Dom Imonk, texte et photos
Vous connaissez surement déjà l’Association Jazz360, qui fait vivre avec passion le jazz sous toutes ses formes, sur la rive droite, aux portes de l’Entre-deux-Mers. La dixième édition de son Festival annuel, devenu très prisé, se profile en un proche horizon. En effet, du 5 au 10 juin 2019, ça va être de nouveau la fête de la note bleue un peu partout, de Camblanes à Saint-Caprais, en passant par Cénac, Langoiran, Latresne et Quinsac. La Garonne, fleuve vaste, tranquille et bienveillant aime à être traversée, vous pouvez faire confiance à Richard Raducanu quand il le dit, le président de Jazz360 sait que les aloses ne mordent pas ! Allez donc sur jazz360.fr, vous saurez tout, et vous n’aurez pas d’excuse pour ne pas y venir, avec tous les ponts qui enjambent la « rivière » ! En ce doux samedi soir, c’est un concert au Restaurant les Acacias de Cénac qui se jouait, un lieu où se sont déjà produits nombre de musiciens jazz. Il y fait bon vivre et on sait recevoir, par un accueil affable, une table raffinée et une exquise carte des vins. Ici, sont proposés avec Jazz360 des « soupés jazz » qui font à chaque fois salle comble. Public averti, des amoureux du jazz, qui le connaissent bien et ont le bec fin, et les oreilles tout autant. Nous avions déjà pu y voir de vifs représentants de la jeune scène actuelle, Atrisma ou Robin & The Woods en duo, c’est l’engagement du président de Jazz360, passionné par la nouvelle génération, à laquelle il offre son indéfectible soutien.
Blow your horn Jonathan !
Ce soir c’est au tour de Jonathan Bergeron de mener le bal, fort de ses rutilants saxophones, dont un magnifique ténor, et de son âme plutôt soul. Excellent musicien, très présent sur la scène locale, on aime chez lui ce souffle fougueux et ce feeling profond, qui enfle au fil d’accords bien menés, comme une tornade bienveillante. Ce n’est pas pour rien qu’il est un membre éminent des brûlants The Kilometers, ou du groupe d’Alexis Evans pour quelques dates, et qu’il participe à de nombreux concerts et jam. Quand il nous parle jazz, on sait qu’il ne ment pas et qu’il le connait ! Il a appris beaucoup de choses, au Conservatoire de Bordeaux dont il est sorti diplômé, mais aussi sur la route, deux écoles indispensables, où il a connu puis maintes fois croisé son invité et ami Félix Robin, incontournable et fort talentueux vibraphoniste – venu aussi ce soir avec un admirable balafon – qui a un peu son « rond de serviette » en ce lieu, puisqu’il y était déjà venu en duo avec Louis Laville à la contrebasse, en octobre 2017. On rappelle qu’il est par ailleurs membre de Capucine et du VEGA Quintet (les deux du collectif Hello Buddy !).
Le duo, observé par un jeune garçon visiblement très intéressé !
Nos deux compères vont jouer sans filet, mais ça n’a pas l’air de les impressionner outre mesure, le funambulisme jazz a souvent existé, et se mouvoir sur un fil, sans contrebasse, sans batterie, on tente, on y va, et ça marche ! L’un prend un chorus, l’autre assure la rythmique et vice et versa. Cette fragilité perçue, le risque pris à chaque coin de note, l’équilibre furtif, la tension, mais aussi cette confiance mutuelle, c’est tout cela qui fait le charme de la rencontre. Au menu en deux sets, des reprises de standards menées avec grâce et limpidité comme « Norvegian Wood » (The Beatles), « La Javanaise (Serge Gainsbourg), « Caravan » (Juan Tizol & Duke Ellington), « Night and Day (Cole Porter), « Béatrice » (Sam Rivers), mais aussi « Child is Born » (Thad Jones), qui rappelle avec quelle sensibilité notre saxophoniste avait joué il y a quelques mois au soprano « Infant eyes » de Wayne Shorter, dans un projet mené par Alexis Valet, autre vibraphoniste de renom. Aux Acacias ce soir, nous avons vécu une soirée délectable, bercée de quiétude et d’émotion, avec un public très attentif et respectueux, que demander de mieux ?
Évidente complicité !
Si par malheur vous avez loupé ce soupéjazz, sachez qu’il y en aura d’autres, et que vous pourrez retrouver Jonathan Bergeron le 29 mai au Quartier Libre (Bordeaux), avec Robin Magord (orgue Hammond), Jean-Loup Siaut (guitare) et Nicolas Giradi (batterie) pour un hommage à Jimmy Mc Griff et Joey de Francesco. Ça risque de chauffer ! Quant à Félix Robin, vous pouvez venir l’encourager à Musica Palmer au Rocher de Palmer (Cenon) le jeudi 23 mai. Vous auriez bien tort de vous en priver !
Dom Imonk, texte et photos
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