Yannick Benoit Quartet

« Le Repère »

4 étoiles sup

Zoot Studio Sortie le 06 Mars 2024

Chronique de Martine Omiécinski le 27 février 2024

Yannick Benoit : Saxophone, didgeridoo, compositions

Sylvain Le Ray : Piano

Tom Guillois : Contrebasse

Jean Baptiste Loutte : Batterie

Yannick Benoit est un saxophoniste normand, compositeur (et joueur de didgeridoo) gagnant du premier prix soliste en saxophone ténor des « Trophées du Sunside » en 2021.

Il sillonne les scènes de jazz parisiennes et donne des cours au conservatoire du 11ème arrondissement de Paris.

Il s’est entouré ici de 3 acolytes éminents dont Jean-Baptiste Loutte à la batterie qu’Action Jazz avait déjà remarqué en avril dernier sur l’album « Reflections » du pianiste Julian Leprince-Caetano.

Le titre de l’album « Le Repère » est un jeu de mot pour célébrer en même temps la naissance de son premier enfant (l’heureux père) et celle de son premier album. Onze compositions originales colorent ce premier projet en tant que leader.

Mes morceaux préférés :

« Les fils d’Isaac » : Nouveau jeu de mot dans ce titre : « Isaac’s Son » donne « sax son » le fils d’Adolph Sax : le saxophone ! Plusieurs phrases jouées « rubato » avec une liberté rythmique incontestable et des changements audacieux puis le thème en 3 temps est vif et enjoué, chacun célébrant Sax à sa manière.

« Future is in the Fields » : Cette ode à l’agriculture et à la consommation raisonnées nous happe par le doux support du piano de Sylvain Le Ray, le son très tendu de la contrebasse de Tom Guillois sur lesquels Yannick Benoit brode sa partition et ses improvisations (l’effet n’est pas sans évoquer un certain John Coltrane ?)

« Didgeridoo » : Le rythme et le son grave instillé par cet instrument australien ancestral joué par Yannick déclenchent une sorte de transe que remplace ensuite la rythmique (dont l’apport majeur du batteur Jean Baptiste Loutte), le piano et le saxo entremêlant savamment leurs variations.

« Harold » : C’est l’adversaire de Guillaume le Conquérant sur la tapisserie de Bayeux, ville natale de Yannick. Nous vivons une épopée où sax et piano rivalisent d’intensité et de liberté de jeu, la contrebasse enracine et la batterie se déchaine lors d’un long solo éloquent.

« Pteros » : de « Ptero » les ailes et « Eros » le désir : A nouveau une base rythmique de transe et en même temps au groove incontestable. Chacun prend le chorus avec une belle énergie, de main ou de souffle de maître. Puis le piano s’envole, les jeux complémentaires nous happent, la rythmique osant tout sur cette proposition brillante.

« To J.D. » : Structure hachée puis swing rapide sur cet hommage au saxophoniste américain John Daniel Allen (qui a joué avec Ron Carter ou Jack DeJohnette et même Elisabeth Kontomanou), c’est puissant, ça ébouriffe par tant de précision et de rythme !

Bref, un album plein de vivacité et de sensibilité. Si vous êtes à Paris le 06 Mars prochain réservez vos places au Sunset Sunside pour le concert de sortie de l’album !