par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier
Bordeaux, l’Inox le 09/01/2020
Déluge présente Les Diluviennes #1
Jazz progressif
2e partie : Theorem of Joy
Thomas Julienne, contrebasse, composition
Antonin Fresson, guitare
Camille Durand, chant
Boris Lamerand, violon à l toi
Tom Peyron, batterie
La voix de Camille Durand est la maîtresse des lieux. Enjôleuse, spectrale aussi, les instruments instinctifs composent une ronde à quatre construite autour de cette sirène dans l‘Atoll.
Tomorrow riots est une sorte de jazz baroque, imaginaire, éclectique : un bouquet, des agapes, une fête défaite. Guitare et contrebasse se marient, la volubile veut fasciner le contrebassiste Thomas Julienne, la batterie nerveuse les soutient, le violon ferme la danse fantomatique, médiéval contemporain. Les deux voix, contrebasse et cordes vocales se lient à leur tour, symbiotiques. Étrange hystérie, somme toute envoûtante aux accents parfois yiddish.
On sent le désir d’harmonie, de lieux, de regards nourris dans Convergence. Belle composition de différences qui se rejoignent, échangent, se croisent aussi. Et la voix permanente, fil conducteur, initiatrice et prolongement des instruments. Intéressant. On se verrait dans un château abandonné en recherche d’avenir, de renaissance, où la lumière jaillirait par les vitraux oubliés.
La guitare au tempo aspiré finit par prendre forme humaine et converse avec le quintet brillamment, accompagnée par une batterie attentive et énergique avec de Good Roots, good leaves…
Little Cloud est une jolie composition aux dégradés élégants, aux entrecroisements de nuances, musique en patchwork avec des pièces savamment agencées. Le violon de Boris Lamerand prend le dessus et tient un discours vigoureux pendant que la guitare d’Antonin Fresson s’approche à pas feutrés. L’ouvrage se referme comme il a commencé.
El Haik dancefloor, rythme klezmer, joyeuse intranquillité, sautillez sur une jambe, passez à l’autre, hochez la tête, scandez le tempo avec le torse, debout. Le violon détaille, découpe, finit par hystériser. Tom Peyron à la batterie martèle, toujours habile, précis. La guitare pulsionne. Ils pulsionnent de concert. Et puis, tout se défait, dégouline pour réentendre le son unique, la voix égale, l’allongement d’un temps délivré du tempo, liquéfié.