Jazz à Pessac première édition !

par Philippe Desmond, photos Géraldine Gilleron et Christine Sardaine

Château et parc de Camponac, Pessac, 14 septembre 2024.

La Métropole bordelaise ne proposait pas jusqu’à aujourd’hui de festival de jazz. La ville noyau avait bien posé les jalons d’un festival d’ampleur avec Jazz à Caudéran, de 2017 à2019, répétition générale d’une manifestation de plus grand rayonnement. Action Jazz était le maître d’œuvre de cet évènement qui avait connu le succès. La crise sanitaire de 2020 et surtout le désintérêt de la nouvelle équipe municipale mise en place la même année, avaient enterré cette initiative prometteuse.

C’est donc à la ville de Pessac que l’on doit de lancer un festival qui s’adresse à la Métropole et bien au-delà. En collaboration avec le musicien Didier Broussard, acteur majeur de la musique dans la ville, le service culturel a donc organisé le premier festival « Jazz à Pessac » et ça c’est une sacrée nouvelle ! Pour ce galop d’essai une seule journée au programme mais avec déjà une belle densité.

C’est le parc de Camponac et son château qui ont servi de décor à cette journée. De chaque côté de ce joli édifice une scène, celle du off (gratuit), celle du in (payant). On perçoit de suite une organisation très pro, on en aura la confirmation.

Le off 

Le off, côté cour du château, propose dès 14h30, des concerts de l’école musique locale dont un groupe de l’atelier jazz mené par le saxophoniste Alain Coyral, une des valeurs sûres de la scène régionale.

J4zzary de retour à Pessac

Place ensuite, sous un chaud soleil, à J4zzary lauréat du tremplin Action Jazz 2024. Le groupe dacquois avait déjà été choisi par le service culturel pour un concert à la Médiathèque Jacques Ellul toute proche en mars dernier (1) et devant le succès avait décidé de les programmer pour le festival. Une heureuse décision tant ce groupe propose un set de qualité mêlant ses propres compositions très originales et réussies à des standards. Voilà quatre musiciens de grand talent formés au Conservatoire de Dax par le regretté Didier Datcharry à qui ils rendent hommage par une émouvante version d’ « Afro Blue ». Ils sont à l’aise dans tous les styles, invitant même la musique baroque à la fête du jazz. De « Saint Louis Blues » dans une version très personnalisée à « Just the two of us » de Bill Withers en passant par du style latino c’est un très bon moment de musique(s) que les quatre copains nous ont offert, obtenant un vif succès.

Charles Caup ; trombone / Jon Caliot : trompette, bugle / Martin Labat-Labourdette ; claviers / Enzo Laidi : batterie

Le in : Sarah McCoy et Roberto Fonseca

On contourne maintenant le château, côté parc pour découvrir une très grosse scène et des gradins. Mille personnes ont réservé, nous serons beaucoup plus nombreux. Foodtrucks (pas assez peut-être) stands de vin et de bière pris d’assaut, il fait encore beau et pas encore frais.

Sarah McCoy en mode tourmenté

La musicienne américaine Sarah McCoy était passée au Rocher de Palmer en février dernier (2). Avant l’entrée de ses fidèles Jeff Halan (claviers, basse) et Antoine Kerninon (pads) au registre électro, c’est sur le beau Steinway & Sons que Sarah s’installe pour un set puissant qui va s’avérer très noir. L’artiste on le comprend est très tourmentée, essayant de cacher son mal-être certain derrière un comportement clownesque et souvent outrancier ; un comportement punk disent certains, soit. Un univers difficile à étiqueter, une sorte de blues, de soul, de pop parfois, des textes graves révélant ses failles, ses regrets, ses espoirs aussi. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, elle ne laisse pas indifférent amenant du bonheur à certains, en mettant mal à l’aise d’autres. Sarah s’engage totalement dans son jeu, elle se livre à nous, parfois trop mais certainement avec sincérité.

interview de Sarah McCoy

Galerie de Géraldine Gilleron

Galerie de Christine Sardaine :

La Gran Diversion de Roberto Fonseca

On change radicalement de style avec la formation en septet du pianiste cubain Roberto Fonseca. Lui aussi était venu par chez nous en décembre dernier (3). Le revoilà sur le même répertoire, celui de son album de retour aux sources cubaines « La Gran Diversion ». Rythmique musclée avec notamment le grand Felipe Cabrera à la contrebasse et le spectaculaire percussionniste Andres Coayo, section de cuivre et bois incisive dont le virevoltant saxophoniste Jimmy Jenks, Roberto est ainsi bien armé pour faire passer son message de joie et de respect de sa culture cubaine. Il a choisi de rendre hommage à l’âge d’or de la musique de son pays, des 30’s aux 50’s. De la joie mais aussi de l’émotion, de l’énergie mais aussi de la sensibilité. Roberto, on l’oublie peut-être parfois, est aussi un grand pianiste qui peut sortir des boucles rythmiques de la salsa ou du mambo pour nous livrer de petits concertos, héritage de sa formation classique. Il fait frais, froid même pour certains, mais la chaleur musicale est là et s les gradins se vident c’est pour rejoindre la pelouse et y danser ou chalouper aux rythmes latinos du combo qui visiblement prend lui aussi du plaisir, une bonne humeur communicative régnant sur la scène. Il est plus de minuit, ils ont joué près de deux heures avec leur générosité habituelle (Roberto a même fait monter tous les techniciens et des bénévoles sur scène) le public est heureux, le festival Jazz à Pessac est lancé, longue vie à lui !

Interview de Roberto Fonseca

Galerie de Christine Sardaine

Galerie de Géraldine Gilleron

  1. J4azzary à la médiathèque Jacques Ellul : J4zzary
  2. Sarah McCoy au Rocher de Palmer : Sarah McCoy
  3. Roberto Fonseca au Vigean : Roberto Fonseca