Jean-Marc Montaut 4tet – Hommage à Michel Legrand
par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Festival Ciné-Notes, salle du Grand Parc, Bordeaux le 27 mars 2023
Et si Michel Legrand était en train de devenir le Gershwin français, le Cole Porter de chez nous ? Même s’il a les dernières années de sa vie pris la nationalité américaine, la France n’étant pas assez grande – ou reconnaissante – pour lui. Ses musiques sont de plus en plus reprises, ses titres sont des standards comme ceux de Broadway, ses chansons sont adaptées en jazz par de nombreux artistes, des spectacles sur son nom sont montés. Récemment dans ces colonnes ont été présentés l’évocation musicale que Jacques Pailhès, un de ses collaborateurs, a monté, le disque hommage du trompettiste Nicolas Folmer.
Au tour de Jean-Marc Montaut, le pianiste bordelais, un vrai dingue de cinéma, de proposer sa version. Dans le cadre du festival Ciné-Notes de l’Opéra de Bordeaux il a créé cet hommage avec son quartet : Nolwenn Leizour à la contrebasse, Marie-Hélène Gastinel à la batterie et Yann Pénichou à la guitare. Ces mêmes musiciens nous avaient proposé, dans le même cadre, un concert sur les BO de cinéma en 2020.
Ca ne se passe pas à l’Auditorium cette fois mais dans la salle du Grand Parc récemment restaurée, un lieu qui dans les années 70 et 80 a vu défiler des groupes mythiques. Bonne initiative ou mauvaise habitude donnée au public, le concert est gratuit, disons plus précisément offert, nuance.
Même si le mot est vulgaire on peut dire que Michel Legrand a écrit des tubes, connus du grand public même si les films ou comédies musicales n’ont pas été vues. Ces musiques, on les a tous dans un coin de la tête et les redécouvrir réarrangées est un réel plaisir. « Les moulins de mon coeur » en bossa nova, « le Rouge et le Noir » en be-bop, « Ouh ! » en cha cha cha bien enlevé avec des riffs de « Smoke on the water » (il fallait oser), « La valse des lilas » en piano solo, « Brûle pas tes doigts » à deux mille à l’heure… Je n’ai par contre pas compté le nombre de citations musicales, toujours associées au cinéma, que Jean-Marc nous a malicieusement glissées de ci de là ! Un peu de sel à chaque fois.
Un tour d’horizon tellement incomplet – comment faire autrement ? – mais si agréable de l’oeuvre de ce musicien exigeant, autant avec les autres qu’avec lui-même, un artiste si important de la musique populaire de qualité.
Avec ces quatre musiciens-là évidemment aucun problème pour restituer cette beauté, les bordelais bien connus de beaucoup car très présents sur la scène régionale mais aussi Marie-Hélène Gastinel que pas mal ont découvert mais qui a confirmé tout le bien que ceux qui la connaissent pensent d’elle, une excellente batteuse ou batteriste, comme vous voulez. Tiens au fait, parité absolue ce soir, en ces temps un peu tendus il est bon de le souligner…
Organisateurs de concerts, de festivals, on veut revoir ce spectacle, c’est un très bon moyen pour élargir le public du jazz à davantage de personnes et notamment aux femmes.
Répertoire :
- Whatch what happens (Les Parapluies de Cherbourg)
- I will wait for you (Je ne pourrai jamais vivre sans toi , les Parapluies de Cherbourg)
- Le cinéma
- Les moulins de mon cœur (L’affaire Thomas Crown)
- Le rouge et le noir
- La valse des lilas
- Brûle pas tes doigts
- His eyes, her eyes (L’affaire Thomas Crown)
- Ouh ! (Allez-y les bergères!)
- You must believe in spring (la chanson de Maxence des Demoiselles de Rochefort)
- Love makes the change (BO de 5 days in june)
- The summer knows (un été 42)
- La chanson de Solange (les Demoiselles de Rochefort)
Galerie photos de Philippe Marzat
Liens :
https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/soutenez-le-jazz-en-aquitaine/
