FESTIVAL « JAZZ ET VIN EN DOUBLE » – LA ROCHE-CHALAIS (7ème édition)

Par : Alain Fleche
Photos : Frédéric Boudou (cliquer pour agrandir)

DIMANCHE 23 JUILLET

TIGER ROSE

Duo choc avec MIG aux guitares, LORETTA à la contrebasse

Retour aux fondamentaux : le Blues !
Petit échauffement des doigts et des cordes, vocales comprises, et la niaque est là, le blues aussi ! Beaucoup de compositions personnelles font appel aux plus grands auxquels l’hommage est dédié.
Madame est bien calée contre la grand-mère qu’ elle frappe de slam précis à chaque temps qui en redemandent, à la Willie Dixon ! Elle à découvert les mystères des grands maîtres de l’instrument, et ne lâchera pas le morceau de tout le concert. Sûre de son fait, et de son encombrant mais virevoltant appendice, elle pose sa voix avec une gouaille héritée de ‘Big Mama thornton’, mâtinée de ses suivantes… jusqu’à Janis, avec cœur, âme et larmes de mélancolie, de joie, de douleurs, de passion et de couleurs.
Grosse voix rocailleuse de Migue, bien identifiée au milieu de relents des maîtres du genre, de ‘Howlin’ Wolf’ à ‘RL.Burnside’, dont il reprendra un thème, appuyé sur des accords languissants ou démoniaques, parsemés d’un jeu de notes pour des chorus bien perso. Blues rural et citadin, de la Louisiane à Chicago, pas de frontières, juste le bonheur de vivre les hauts lieux et balises humaines de l’origine de toutes les musiques ‘populaires’ depuis plus d’un siècle. Estampillé XXIème siècle, le diable n’est plus au carrefour des chemins poussiéreux, il bondit sur l’autoroute dans une caisse rutilante, radio rugissante et allure d’enfer pour racoler les âmes perdues qu’il saisit en leur collant à la peau, emplissant leur vacuité et rassurant leur mal être d’une bourrasque qui les entraînent dans le caniveau. Bim Bam.
On se calme. Une 12 cordes et une voix de tête, genre J.B.Lenoir pour un boogie souple, sur les rails qui mènent à l’ouest, soleil couchant et illusions déçues. Reste toujours l’espoir de jours plus grands.
Les 2 voix s’échangent, se parlent, se confondent, râlent, s’aiment, nous racontent : eux, le couple, l’amour et la colère, la tendresse, la vie. Que d’émotions ! On y est là, avec eux, en eux ! y en a pour tous ! Bim !
Boogie obsédant, J.L.Hooker, Harmonica, slide, open tuning, le train roule et déboule, grille des gares, bloque le temps sur d’autres. Voyage de tous les temps, de tout le temps, accroché au tender, on prend l’air du temps, on a le temps… jusqu’à la dernière station…
Yeap Man That’s the Blues, Blues will never die
.



OLD SCHOOL FAMILY

Paul Antoine Roubet : Sax soprano / Arthur Guyard: Claviers / Illyes Ferfera : Sax alto / Jérôme Martineau-Ricotti : Batterie / David Mimet: Sax Ténor / Pierre Latute: Sousaphone / Julien Burros: Sax Baryton / Paul Vernheres / Guitare

Octet funk soudé comme une vraie famille mais qui n’a rien d’un ‘vieux truc’ resucé.C’est du tout neuf, ça brille, ça exulte, ça chauffe, ça vit, ça joue ! 8 bonhommes qui mettent le feu !


Gros son pour un concert de délire contrôlé. Vous avez écouté ‘Edredon Sensible ? Multipliez par 2 ! 9a pète de partout, dans tous les coins, et on en redemande !
Dès le 1er morceau, et pendant un bon moment, l’ombre du génial moustachu (F.Zappa) plane sur ce band de folie, genre « Willie the pimp » qui caracole sur le ‘Grand Wazou’. Funky Jazz rock donc. Rigueur d’interprétation pour des compos au cordeau, changement de rythme à chaque coin de mesure, soli déjantés, et malgré la tornade de sons, tout en finesse.
Un moment de calme pour reprendre la respiration, le soprano se promène, guidé d’ un clavier assagi, et doucement, se lance, monte, monte en tessiture et en énergie jusqu’au paroxysme très jazz style, presque free, pour être rejoint par le band qui repart à la chauffe bouillonnante et joyeuse.
Son du clavier ‘à la’ G.Duke, sur des bouts de thèmes qui s’enchaînent, des tiroirs qui s’ouvrent et se ferment à s’en coincer les pattes. Le ténor prend la main, Rythm & Blues d’origine incontrôlé.. Rythmes cassés, ramassés, en vrac, et tous suivent ! si ! au cordeau qu’on vous dit ! Boulot de dingues pour un résultat multicolore à 1000 facettes, toutes différentes, of course.
Arrangements et harmonisation trifouillés, très. Le baryton explore toute la tessiture de son monstre. Jeu scénique rigolard. Bataille entre soufflants, à qui mieux mieux, que des gagnants. La joie, l’énergie explosent, sans parler de l’humour hilarant du titre des morceaux.
Un hiatus-bonus : « Soft Parade » de J.Beck passé à la moulinette. Miam
Le baryton tricote à cloche pied, mailles avant, arrière, sur les côtés. Feu d’artifice géant. Clavier et guitare à l’harmonie, sousa
phone et baryton assurent le rythme. La batterie fédère l’ensemble.
La guitare s’envole, son cosmique, le babar conduit le vaisseau spatial, guitare qui croise les galaxies, prend de la vitesse, le soprano fait des bulles au milieu de l’ univers, découvre de nouvelles planètes, clavier-contact-radio-bip-bip, soprano aux commandes, bousculé par la famille sax’s… retour sur terre explosif. Ouf.
De plus en plus fort, de plus en plus fou, de plus en plus jazz-funky-junky par duo clavier-soprano aux manettes, bulles de son irisées qui pètent en l’air de rien. Bim boom splash.
En visite : building jeux vidéo à Tokyo. Ca galope à la poursuite de la carotte magique, dans tous les sens, explose en petits bouts, se reforme, différent. S’égare, reprend du souffle, fonce vers nul part, tape du pied, bat des main, maintes et maintes forces. Bouquet final, les points s’affichent, les cadrans ont fondu.
Qui, des musiciens hallucinés ou des auditeurs éberlués, sont les plus épuisés ? Tous sur les genoux, doigts créateurs et oreilles réceptives éclatées. Pas sûr qu’on s’en remette avant de se revoir, un jour, un autre, de folie et de joie pures.

Patrick Ledru à gauche, infatigable organisateur avec OSFF – Merci !