par Philippe Desmond.

l’Apollo, Bordeaux le 12 septembre 2018.

Cet été pour ses cartes blanches à l’Apollo, Roger Biwandu a créé « Summer Jazz 2018» et si en juillet et août le saxophone a été à l’honneur avec Fred Borey et Francis Bourrec, ce soir c’est la guitare qui est la vedette, les guitares plus précisément. Sont en effet invités  pour cette « Guitar Night » Christophe Maroye et Dave Blenkhorn, un match France Australie en perspective, arbitré par Roger à la batterie et Hervé Saint-Guirons à l’orgue.

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De suite on perçoit que le jeu ne sera pas le même dans cette confrontation de guitares. Côté Australie une tactique classique, Gibson L48 directement jackée dans un ampli vintage, côté France un schéma de jeu plus moderne avec une guitare du luthier bordelais Jean-Raphaël Guillaumie, pluguée sur un pédalier d’effets ; pédalier réduit néanmoins par rapport au pupitre électronique habituel de Christophe.

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Le match va t-il être fermé ou bien ouvert avec des attaques sur l’aile des pénétrations franches, des esquives, des cadrages débordements, des décalages ? Et bien pour notre plus grans plaisir c’est la seconde option qui va nous être offerte, bien appuyée sur un pack solide batterie orgue. Mais arrêtons les métaphores rugbystiques pourtant chères à Roger, le seul rugbyman du quartet.

Le répertoire d’abord, il va bien sûr s’appuyer sur des valeurs sûres de la guitare jazz, Wes Montgomery, plutôt le registre de Dave, John Scofield un des favoris de Christophe et Pat Metheny mais pas seulement. On va aussi retrouver Monk, le moins connu Denzil Best, un batteur, avec « Wee »  figurant cependant au répertoire de nombreux guitaristes et quelques tubes.

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Les guitares sont de suite mises en avant avec « Bag » de Scof et on comprend de suite comment va se dérouler le set. Dialogues, duels, questions réponses, du dessert dès les hors d’oeuvre. Intéressant le contraste entre le son jazz « naturel » de Dave et sa L48 et celui plus travaillé de Christophe très proche voire identique à John Scofield.

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Très bonne idée que cette combinaison, chacun développant les chorus à sa manière et dans des climats différents. La rythmique et les harmonies c’est Hervé qui s’en charge avec son orgue Mojo et sa cabine Leslie. Particulièrement en verve ce soir dans ce répertoire et un boulot remarquable avec le pédalier de basses. Roger de plus en plus paresseux avec l’âge est venu léger une fois de plus. Grosse caisse et caisse claire, charley et une cymbale, une seule ! Quand on entend ce qu’il fait avec ce mini kit on se demande d’ailleurs à quoi ça sert d’en avoir davantage. De quoi ruiner les firmes de batteries…

Je l’attendais, le voilà, ce titre que reprend merveilleusement John Scofield, « I Don’t Need No Doctor ». Bonne thérapie en effet que cette compo de Rhythm n’Blues immortalisée par Ray Charles même si les paroles décrivent plutôt un désespoir. C’est Dave qui nous la chante, les guitares ciselant leurs notes sur un tapis d’orgue bien confortable, le métronome Roger claquant le tempo de cette ballade pas si nonchalante.

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C’est la mi-temps de la rencontre, match nul mais pas nul du tout. Voilà que je recommence les images sportives…

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« Bock to Bock » des Montgomery Brothers (Wes à la guitare, Buddy au piano et Monk (!) à la basse) et Dave sur son territoire que Christophe tente de pénêtrer sans vergogne en dynamitant le son. Il va vite regagner du terrain avec le « Chariots » de Scof et sa mélodie alerte.

DSC08828Du coaching avec en plein morceau le remplacement tactique de Roger par Didier Ottaviani venu écouter ses potes !

 

Un titre de Monk un peu insolite ici mais certainement un clin d’oeil à la formation de Christophe Maroye baptisée aussi « Evidence » et voilà le final avec le tube « Sunny ». Intéressant de lire la genèse de cette chanson pleine d’optimisme de Bobby Hebb, écrite comme une thérapie quelques jours après l’assassinat de John F Kennedy et surtout de son propre frère le lendemain… Personnellement j’adore l’arrangement que choisit toujours Roger Biwandu quand il la joue avec ce riff ajouté qui la dynamise. Ce soir ça va être encore plus, de la dynamite, une version étirée, des guitares hurlantes, une rythmique galopante, un chorus gospel d’Hervé, une fausse fin, une vraie, une relance, le public sollicité pour des « I love you », un final tonitruant !

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Alors ce France-Australie ? Match nul vous vous en doutez bien, mais quel match ! Joueurs et public, tout le monde s’est régalé !

Prochaine Carte Blanche à Roger Biwandu le mercredi 10 octobre.

 

Set list :

Bag (J. Scofield)

Cissy Strut (The Meters)

Thanks Again (Scofield)

Timeline (Metheny)

I Don’t Need No Doctor (Nick Ashford, Valerie Simpson, Armstead)

 

Bock To Bock (W. Montgomery)

Wee (Denzil Best)

Chariots (Scofield)

Evidence (Monk)

Sunny (Bobby Hebb)

http://www.jrguillaumie.fr/

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