TRIO ACOUSTIQUE  –  CHIMÈRES

Chez : Inouïe distribution
Par : Alain Fleche

ANNE QUILLIER : Piano / SIMON GIRARD : Trombone / ROMAIN DUGELAY : Sax Baryton

Drôle d’idée pour un drôle de disque avec des drôles de chansons par des drôles de musiciens dans une drôle de formation… pour des drôles d’oreilles ?
Le Sax Bar, issu de ‘La compagnie 4000’ a laché ses expérimentations électro, attrapé deux empêcheurs d’improviser en rond (ce qui n’empêche pas les impro’s de tourner !) pour créer son ‘Trio Acoustique’.
Les bordelais se souviennent du concert de ‘Watchdog’ où le talent de la pianiste nous avait épaté de son lyrisme teinté de rock sur des compo’s originales chargées d’impro’s très personnelles. La dame se sentirait-elle des affinités avec le genre animal… ? Il semblerait, de sa facilité à incarner les bestioles choisies !
Classique, contemporain, jazz, intimiste ou en grande formation, rien ne gène Simon le Trombone. Un son chaleureux et précis, technique au top et des idées plein la coulisse qu’il distille sans modération.
Association improbable de trois instruments disparates pour des associations chimériques de 2 animaux en forme de monstruosité incongrue, terrible ou rigolote. Mélanger cordes et vents en illustration de mélange oiseau et mammifère ? Ça se tient !
Les créations graphiques de RAMA TAUPIA ont inspiré 8 titres aussi différents que les animaux convoqués pour ces compositions extraordinaires. Selon les personnalités des bébêtes, toutes sortes de musiques sont évoquées, palette de jazz, chambre sage, contemporain contenu…
Chimères qui ont impressionnées nos esprits d’enfants, imprimés dans l’inconscient collectif, les dragons effrayants (lézards enfumeurs volants) qui protègent les princesses inaccessibles, les tendres licornes (chevaux au rostre de narval) dans les prés où poussent les bonbons, sans parler des tortues ninja voire des dahuts… Fantasmes oniriques, créatures à la Frankenstein, délires surréalistes. Voici pour alimenter rêves et imaginaire, qui vont se matérialiser en sons d’instruments divers, aussi (d)étonnant, attachant, incroyables que leur modèle inventé.
Regardez donc cet ‘Elephon’, tête d’éléphant sur corps de pigeon. Ecoutez le trombone qui relie la marche saccadée du volatile, hors rythme (comme les nomades qui avancent en pas décalés afin de n’attirer les vers géants de ‘Dune’), les notes du piano semblent trébucher, en hésitation, en recherche de grains que le bec viendra cueillir dans un tempo réglé sur la marche… sauf qu’en fait de bec, c’est la trompe de l’énorme ruminant qui souffle et envahi l’espace de sons (de grains de blé ?) graves et chantants. Le trombone, tantôt  accompagne la marche du piaf, tantôt harmonise les barrissements du gros instrument, et ça marche !
Et le ‘Marmoquin’ moqueur, tête de requin sur corps de marmotte. piano douceur, trombone nounours, et le bar (Riton) qui se secoue et happe tout ce qui bouge. Mi-doudou mi-douleur.
Guéterelle. Vivacité de la tête de guépard qui repère une proie. Bonds de sauterelle du piano obstinento, sax scrutateur et attentif, le trombone, de l’un de l’autre, en profite pour les laisser tomber et enfourcher un chorus encore plus époustouflant que le thème qui part à cloche-pied avant de se mettre en place (au moins dans nos oreilles), plus épatant que le mélange de genres (animal), et aussi beau et intéressant de ce que sont capables les 2 autres du trio, 3 sons, 3 sens, 3 esprits, lesquels, bien sur, à l’instar de la combinaison graphique, (et des trois mousquetaires) se confondent dans l’action pour ne faire qu’une force, qu’un élan, qu’un corps !
Bravo les naminaux, continuez à nous exciter les noreilles !