Par Philippe Desmond
Bordeaux Swing & Wine, jeudi 27 janvier 2022.
Retour de mon émission « Jazz d’ici et d’ailleurs, à 18h30 le thermomètre de la voiture affiche déjà zéro degré, envie de feu de cheminée… Ce soir il y a bien un concert du Bordeaux Swing and Wine, le 14ème, je peux bien en manquer un pour une fois. Mais ma curiosité est titillée par l’invité du jour du trio habituel, un chanteur-trompettiste ou l’inverse, suédois du nom de Björn Ingelstam. Justement j’ai prévu pour bientôt une émission sur les trompettistes, alors un petit effort. Dîner sur le pouce et je repars, j’aurais certes pu le regarder en live sur Zoom ou Facebook mais j’aurais alors manqué la dégustation du Côte de Bordeaux rouge du Château Chatard ; du swing certes mais du wine aussi ! Et comme pour le célèbre bonbon, le double-effet s’est produit, un réveil plus qu’agréable des sens olfactif et gustatif suivi d’une explosion auditive et visuelle – là j’exagère un peu ! – quant au sens tactile on évite en ce moment.
Pour ceux qui ignorent encore le principe, le BS&W est né du premier confinement, d’abord uniquement en ligne il s’est ensuite élargi au public, aussi bien chez Stéphane Séva lui-même, que chez l’habitant. La technique balbutiante des débuts s’est améliorée, plusieurs caméras et micro et un éclairage à la hauteur. Le trio de base c’est Stéphane Séva (washboard et percussions), Hervé Saint-Guirons (clavier) et Laurent Vanhée (contrebasse). Ils ont déjà reçu de nombreux invités (voir articles dans ce blog) aussi variés qu’Aurore Voilqué, Guillaume Nouaux, Marie Carrié… et même Cyrille Aimée. Chaque fois un viticulteur vient présenter son vin et la technique est assurée par Benoît Teytaut qui présente aussi le concert en direct et sur la toile. Ce soir il va démarrer fort en s’adressant à Björn ne parlant pas le français : « The first morceau is from your last album ? ». Rires et chambrage ! Bonne enfant l’ambiance. J’ajoute que ces concerts sont participatifs sur place et sur le net, sans obligation mais c’est quand même la moindre des choses !
Ce soir c’est donc Björn Ingelstam qui est à l’honneur, son prénom trahissant sa provenance, la Suède. Les pays scandinaves, surtout la Norvège, sont surtout réputés pour leur jazz novateur. Le suédois le plus célèbre est le pianiste Esbjörn Svensson du célèbre trio E.S.T. Björn va lui être dans une approche plus « classique » mainstream mais aussi be-bop. Il s’est déjà frotté à la scène de NYC – il y a joué notamment au Birdland – et s’installe en ce moment à Paris.
Le concert débute sur le titre qui donne son nom à l’album qui vient de sortir « The start of something big » une reprise au sens, espérons-le, prémonitoire pour Björn ; on va vite voir qu’il en a les possibilités. Le jeune trentenaire débute en chantant. On ne peut alors éviter de penser à Chet mais si son timbre de voix est assez proche il n’a pas du tout la même façon de traîner sur le temps et la comparaison, qui ici confirme qu’elle n »et pas raison, s’arrête là. D’ailleurs il ne reprendra aucun morceau joué par le trompettiste maudit. Le swing est de suite là sur un tempo très up, parfaitement maîtrisé par le trio, le washboard remplaçant parfaitement la batterie. Le son de la trompette est très pur, la gamme est large mais les aigus arrivent vite. Le talent se confirma sur le titre suivant puisé chez Dizzie Gillespie « And then she stopped » Björn s’avérant parfait aussi avec la sourdine. Vont suivre la douce bluette de Fats Waller « Louisiana fairy tale », « Birth of the blues » du crooner Sammy Davis Jr, « Roll with my baby » chantée jadis par Ray Charles et qui donne envie de danser ? Björn alterne voix et trompette avec une belle aisance volubile, lance des chorus, le trio impeccable proposant aussi ses solos ; dire qu’ils n’ont répété qu’une seule fois… Voilà Jobim avec « Triste » mais chantée cette fois par notre hôte Stéphane Séva ; la trompette se glisse dans la bossa avec un joli velouté. Final avec une reprise de Bob Dylan, « Don’t think twice » qui figure sur l’album de Björn Ingelstam que je vous conseille d’écouter et même d’acheter ; il y mêle reprises et compositions personnelles intéressantes, on le trouve sur les plateformes. https://bjorningelstam.bandcamp.com/
Merci BS&W pour cette nouvelle découverte et bravo vraiment de résister à votre façon à cette douche écossaise qui use tout le monde et vous les musiciens en particulier.
Galerie photos et vidéo du concert :
Vous pouvez « tip the band » (donner un pourboire pour le groupe) en suivant ce lien : http://bordeauxswingandwine.com/support
