsieur Bergerot pour amour de la musique.

Raphaël Pannier Quartet

Sous les tivolis et à l’abri des éventuelles intempéries, traditionnellement installés sur des bottes de pailles nous sommes impatients de découvrir le batteur et compositeur Raphaël Pannier en quartet.

Il est accompagné par un trio de choc, trois icones françaises du jazz n’ayons pas peur des mots, Stéphane Guillaume sax ténor et soprano, Thomas Enhco au piano et François Moutin à la contrebasse.

Ils présentent l’album « Faune », titre en clin d’œil au siècle de Debussy. Pour Raphael Pannier cet opus est le fruit de 10 ans de travail aux US.

Ce surdoué des rythmes y fut, entre autres, batteur dans le fameux Mingus Big Band.

C’est la première fois que, sous cette forme, le quartet se présente sur scène. L’album Faune fut enregistré aux USA, exception faite pour François Moutin, par des musiciens américains.

Du pays des USA notre batteur, qui se sentait ‘’ très Frenchy ’’, revient avec des reprises de standards, des compositions personnelles et certaines inspirées du répertoire classique français.

Après quelques reprises, ‘’ Lonely Woman ‘’ du saxophoniste Ornette Colman, ‘’ Midtown blues ‘’ du trompettiste Lee Morgan, ‘’ ESP ‘’ de Wayne Shorter, ils nous présentent ‘’ Lullaby ‘‘ composition originale de Raphael Pannier.

Une reprise avec des arrangement très personnel et original du ‘’ Baiser de l’enfant jésus ‘’ d’Olivier Messiaen nous permet d’apprécier, à justes titres, sa solide connaissance du répertoire classique. Ravel est également à l’honneur avec la reprise du thème de « Forlane ».

Comment évoquer les musiciens si ce n’est sensibilité, douceur, finesse du jeu chez Thomas Enhco au piano. François Moutin dans des superbes soli dont il a coutume, « Lui dont l’infaillible oreille soutien la musique avec grande autorité » pour reprendre les commentaires de la presse spécialisée. Présence sans faille de Stéphane Guillaume alternant saxophones ténor et soprano.

A l’occasion d’un rappel unanimement applaudi par le public les musiciens jouent ‘’ Caprichio de Raphael ‘’. Une composition du Brésilien Hamilton de Holanda sur lequel François Moutin interprète le thème initialement joué au bandolino, type de mandoline, avec sa contrebasse. C’était un défi lancé à François Moutin par Raphael Pannier, pari réussi à tous les égards.

Originalité du festival ou hasard de la programmation deux batteurs sont présents en qualité de leader. Eux qui ne sont pas prédestinés à la composition ni à la direction.

The Dedication Big Band.

17 musiciens, piano, basse, batterie, guitare, 4 trombones, 4 trompettes et 5 saxophones

Dirigée par le batteur Philippe Maniez, cette formation, crée en 2016, reprend tout juste après les restrictions liées à la période Covid. Principalement de jeunes musiciens parisiens, issus pour la plupart du Conservatoire National Supérieur, moyenne d’âge inferieure à 30 ans, ils présentent l’album ‘’EXOLODE ‘’. En évoquant les titres des compositions, toutes originales, Philippe Maniez revendique une forte implication dans l’écologie et les valeurs du temps, exploration spatiale, la Marche des Femmes à Washington etc.. Une musique et des arrangements aérés qui laissent beaucoup de place pour le piano et la guitare. C’est, pour ma part, plus un quartet piano, basse, batterie, sax, accompagné par une section cuivres/anches un peu à l’identique d’un orchestre à cordes.

J’ai pu apprécier ‘’ In this together ‘’ avec une intro délicate du pianiste Bastien Brison, certainement un futur grand du jazz en France

Une musique lumineuse avec un jeu très collectif et sans lourdeur ce qui est souvent une gageure pour un bigband.

Eux qui « revendiquent la volonté de participer à un grand projet où le collectif dépasse de loin l’individuel » ont atteint leur objectif.

 

 

Quelques photos du groupe Alba :