Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

South Town Jazz festival, mercredi 27 mars 2019

Dans sa pas si longue histoire le jazz a connu des périodes charnières, des évolutions des changements de styles et ça continue pour notre plus grande joie. Le « Gene Krupa project » de François Laudet retrace une de ces périodes, quand le swing, bien implanté avec notamment ses big bands, évolue vers des formations plus réduites. Mouvement amorcé au début des années 30, crise économique oblige, quand les gros orchestres, à quelques exceptions près, auront tendance à maigrir vers des sextets ou septets. Effet secondaire, les musiciens seront ainsi plus visibles, moins noyés dans la masse et la notion de soliste se développera.

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De fait la musique évoluera, les arrangements se modifieront. Un musicien n’aura pas, lui, attendu ce régime sec pour se faire remarquer, Gene Krupa, le batteur exubérant, enflammera les foules au sein du big band de Benny Goodman. Il sera l’un de ceux qui fera basculer le swing vers le be-bop, passant du big band à sa propre formation puis à des collaborations avec Charlie Parker ou Dizzy Gillespie. Dans les 50’s il jouera en quintet ou sextet un swing be-bop dynamique. C’est tout cela que François Laudet va nous présenter ce soir à Soustons où madame le maire nous accueille avec Guillaume Nouaux le responsable artistique, dans cette magnifique salle Roger-Hanin  ; et oui cette ville est un des pôles de la vie d’un ex Président de la République, dont on peut croiser sur la promenade la statue en pied avec son chien à ses côtés, et de son clan familial de Latche. 

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Concert flamboyant de jazz désormais étiqueté classique ou mainstream et dont certains, qui courent après les modes et regardent ça avec un peu de condescendance, se privent. Du pur bonheur musical pourtant avec un swing et une bonne humeur qui vous embarquent. Il faut dire que le personnel sur scène n’y est pas pour rien.

Autour de François Laudet estampillé meilleur batteur de swing français – le monsieur a tout de même joué dans la formation de Count Basie – quatre excellents musiciens.

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Le jovial Cédric Caillaud qui fait swinguer sa contrebasse comme personne, ne se ménageant aucune pause et nous offrant en plus des chorus dignes de doublebass hero.

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Au piano Pablo Campos, aussi chanteur et compositeur mais pas ce soir, assurant une rythmique alerte et marquant énergiquement du talon le tempo ; une valeur sûre et montante.

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Malo Mazurié est à la trompette, lui aussi talent montant de la scène française, qu’on retrouve dans de nombreux projets et pour cause ; il faut l’entendre moduler les sons à la sourdine souple, un régal.

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Une découverte pour moi ce soir le saxophoniste et clarinettiste Esaie Cid ; cheveux gominés, costume alpaga, élégance d’Hidalgo ce qui n’est pas forcément un compliment pour ce Catalan de Barcelone. Élégance aussi dans son jeu, c’est le principal et un vrai talent d’arrangeur. C’est lui qui a tout retranscrit et arrangé pour le quintet et le résultat est superbe. Quant au boss du soir il est phénoménal de swing donc, d’aisance, de créativité et d’humour ! On se pose souvent la question de savoir si le mouvement perpétuel existe j’ai la réponse : oui, celui de sa main droite.

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Un ride parfait, un usage des toms médium et basse caractéristique de l’époque – la caisse claire sans timbre aussi – et une main gauche percutante. Et ne parlons pas de ses six pieds. Gene Krupa peut dormir tranquille, son talent vit encore à travers François Laudet. A l’aise aussi au micro pour parler avec précision et humour de Gene Krupa, de sa musique, de son époque. En fin de concert il invitera Guillaume Nouaux, le boss aussi mais du festival, à le rejoindre pour un duo-duel à la batterie jubilatoire, il en tombera même la veste.

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Répertoire hors des sentiers battus, avec des trouvailles comme le « Indian Club » et ses tambours tribaux, ou le menuet-swing (!) « Coronation Hop » du trompettiste Charlie Shavers. Tout cela figure dans l’album du projet, déjà magnifique, mais vraiment sublimé sur scène ; comme toujours ! Le live c’est la vie.

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En première partie, pendant l’apéro tapas, le Little Jazz Combo avec des anciens de la CHAM (classe à horaires aménagés musique du collège local) nous a offert des standards. Bons moments que ces premières parties où des jeunes peuvent faire leurs armes sans pression avec la bienveillance de tous.

 

 

Il restera encore quatre soirées, on en reparlera.

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© PM carte Action-Jazz