Aliaga trio en concert au Mascaret
Par Philippe Desmond, texte et photos.
Blaquefort, jeudi 9 novembre 2023
Il y a deux ans nous avions découvert le trio Aliaga lors de la sortie de son premier album. Aliaga trio – Rhumbango
Créé par le saxophoniste espagnol Alfonso Lozano,vivant et travaillant à Bordeaux notamment comme professeur de musique, le trio se produisait récemment à la salle du Mascaret à Blanquefort pour un concert offert par la ville dans le cadre du festival multi culturel « Musicalacarte ».
Trio cosmopolite car Alfonso est aux sax alto et soprano, le brésilien José Vicente Da Silva aux percussions et Benoît Coussot au piano. La musique résolument latino, ou latina comme vous préférez, aux influences fortes de Cuba, mais aussi du Brésil et d’Amérique, Latine donc. C’est justement par un choro brésilien, « Dôce de Coco » de Jacob do Bandolim que débute le concert, une sucrerie nous dira Alfonso, une musique alerte et enjouée au son ici du sax alto, du piano et du pandeiro ( tambourin brésilien). Ils enchaînent sur une milonga, sorte de tango mais plus dynamique, de l’argentin Negro Aguirre. Un tour au Vénézuela avec la « Valse Venezolano » du cubain Paquito D’Rivera. Mais alors le jazz dans tout ça ? Il est là en permanence, les thèmes et leurs rythmes étant des prétextes à aller plus loin, à improviser.
Même Antonio Carlos Jobim est de la fête avec l’éternel « Insensatez » ou « How Insensitive » en anglais. Le sax s’y fait de velours – hello Stan – en duo avec le piano.
Mais voilà le moment de nous proposer en avant première des titres qui figureront dans le prochain album prévu l’an prochain. Huit compositions sont déjà écrites, une création collective précise Alfonso. « Ecos de Levante » est une jolie mélodie de facture classique – comme un concerto – sur une rythmique nerveuse piano, batterie. Voilà « Contradanza » de Paquito D’Rivera caractéristique de la musique mélée de Cuba aux influences nombreuses, du classique, du latino, avec ici une pointe de jazz bien sûr, avant de découvrir une nouvelle composition « Voyage » où la revendication du groupe de faire du latino progressif s’affirme.
Beaucoup de jazz là-dedans, les impros des trois musiciens qui s’entendent parfaitement, s’enchaînent pour le plus grand plaisir d’un public qui a bien rempli cette jolie salle. Voilà une musique qui apporte joie et soleil avec une touche d’émotion, loin de la salsa ou de rythmes de danses endiablées, plutôt dans la sensualité et le raffinement.
Dur retour à la réalité, dehors il pleut des cordes, pas de piano, mais de pluie, encore, toujours…