Jean-Luc Fabre quartet

« Couleurs du temps qui passe »

par Philippe Desmond

Jean-Luc Fabre : contrebasse, compositions / Pascal Ségala : guitare / Serge Moulinier : piano / Gaëtan Diaz : batterie.

Un titre, quand on connait Jean-Luc Fabre, bien révélateur de son état d’esprit du moment. Ces jours, ces mois, ces années qui défilent, ces difficultés qui s’enchaînent, alternant avec des bonheurs, pour lui la musique quand il arrive à en jouer, les Pyrénées où il se ressource, d’autres choses plus intimes. Ce temps qui passe pour qu’il arrive enfin à se décider de sortir cet album de compositions que nous commençons à être nombreux à avoir entendues sur scène et qui l’avons pressé de les graver !

Le voilà donc cet album de 9 compositions réalisé au studio de La Tour dans cet endroit insolite et si accueillant pour les artistes que constitue le château de Monteton en Lot-et-Garonne. Jean-Luc vit dans ce département et il a appelé des potes de la région, le basco-landais (si c’est possible) Pascal Ségala à la guitare (il est aussi batteur), les girondins Serge Moulinier et le benjamin de l’équipe Gaëtan Diaz.

Jean-Luc Fabre a le don pour inventer des mélodies accrocheuses sur lesquelles le groupe peut broder son ouvrage. La montagne est bien là avec les nuages et la pluie « Clouds and rain » , la « petite éclaircie », « des grondements au loin », « les courants ascendants », ceux qu’il rencontre en grimpant le pic d’Anie qui orne la pochette. Autant de titres pour ces compositions élégantes et riches.

« Foolish Times » évoque les attentats, dix ans celui de Charlie Hebdo… et rien ne change. Un titre émouvant joué avec finesse où la guitare délivre une mélancolie parfois pleine d’espoir rejointe par la contrebasse sortie avec bonheur de son rôle rythmique, elle a aussi de quoi raconter sur le sujet. Quelle merveille que le blues lent « Déséquilibre » qui n’a rien à envier à des titres de John Scofield ou de Pat Metheny que Pascal Ségala maîtrise si bien. Rythmique précise, ciselée, piano en écho puis en première ligne, un réel bon moment de jazz.

Une « Petite éclaircie » nous permet de bien entendre le chant de la contrebasse léchée de temps en temps par des rayons de soleil du piano ; douce ballade en balade. Mais le temps se couvre avec « Des grondements au loin » la rythmique est plus marquée, l’orage – à moins que ce ne soit un tumulte moins pacifique – passera au large ne glissant que quelques bourrasques ; que tout cela est mélodieux, que les harmonies sont douces, lumineuses.

« Quand le temps s’arrête » alors que jusque-là il passait, c’est ainsi la fin de l’album, on y est tellement bien qu’il faudra 9’14 » pour s’en extraire et à regrets.

Pour le moment cet album n’existe qu’en version promotionnelle destinée à vous tourneurs, organisateurs de concerts de festival ; s’il vous plait écoutez-le et faites vivre ce groupe, cette belle musique accessible à toutes et tous, vraiment. Pour les avoir déjà vus, Action Jazz peut vous assurer que vous contenterez le public. Une version publique de l’album va être pressée pour être vendue en bord de scène lors des concerts ; encore faut-il qu’il en existe.
J-LFQ en concert