Marco Poingt

« Intuition »

par Philippe Desmond

Marc-Olivier, dit Marco, a déjà derrière lui un beau parcours. Tombé dans le piano quasiment dès sa naissance avec un père pianiste et professeur (désormais à la tête de la salle de spectacles la Tannerie à Agen), il a enchaîné les formations, classiques, jazz, aux conservatoire d’Agen et Bordeaux puis dans cette dernière ville au PESMD. Il a appris avec de grands professeurs, Hervé N’Kaoua à Bordeaux, Denis Pascal à Paris, Luis-Fernando Pérez à Madrid, cela pour le classique. Pour le jazz des stages avec Shaï Maestro, Monty Alexander, Baptiste Trotignon, Jacky Terrasson, Omar Sosa, Franck Avitabile.

Parallèlement à de nombreuses collaborations aussi diverses que prestigieuses (Matthieu Chazarenc, Olivia Ruiz, Sylvain Luc, Kyle Eastwood, Olivier Ker-Ourio, Béatrice Uria-Monzon…) il sort en 2018 son premier album « A long way », en solo ; 10 compositions originales et deux reprises.

Voilà déjà son troisième album avec presque uniquement des compositions originales. Il est cette fois en quartet, plus exactement en trio et chanteuse, lui au piano bien sûr et avec Carolina Alabau à la voix, Brandon Atwell à la basse et Pedrinho Augusto à la batterie. Ces quatre talents se sont rencontrés lors de leur formation au Berklee College of Music de Valencia.

Marc a le talent pour marier le piano classique au jazz et au latino, l’école cubaine qu’il n’a pourtant pas suivie mais qui l’a certainement influencé. Écoutez sa reprise du titre de Georges Brassens « Les Passantes », elle est stupéfiante. Débutée de manière très lente où on sent sous la valse couver la braise du mambo, elle se poursuit avec ferveur dans un jazz latinisant pour carrément se livrer aux rythmes cubains.

Dès le premier titre « Intuition » on sent la puissance du pianiste avec un son profond, lyrique bien soutenu par une rythmique nerveuse ; et déjà les influences latinos sont présentes. L’ambiance devient plus aérienne avec l’arrivée vocale de Carolina pour « Chulilla » et surtout « Rubi ». Avant une vraie « Fiesta » bondissante et dansante place au piano disons classique de « Parting Ways » ; totale maîtrise bien sûr. Tout cela non sans fantaisie, comme ce « Some day my Prince will come » qui pointe plusieurs fois le bout de son nez.

L’album se poursuit avec cette forte couleur caribéenne où le piano se taille une belle place. Basse et batterie sont plus qu’à la hauteur, le trio des instrumentistes tourne ainsi à merveille. Un album chaleureux bourré d’énergie sensuelle.

Marco Poingt un pianiste à suivre de près, de la génération de ces musiciens qui franchissent les frontières sans scrupules pour notre plus grande joie.

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