L’âge d’or de Cuba avec Roberto Fonseca

Par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine

Salle du Vigean à Eysines, samedi 25 novembre 2003 ; un « Rocher hors les murs »

Passer une soirée avec Roberto Fonseca, en concert je précise ailleurs je ne sais pas, c’est la promesse d’un bon moment, sa musique, son énergie, son humour sont toujours au rendez-vous. Et quand il vient en compagnie de sept autres musiciens pour un pur hommage à la musique cubaine, le plaisir est octuplé.

Sur son dernier album « La Gran Diversión » il revient en effet vers ses racines après s’être promené dans l’afro-beat, le reggaeton même le hip-hop.

De suite la rythmique se met en route, contrebasse au centre, comme un pilier où tout va s’arrimer, elle ne va plus nous lâcher, redoutable d’efficacité. Són, mambo, cha-cha, salsa vont défiler comme une fête. Et que dire de la couleur donnée par cette cloche omniprésente commandée au pied par l’extraordinaire Andres Coayo aussi aux timbales, congas et autres joujoux percussifs. Son duo avec Roberto sur « No me llores màs » est époustouflant de virtuosité, de cette fantaisie partagée, des ces chausses trapes tendues et relevées avec des rires.

Plus tôt « Mani mambo » est venu faire frétiller le public – qui coincé sur les gradins un peu rudes de la salle dansera enfin au terme du concert – avec, mais oui, c’est ça, il me semblait bien entendre arriver « Hey Jude » qui vient se mêler à la fête, reprise en chœur par l’assistance bien sûr alors que les musiciens scandent « Hey Yude » ! Joyeux tout cela, on rechantera d’ailleurs plusieurs fois.

Trois cuivres réchauffent le tout déjà bien monté en température, un sax ténor, un baryton et une trompette ou un bugle. C’est Roberto qui donne les ordres en vrai chef d’orchestre mais c’est au piano qu’il régale, lui qui enfant entendant Oscar Peterson a voulu arrêter «Ce n’est pas pour moi, je n’y arriverai jamais », puis plus tard Glenn Gould où il aura à nouveau envie de laisser tomber, ou encore quand, ne travaillant pas assez, sa professeure lui dira « Tu ne seras jamais pianiste » ; une visionnaire de plus… Mais maman Mercedes (Cortes Alfaro, chanteuse et danseuse) était là pour l’encourager. Il va ainsi illustrer son propos avec le titre supplique « Oscar, please stop ! », puis rendre hommage à sa mère et à ceux qui croient en les autres avec la délicate et émouvante ballade « Mercedes » .

Au détour d’un morceau c’est « Besa me mucho », mexicaine, pas cubaine, qui viendra, reprise en chœur par le public, les musiciens paraissant étonnés que nous en connaissions si bien les paroles. Autre moment à la fois émouvant et heureux, celui de l’hommage au Buena Vista Social Club que Roberto a rejoint en 2001, il avait 26 ans, et avec qui il a fait la tournée mondiale. Quel plaisir de revoir Omara Portuondo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzales sur les photos projetées, avec des clichés inédits où ils étaient jeunes, nous qui ne les avons connus qu’âgés.

Photo PhD

Projet très personnel que cette « Gran Diversión » où Roberto nous livre ses souvenirs, une partie de sa vie et cela avec beaucoup d’humour. Et bonheur de partager cette musique qui ondule et finit par faire lever et danser le public avec « Cuando tú bailas pa mi » chantée par la voix haut perchée du chanteur, caractéristique du genre.

Voilà c’est fini comme le dit le refrain repris en chœur et bien enfoncé dans nos têtes. Près de deux heures sont passées, que c’était court mais que c’était bien !

¡ Ay Ay Ay !

Que dolor

Se acabo

Se termino

Line Up (sous réserve, source Rocher de Palmer)

Roberto Fonseca, piano et voix / Ruly Herrera, batterie / Yandy Martinez, contrebasse / Jimmy Jenks, saxophone / Ariel Vigo, saxophone baryton et flûte / Andres Coayo, percussions / Carlos Calunga, voix principale / Roberto Millonario, trompette

Galerie photos :

Evocation des cabarets cubains

Photo PhD

Vidéo projetée pendant le titre « Baïla Muleta » :