Festival « Des Rives et des Notes »
à Oloron Sainte-Marie
par Dominique Logeay, photos Patrick Peyroutet
Cette année le Festival Des Rives & Des Notes a changé de formule pour sa 29ème édition. Il s’est déroulé sur deux weekends du 23 au 25 juin avec de nombreux concerts gratuits au Jardin Public et la 16ème édition du tremplin. Le 29 juin le Mandé Brass Band et les classes jazz se sont produits Salle Jéliote. Enfin deux soirées exceptionnelles étaient prévues en plein air sur la cancha du Fronton le 30 juin et le 1er juillet.
Le premier weekend fût une réussite aussi bien en termes de fréquentation que par la qualité et la diversité du plateau proposé dans un cadre approprié à ce type d’évènement. Les prestations de Namas, de François Poitou et Pumpkin, de Dead Robot qui avait participé au tremplin l’année dernière ou encore de Raccoon Tycoon ont révélé la richesse et la créativité de la scène musicale actuelle, à apprécier sans modération pour qui aime se plonger dans la musique vivante en sortant de sa zone de confort. Miss Bee & The Bullfrogs par sa soul envoûtante et Biso Musiki entre Afrique et Occident ont clôturé ce festin musical faisant vibrer le chapiteau lors de la dernière soirée.
La 16ème édition du Tremplin a permis aux quatre groupes sélectionnés de mettre en lumière la vivacité, le dynamisme et la fraîcheur de jeunes musiciens très prometteurs. Le prix du jury a été attribué au quartet AMG et celui de Léo Geller a reçu le prix du public.
La salle Jéliote a fait le plein le 29 juin pour le concert des Classes Jazz suivi de celui du Mandé Brass band.
Pour le deuxième weekend le festival s’est déplacé au Fronton municipal pour étrenner une nouvelle formule ayant pour objectif d’accueillir un public plus nombreux en proposant deux concerts par soirée au prix très attractif de 25 euros. Si les prestations artistiques ont répondu à l’attente de l’organisation, l’affluence n’était pas au rendez-vous en raison d’une météo incertaine, du changement de formule ou d’autres raisons difficiles à cerner.
Vendredi 30 juin :
LAURENT BARDAINNE & LE TIGRE D’EAU DOUCE.
Laurent Bardainne (saxophone ténor), Philippe Gleizes (batterie), Fabe Beaurel Bambi (percussions), Arnaud Roulin (orgue Hammond), Sylvain Daniel (basse).
Laurent Bardainne est venu promener son Tigre d’Eau Douce sur les bords du gave d’Oloron au soleil couchant. Il débute par “Oh Yeah” le titre qui ouvre son dernier opus puis il enchaîne appuyé par la rythmique implacable d’un Philippe Gleizes démonstratif très en phase avec Fabe Beaurel Bambi. Ils se lancent dans un mano a mano percutant, le tigre sort ses griffes ! La cohérence dans la proposition musicale reflète un projet très abouti porté par le lyrisme et la trame mélodique tissée tout au long de la prestation par le saxophone ténor de Bardainne. Il entraîne le spectateur dans son univers musical très singulier, intime, solaire parfois impétueux relancé subtilement par l’orgue Hammond d’Arnaud Roulin et la basse de Sylvain Daniel, le tigre ronronne ! Ce concert forme un tout, un concept à savourer en bloc jusqu’à “Hymne au Soleil” qui termine cette ode à la poésie devenue musique.
EL COMITE
Harold Lopez-Nussa (piano, fender-rhodes), Rolando Luna (piano,fender-rhodes), Gaston Roya (contrebasse), Rodney Barreto (batterie), Yarold Abreu (percussions), Carlos Sarduy (trompette, voix), Irving Acao (saxophone).
Le temps du changement de plateau sous un ciel toujours couvert mais sans pluie et c’est El Comite qui prend possession de la scène. Il ne faut pas oublier qu’à l’initiative d’Harold Lopez-Nussa et de la programmation du festival, ils avaient donné leur premier concert ensemble pour clore l’édition 2018. C’est un collectif d’artistes de la même génération qui s’expriment en toute liberté, heureux d’être réunis et de jouer ensemble. “Gran Via” ouvre le set comme une invitation à occuper l’espace. Chacun est investi, impliqué mais personne ne se met en valeur, on échange, on interagit sans oublier de produire tour à tour des solos plein de fougue à l’image du trompettiste Carlos Sarduy. Ils sont bourrés de trouvailles et d’inventivité sous les doigts magiques de Rolando Luna, son alter ego Harold Lopez-Nussa n’est pas en reste, fluidité et sens mélodique sont mis en avant. Après “Transiciones”, Gaston Roya nous offre une somptueuse partie de contrebasse sur “Gitana” une ses compositions, relayé ensuite par la section de cuivre. Irving Acao au saxophone est un peu le catalyseur du groupe, un signe et Rodney Barreto explose à la batterie, un regard et Yaroldy Abreu martèle ses congas. La joie de vivre et le partage sont des valeurs ancrées au cœur de ce combo cubain sur scène ou dans les coulisses. On attend avec impatience qu’ils produisent un nouvel album.
Samedi 1er juillet :
GERALDINE LAURENT “QUARTET COOKING”
Géraldine Laurent (saxophone alto), Paul Lay (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie).
Une légère bruine s’invite en fin d’après-midi pour la balance de Géraldine Laurent suffisante peut-être pour décourager certains indécis, on craint pour la suite, mais à 20h00 plus de pluie.
Il y a déjà quelques années que Géraldine Laurent était pressentie pour être programmée sur le festival, elle qui est une des meilleures saxophonistes actuelles, deux victoires de la musique sont encore venues, il y a quelques jours, récompenser son talent. Elle met sa technique irréprochable au service d’un jazz sans compromis, sans fioritures, authentique et limpide. Paul Lay, le natif d’Orthez, évolue presque à domicile. Avec son un jeu souple, il ponctue, souligne et délivre des solos clairs, la connexion avec Géraldine est évidente notamment sur “No More Waltz” au tempo un peu décalé ou encore sur le très lyrique “Day Off”. Sur “Next ”entre autres, on a pu apprécier la section rythmique composée de Zelnik et Kontomanou qui complètent ce quartet très soudé et sûr de son potentiel. Une prestation sans faille et sans défauts qui avait tout pour séduire un public d’amateurs.
ELECTRO DELUXE :
Gaël Cadoux (claviers), Jérémie Coke (basse), James Copley (chant), Thomas Faure (saxophone, programmation), Arnaud Renaville (batterie)
C’est une tout autre ambiance qui s’est installée au fil du set d’Electro Deluxe, une partie des spectateurs s’est levée pour danser et participer pleinement à leur show. Cette formation bien rodée, emmenée par son chanteur James Copley a puisé dans son vaste répertoire fait de soul et de funk, clôturant ainsi cette 29ème édition du Festival Des Rives & Des Notes proposée par l’équipe de Jazz à Oloron.
Un bilan contrasté, succès pour les concerts gratuits, fréquentation juste moyenne pour les concerts payants, malgré la valeur du plateau proposé.