Andernos Jazz festival 2024
Jour 1
par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat (cliquer pour agrandir)
Vendredi 26 juillet
En 1968 deux évènements ont marqué la France : le soulèvement de mai et… la première édition du festival de jazz d’Andernos créé par une bande de copains Guy Pérucho, patron du bar le Club de la plage des Tamaris, Roger Maublanc, un certain Christian Morin, déjà clarinettiste avant sa carrière d’animateur TV, Jean Arnautoux et Dominique Facet. Au programme Milt Buckner, Claude Bolling, Claude Luter et le quartet de Christian Morin, encore peu connu à l’époque. Cab Calloway, Lionel Hampton, Stéphane Grappelli, Fats Domino, Miles Davis, Stan Getz, Dizzy Gillespie, Gilberto Gil, Michel Petrucciani, Herbie Hancock, Jacky Terrasson, Scott Hamilton,Kenny Garrett et bien d’autres viendront illuminer les bords du Bassin. Allez faire un tour sur le site du festival où toute son histoire est retracée : https://www.andernos-jazz-festival.fr/
Depuis quelques années c’est la ville d’Andernos qui a repris l’organisation du festival avec à la tête de la programmation Eric Coignat, adjoint au maire mais surtout passionné de jazz. Combien de fois nous croisons-nous durant l’année dans des clubs, lors de concerts où il vient pour dénicher des talents.
Cette année il a choisi de présenter la scène jazz locale et régionale au large public d’amateurs et d’estivants pour en montrer la diversité et la richesse. Heureuse initiative, loin des stars vues et revues qui bénéficient, elles, de vitrines régulières dans de nombreux festivals. Il est à noter que depuis quelques années les spectacles sont gratuits, plus précisément offerts au public grâce à la Ville, au Conseil Départemental et à des partenaires privés.
Ce vendredi 26 juillet au marché de la place du 14 juillet, les deux récemment rénovés, à l’heure de l’apéritif devant des terrasses pleines de convives et au milieu des chalands c’est à La Jive Machine d’ouvrir le festival ; un trio bordelais déambulant avec une guitare (Adrien Cabioch) , une contrebasse (Jérémy Teulade) et un piano mobile sur roulettes (Thomas Guibert) ; un répertoire varié beaucoup plus large que le style de rue de New Orleans, de la Bossa Nova, des standards ou des tubes réarrangés. Une prestation très agréable et gaie idéale pour ce type d’évènement.
Test’Ut Big Band
A 18 heures après un tour au musée local où notre photographe Philippe Marzat expose ses clichés de concerts, place à l’inauguration du festival au Jardin Louis-David avec les personnalités ; un coup de triangle et le festival est lancé.
Le concert d’ouverture est cette année proposé au Test’Ut Big Band, formation jazz du Conservatoire de Musique de la Teste de Buch. Nous étions allés les voir travailler il y a quelques semaines ; article ci-dessous. Mêlant pros et amateurs, cet orchestre nous a tous épatés par la qualité de sa prestation et la richesse de son répertoire loin des standards habituels du genre. Ainsi on entendra Miles (« Solar »), Monk, Wayne Shorter (« A remake you made » de Weather Report), Jobim, Eddie Harris, Gordon Goodwin, Bud Powell et son original « Parisian Thoroughfare ». Un set magistral avec un côté pédagogique , une intervenante présentant succinctement le répertoire et le plaçant dans son contexte. Bravo à David Raymond le chef d’orchestre et à ses musiciennes et musiciens. https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/rencontre-avec-le-testut-big-band/
De la verdure luxuriante du jardin nous passons à l’esplanade de la jetée vers qui tranquillement l’eau s’avance. Ici on vit au rythme de la marée et le paysage change sans arrêt.
Roger Biwandu Bordeaux Quintet
C’est le Roger Biwandu Bordeaux Quintet qui est chargé de mettre de la folie dans cette agora qui draine tant de monde (un peu moins cette année lancinante ouverture des JO oblige…). Il ne va pas s’en priver. Sortant d’une grosse semaine débutée au festival Jazz et Vin en Double suivie par quatre concerts au bis de Marciac, c’est une équipe en forme olympique qui va nous jouer son dernier album. Et oui ils sont de Bordeaux eux-aussi au grand étonnement de certains qui les découvrent, pas besoin de venir de New-York ou de Paris pour jouer le jazz à ce niveau c’est bon que cela se sache ! Ce quintet mérite une reconnaissance bien au-delà de nos frontières ; d’ailleurs ils seront au Baiser Salé, un des temples du jazz parisien de la rue des Lombards en novembre.
Roger Biwandu : batterie / Nolwenn Leizour : contrebasse et chant / Mickaël Chevalier : trompette / Jean-Christophe Jacques : saxophones / Hervé Saint-Guirons : claviers.
Shob and friends.
Ça y est l’eau est arrivée, le soleil vient de se coucher dans des tons d’orange puis de rose, le lieu est superbe.
Une autre formation bordelaise s’installe, Shob and friends. Le niveau sonore monte encore, la fièvre aussi. Du jazz, on bifurque vers une fusion d’afrobeat, de funk, de rock parfois. Ça pulse, ça ronfle, ça déménage avec cette rythmique monstrueuse épaulée par trois trois soufflants énergiques. Du bout de la jetée on ressent encore la tonicité de l’octet. Shob de sa basse et de son humour déroule son chaud-show avec brio ; avec lui Andernos n’a pas encore le droit de dormir ! Tant mieux.
Shob : basse, compos / Paolo Chatet, Pascal Drapeau : trompettes / François-Marie Moreau : sax / Jean-Loup Siaut : guitare électrique / Robin Magord : orgue / Simon Renault : batterie / Ludovic Lesage : percussions.
A demain pour une grosse journée de festival.
La voilà : AJF jour 2
Chronique du dimanche 28 : AJF 2024 jour 3