Nicole Heartseeker & Mulo Francel
« Forever Young »
New approach to old masters
par Philippe Desmond
La musique classique et le jazz ont souvent essayé de flirter. Elle d’un côté, sage, souvent très stricte, lui un peu voyou épris de liberté. Des ambassadeurs d’un côté comme de l’autre sont allés en mission en face mais les frontières sont tout de même restées bien marquées.
Ce disque finalement je ne sais pas où le ranger. Toutes les compositions viennent de grands maîtres, ceux du Classique, comme si certains autres, côté Jazz, ne l’étaient pas et leur interprétation en duo par Nicole Heartseeker (quel joli nom) au piano et Mulo Francel au sax ténor, à la clarinette et parfois à la mandoline n’est pas vraiment du jazz si ce n’est une grosse part d’improvisation, interdite chez les tenants de l’autoproclamée Grande Musique. C’est donc du jazz pour cette part de liberté que les deux musiciens se sont accordée. Mais disons qu’ils ont seulement troqué la longue robe noire pour une légèrement plus courte pour elle et desserré le nœud papillon pour lui. On reste plus près de la salle Gaveau que du Duc des Lombards, loin de Jacques Loussier, de Duke Ellington ou même Hiromi.
C’est avant tout de la musique, un album d’une grande douceur, très délicat, à écouter tranquillement chez soi. Mention spéciale pour moi au sublime « Oblivion » d’Astor Piazzolla qui aurait certainement été tout étonné de se retrouver en pareille compagnie. A réserver aux amateurs de musique classique qui veulent s’encanailler mais pas trop et aux amateurs de jazz qui veulent y goûter.
