Festival Jazz La Rochelle 2021

Texte NN & Vince, photos Philippe Blachier

Samedi 17 octobre 2021

Arhkan : la découverte

Déjà l’avant dernière soirée du festival 2021. La Sirène affiche complet.

Le premier set est l’occasion de découvrir les jeunes pousses du jazz régional. Arhkan est un groupe Aquitain qui a su convaincre le jury du concours Jazz Connexion en 2020, tremplin né de l’association de Cristal Production, La Rochelle Festival Jazz et de Jazz au Phare (Ile de Ré) piloté par Jean-Michel Proust, ce qui a permis à Arhkan de se produire en première partie d’Ibrahim Maalouf au festival de l’ile de ré cette année. Avec cette initiative soutenue par la DRAC et la Région Nouvelle Aquitaine, le label Rochelais Cristal Production, partenaire historique du jazz depuis 25 ans, poursuit ainsi son ambition de faire éclore de nouveaux talents. Un CD promo, un live studio accessible sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=24bspWnhHJU) et une série de dates dans les festivals associés à ce concours ne sont pas sans rappeler le Tremplin Action Jazz auquel Arhkan a participé en septembre 2021, y décrochant le « prix de la découverte ».

Le quintette a la particularité de faire évoluer 2 clarinettes posées sur un trio somme toute classique : claviers, basse électrique, batterie. La singularité ne s’arrête pas là !

Après une longue intro sur laquelle chaque musicien entre tour à tour sur scène. Arkhan livre, avec une belle énergie et une réelle maitrise de leur sujet un premier titre éponyme « Arhkan » dont le thème accroche. C’est une intro nerveuse, les breaks sont incisifs, les idées d’une belle fraicheur, on ne s’ennuie pas un instant. Le son chaud des clarinettes d’habitude vouées au klezmer ou aux sempiternelles reprises de Sydney Bechet ne semblent pas du tout déplacées dans ce propos mélodique et sonore neuf et harmonieux. Au fil des titres de leur premier EP, on découvre leur univers ; sur « Tolaïvu » on retrouve les arpégiateurs des années 80 sur une compo moins rythmée. Suit « Abstract » où l’audace rythmique, sonore et mélodique des ces jeunes étonne. Avec « Raindrop », le tempo de ballade calme un peu le jeu ; balais sur les peaux, son Wurlitzer et walking bass accompagnent clarinette et saxo ténor agrémentés d’effets oniriques. « Along the east » cloture le set ; intro clarinette solo, puis exploration rythmique et soudain le ton monte à tous les niveaux pour finir en explosion sur une ultime montée mélodique. Waou

Les codas sont travaillées. Dès l’intro on cherche la phrase, la structure, l’ouverture, mais surprise… on est embarqué dans une histoire nouvelle où chaque temps étonne, déroute, interpelle… agréablement ! Les compositeurs très inspirés du groupe, Yoann Boucher (clarinette), Marin Michelat (claviers) et Enzo Vincent (basse) nous promettent encore de belles soirées. Antonio Castillo (clarinette et saxophone) et Etienne Payrat (batterie) servent admirablement la créativité de leurs copains.

Le public décoiffé en redemande avec des applaudissements nourris. En rappel, le quintet propose « Paravaï », un tempo funk qui « groove méchant » (comme dit ma voisine) et sur lequel se posent les 2 souffleux, puis, au détour d’un break inattendu tout autre chose, un chorus lyrique sur une rythmique plus électro soutenue par un son basse Moog et des synthés bien gras. Quelle débauche d’effets mais pour quel résultat. Résolument inclassable et innovant, Arhkan, à suivre de très très près….

Pour en savoir plus, scrutez notre site (ou votre Gazette Bleue préférée) dans les prochains jours où nous vous proposerons la chronique du CD Arhkan et une interview du groupe.

 

Robin McKelle « Altérations »

22h00, Robin Mckelle se propulse sur scène avec un trio acoustique. Dayne Reliford (piano, Hammond, Fender), Ameen Saleem (basse) et Adam Jackson (batterie) fournissent un impeccable support à cette diva soul, jazz, blues. En 15 ans de métier et 7 albums, Robin n’a cessé d’explorer ses capacités vocales et ses racines musicales en toute simplicité.

Littéralement « Alteration » en anglais signifie « léger changement, dans l’apparence, le caractère ou la structure de quelque chose ». Robin revisite ici des standards de grandes artistes féminines qui l’ont inspirée, comme Sade, Janis Joplin, Billie Holiday, Dolly parton, Adèle et bien d’autres dont elle épouse le propos. On retrouve ces « standards » dans son dernier où sa voix puissante et chaude nous séduit, du jazz à la soul en passant par le blues, tout lui va bien !

Ces réarrangements de chansons d’artistes féminines, elle les assume, les revendique même, « plus soul, plus jazz, plus moi » nous confie-t-elle dans un français teinté d’accent qui fait tout son charme.

Amy Whinehouse, « Body and soul », « River » de Joni Mitchell, « No ordinary love » de Sade, le célébrissime « Rolling in the deep » d’Adele débutent le show ; petit à petit elle envoute le public. Son trio métronomique made in USA la quitte un instant. Seule au piano elle dévoile sa sensibilité et son toucher de note très sûr.

Son léger voile sur sa tessiture mezzo fait merveille ; comme disait d’elle-même la regrettée Maurane, « elle chante sans Dolby », et cela lui va si bien.

Après un Happy birthday improvisé pour l’anniversaire de son clavier Dayne Reliford, Robin met le feu avec une reprise de Dolly Parton et Mercedes Benz.

Sur scène Robin McKelle prend une autre dimension ; elle donne de la voix, et de son énergie communicative, elle embarque la salle qu’elle fait lever, chanter et danser ! Elle finira le show à l’américaine façon James Brown en enchaînant une série de squats (référence pour les sportifs) pendant plus d’une minute… Adhésion complète du public à cette belle chanteuse rousse et pétillante.

A consulter, l’excellente chronique marcienne d’Annie Robert sur le concert de Robin McKelle à Marciac, le 24 juillet 2021. https://actionjazz.fr/robin-mckelle/