par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Anglet Jazz Festival, vendredi 17 septembre 2021.

Deuxième soirée de l’Anglet Jazz Festival et un changement radical de cap on va le voir. C’est vendredi soir, il fait beau, la soirée à la plage est attirante, les amateurs finiront par arriver mais l’Avant-Scène, le restaurant du théâtre Quintaou, a connu une affluence moindre que la veille. Pourtant on y mange très bien au pied de l’insolite et très réussi mur bavard et ses plus de deux-cents slogans, réalisé par l’artiste bordelais Franck Tallon.

Intermezzo feat. Olivier Bogé

Intermezzo, intermède dans notre langue, nous est proposé, pas avec n’importe qui : Sarah Lancman au chant, Giovanni Mirabassi, pas moins, au piano et un invité, Olivier Bogé au saxophone alto. Conçu à l’origine comme un duo de la chanteuse et du pianiste, le saxophoniste est venu s’ajouter sur quelques titres, aussi bien sur l’album que sur scène. Ainsi pour la première partie de ce qui ressemble plutôt à un récital, Sarah et Giovanni vont avec élégance et douceur nous transporter dans le temps et l’espace, l’Italie de la deuxième moitié du siècle dernier. Giovanni toujours aussi fin au piano et qu’on aimerait davantage présent et libre va accompagner Sarah à la voix naturellement veloutée, chantant cette langue si belle dans la bouche d’une femme. Voilà « Estate » cette chanson d’amour de Bruno Martino devenue un standard de jazz repris par les plus grandes et les plus grands, Sarah la murmure, Giovanni caressant les touches. « Parlami d’amore Mariù » cette ritournelle que sa grand-mère chantait au pianiste quand il revenait de l’école et connue en France sous le titre « le chaland qui passe » nous plonge dans une certaine nostalgie. Un concert intimiste peut-être trop pour cette grande salle auquel Olivier Bogé va donner du relief avec son saxophone alto, lui aussi tout en retenue. Sarah vrai parisienne nous dit-elle et qui chante un très bon Italien aux accents milanais précise Giovanni, nous présente les titres, résume les histoires avec une fraîcheur et un brin d’humour gentiment décalés par rapport à la tonalité du concert. Sa belle complicité avec le pianiste est manifeste. Le rappel renvoie à son dernier album au titre évocateur « Parisienne » avec une version très émouvante de « L’hymne à l’amour ». Un grand pianiste, une grande chanteuse, un excellent saxophoniste, un moment doux et agréable mais insatiables que nous sommes on en aurait voulu davantage. Que n’étais-je un Italien ce soir pour mieux goûter ces friandises transalpines !

Airelle Besson quartet

Parité totale pour le concert suivant nous annonce Marc Tambourindéguy le directeur artistique du festival, c’est assez rare en effet pour ne pas le souligner. Airelle Besson (trompette), Isabel Sörling (voix) partagent la scène avec Benjamin Moussay (claviers) et Fabrice Moreau (batterie). Osmose de la trompette et des vocalises, rythmique de batterie le plus souvent fine et légère, piano et Fender Rhodes inspirés (ah la fugue de Bach dont nous a gratifié Benjamin Moussay au piano lors des balances ! ), des ambiances passant de vaporeuses à célestes, un univers des plus originaux et personnel. Pourtant, autant l’avouer, toutes ces qualités j’en suis passé totalement à côté. Les climats aériens ne m’ont pas fait décoller, je suis trop lourd certainement, le jeu de trompette d’Airelle Besson m’a paru parfois très limite, je suis trop sourd certainement… Ce concert m’a franchement laissé circonspect mais quelle importance que mon avis, les ovations finales d’une salle en grande partie debout m’ont certes surpris mais surtout rassuré, j’aime que le travail des artistes soit célébré. Il l’a été, tant mieux pour eux. Quant à moi, – et quand même quelques autres – je suis jaloux de ne pas avoir eu ma part de plaisir. Je m’incline donc piteusement au vu des acclamations finales et de la ruée vers les albums à l’issue du concert.

« Se sentir un peu bousculé » me titille, de son encre rouge vif, sur le mur bavard évoqué plus haut, alors que je partage quelques verres avec les amis eux sous le charme du concert… Demain sera un autre jour.

NB : pour être objectif, je vous renvoie au très joli compte rendu d’Annie Robert dans ces mêmes colonnes lors du concert de ce quartet à Marciac en août dernierhttps://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/airelle-besson-try/

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