par Philippe Desmond.

Brasserie l’Orient, Libourne le 21 janvier 2022

Quand on est musicien, de jazz en particulier, il faut aussi faire le métier. Loin des salles de concert, des festivals, on doit travailler pendant que les autres s’amusent ou prennent du bon temps ; on dit pourtant qu’ils jouent, ce qui fait croire à certains que ce n’est pas un métier… Ce soir à la brasserie de l’Orient ils sont trois à le pratiquer, Manu Milhou, le batteur et organisateur de ce rendez-vous mensuel (chaque troisième vendredi du mois), Christophe Jodet à la contrebasse et Thierry Lujan à la guitare et l’harmonica. La quatrième, chanteuse, est là elle par passion, elle a délaissé sa roulette et ses fraises pour venir l’assouvir. En plus, Sophie Bourgeois, native de Libourne – comme moi – joue ici chez elle, comme le prouve la présence de nombreux de ses amis.

Ce genre d’exercice ne se prête bien sûr pas aux innovations, à la création à la prise de risques ; quoi que. Jouer des standards peut se faire de façon routinière, pas trop fort dans un coin pour ne pas gêner ou de façon plus engagée en les ré-arrangeant, les tordant, en laissant libre cours aux improvisations. C’est justement le cas ce soir. Si le répertoire reste des plus classiques avec ses standards américains et des chansons françaises de Gainsbourg, Montand, Salvador ou Nougaro, ces dernières souvent bâties sur des thèmes américains (« Dansez sur moi » version française du « Girl Talk » de Neal Hefti) brésiliens (« Bidonville » sur la musique de « Berimbau » de Baden Powell et Vinicius de Moraes) il est passé à la moulinette du quartet avec fraîcheur et souvent originalité.

Sophie a visiblement une joie de chanter dans cette brasserie à l’ancienne, authentique, emblématique de la ville et qu’elle a toujours fréquentée mais s’y est peu produite. Elle va très vite scater, ce qu’elle fait de mieux en mieux et parfois pousser sa voix dans des aigus de cantatrice, avec un rire pour les ponctuer. « In a mellow tone » , « Watch what happens », « I can’t give anything but love », « Four brothers », d’autres tout aussi connus réentendus avec plaisir car le trio assure derrière. Un qui est particulièrement en verve ce soir c’est Thierry Lujan, un mois qu’il n’a pas joué, touché par la maladie à la mode mais sans trop de problèmes quand-même au vu de sa volubilité ! Pas avare de chorus, il dialogue souvent avec Sophie et la rythmique les pousse sans retenue ou délicatement sur certaines ballades.

Une invitée, Maureen Esivert, viendra s’éclater au micro avec une version endiablée de « Sweet Georgia Brown », puis c’est Thierry Valette le viticulteur-chanteur, ou l’inverse, qui posera sa voix sur « Alone together ».

Rien d’extraordinaire diront certains, si, le plaisir d’une soirée entre amis devant un très bon repas, c’est important, dans cette ambiance musicale de grande qualité. Pas si fréquent en ce moment.

Prochain rendez-vous ici le vendredi 18 février avec Rêve de Swing, du swing manouche avec deux guitares, un violon, une contrebasse que Manu Milhou viendra renforcer aux baguettes et aux balais.

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