par Sylvie Delanne, photos Jean-Michel Meyre

Eymet, le 19 août 2022

Retour en Périgord Pourpre dans la gourmande petite bastide d’Eymet aux murs tatoués de jazz pour retrouver les amis Maquiz’Art Suzanne et Laurent Pasquon .

Ilss nous attendaient cette fois avec un quartet de talents détonnant, la sublime vocaliste Célia Kameni accompagnée au Fender Rhodes du jeu décalé d’ Alfio Origlio, Brice Berrerd, grande découverte pour moi, à la contrebasse et un Zaza Desiderio en grande forme à la batterie, venus nous faire découvrir leur dernier album, « Secret Places ».

A 20h30, ils démarraient un concert détonnant, chaud en couleurs et en rythmes.

Couleurs intenses de la voix de la très belle Célia Kameni, longue ondulation de sourire, couleurs des accompagnements du grand Alfio Origlio qui se surpasse sur son clavier, couleurs scandées par Brice Berrerd, le contrebassiste décidemment très en forme et en phase avec les Couleurs du plus carioca de nos batteurs hexagonaux, le très grand Zaza Desiderio qui va nous amener à la danse et peut-être à la transe.

Dès l’ouverture du concert, sur la place encore chaude et fumante des vapeurs de l’été, les musiciens dans un clin d’œil nous avertissent que leur manière de jouer s’inspirera directement de l’ambiance du lieu, c’est dire notre responsabilité nous le public !

Timide le public, toujours installé à une distance respectable, effet covid sans doute ! Au bout de deux titres nous sommes appelés à nous rapprocher de la scène et à fusionner avec l’énergie du quartette sinon…c’est possible… l’inspiration tombera…

Oui, on s’est rapproché, sans se le faire dire deux fois, et la fête a réellement commencé alors, proximité, enthousiasme partagé, amitié, connivence, nous étions avec eux, tous ensemble dans leur chaleur et leur sensualité, la danse s’en est mélée, comment résister à Célia Kameni, comment résister au Spirit de Zaza Desiderio, même Brice Berrerd enlaçait sa contrebasse dans un rythme amoureux et bagarreur parfois , combat entre l’homme et sa puissante caisse de bois, je t’aime mais je veux que tu cries, que tu ne lâches jamais Zaza !!! .

Alfio, grand pianiste joue ce soir sur un clavier, lui, le maître dans l’art de faire résonner les sons accompagne et va au-devant de la voix, l’entoure sensuellement, ouvre un pont d’or à la rythmique.

Sur des arrangements des Beatles, des standards du jazz et de la soul, sur un blues indolent de Jeanne Moreau, Célia Kameni marque le swing, ondule suavement, tour à tour vivante, rythmée ou mutine, danse évanescente, étire sa voix allant du cri primal à la plus pure sensualité.

Un autre standard de Duke, Caravan, un scat puissant et sensuel accompagné magnifiquement par Alfio Origlio, long solo où la musique s’envole, Célia, danse, frappe le tempo, sa longue silhouette ondule et la musique monte, un swing intense porté par Brice Berrerd et Zaza Desiderio dans un accord absolu.

Etait-ce un effet de l’envoûtement, parfois sa voix me rappelait celle, chaude et puissante de Jevetta Steele, dans le célèbre Calling You, parfois elle m’emmenait dans une infinie steppe aux arbustes rabougris, parfois elle devenait un guttural Joke sami …un voyage oui et une tessiture nourrie à multiples cultures avec une amplitude vocale très étonnante .

La fête s’est achevée sur les rappels nourris du public massé devant la scène et le retour des musiciens pour quelques chauds morceaux encore.

Ce qui est bien à Eymet c’est qu’après le concert, de sympathiques terrasses de bars -restaurants nous attendent pour prolonger la rencontre tout près des artistes épanouis et détendus.