par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat et Christine Sardaine

Guinguette chez Alriq, jeudi 23 septembre 2021.

 

A la Guinguette chez Alriq la saison touche à sa fin, quand vous lirez cet article elle sera fermée jusqu’au 21 avril 2022 à moins que… Saison quasi-complète mais mitigée au dire de Virginie Alriq, covid, météo, tout cela a un peu cassé la dynamique du public. Tout est relatif, ce soir nous sommes autour de 400 par une belle soirée d’été indien en ce début d’automne. Pas une ampoule ne manque aux lampions, l’atmosphère est légère, on oublie que c’est pourtant la fin de la belle saison.

Au programme un concert exceptionnel, la première fois que joue ici un des plus grands de la guitare manouche, Samson Schmitt. Il faut savoir que sa venue se prépare depuis deux ans ! C’est le guitariste Yannis Constans, qui lui a déjà joué ici, qui souhaitait faire venir son illustre collègue pour un trio avec le contrebassiste Camille Wolfrom mais entre ce que vous savez, les disponibilités des uns et des autres – Yannis vit à Palerme! – l’affaire s’est avérée complexe. Des concerts il y en a souvent chez Alriq, des évènements un peu moins, en voilà donc un. Olivier, le programmateur, a eu la gentillesse d’y associer Action Jazz et ainsi vous avez peut-être lu l’interview que Samson nous a accordée récemment. Elle est toujours en ligne sur ce blog. (lire en bas de page)

Samson c’est d’abord sa bonhommie, un sourire accroché au visage, un abord très facile cachant un immense talent.

Voilà « Dinette » de Django Reinhardt et le festival commence car le concert va en être un véritable. Ce que l’on peut faire avec une « simple » guitare acoustique ! Les deux guitaristes vont dialoguer, se répondre, solistes ou accompagnateurs à tour de rôle, autour de la rythmique parfaitement entretenue par la contrebasse. La fameuse pompe manouche signature de ce genre de swing est bien présente. Le trio est un peu inhabituel dans le sens où il comporte deux guitaristes solistes avec donc des guitares à petite bouche, les grandes étant plutôt réservées aux accompagnateurs rythmiques, plus de volume moins de finesse. Mais avec de tels artistes tout est possible. Arrive « Le soir » de Django toujours, le Maître qui reste la référence absolue pour ces musiciens, puis un « Blues en mineur » truffé de citations du Parrain à Mission Impossible. Des compositions de Yannis comme la « Valse à Titi » de Samson « Lovely Wife » une vraie merveille ou même de Glenn Miller, « Moonlight Serenade » tout en délicatesse…

Les standards sous les doigts de Samson prennent une autre couleur, ses chorus, son attaque des cordes, la pureté de son, la précision, la virtuosité sans démonstration, la richesse des improvisations, tout cela sourire aux lèvres avec une aisance inouïe qui masque des années de travail. Il a commencé tout petit. Et Yannis allez-vous me dire, lui qui est allé chercher Samson, preuve d’humilité car il aurait pu choisir un autre guitariste lui faisant moins d’ombre, rassurez-vous il est largement à la hauteur, dans un autre style disons moins volubile mais tout aussi superbe. Quant à Camille à la contrebasse, à l’affût des dialogues improvisés de guitares, il propose un rythmique enjouée et précise, impeccable. « J’attendrai » précède un pot pourri – jamais compris pourquoi pourri – flamboyant où Samson régale et surprend ses deux amis, « Le Parrain » , un bout des « Yeux Noirs », « La Foule »… pour introduire l’indispensable et attendu « Minor Swing ». Sourire en coin de Samson dont les doigts volent sur le manche et affichant un manifeste plaisir de jouer. Un rappel réclamé bruyamment pour conclure un set de presque deux heures du bonheur que procure ce style de musique qui ne peut que vous accrocher.

Samson me dira qu’il est épuisé, d’autant qu’il est parti de chez lui, Forbach, à 6 heures du matin pour un trajet en voiture, pas une Ferrari malgré sa casquette au cavallino rampante vissée sur la tête ; mais il a toujours son beau sourire.

Une merveilleuse soirée entourée d’ami(e)s avec un niveau musical ahurissant, tout « simplement ».

Voilà , la guinguette ferme, il va falloir attendre le printemps pour se laisser aller sous les lampions dans ce lieu unique, à moins que… On vous tiendra au courant.

 

 

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Samson Schmitt bientôt chez Alriq – Interview